THE SOCIAL NETWORK : Un miracle signé David Fincher

thesocialnetworkafficheN’attendons pas plus longtemps pour le dire, The Social Network est un vrai grand film. Pourtant, qui aurait pu croire qu’on aurait pu tirer un tel moment de bonheur cinématographique d’un telle histoire ? Certes, Facebook est un des phénomènes de société les plus étonnants que l’humanité ait jamais vécu, mais la création d’un site Internet n’est a priori pas le processus le plus passionnant à décrire. Cependant, qu’est ce qui peut se targuer d’avoir connu un tel succès, si rapide, si universel, si envahissant diront certains, à partir de si peu ? Personne à part le bébé de Mark Zuckerberg. Enfin, est-on bien sûr qu’il soit de lui ?

Mark Zuckerberg est le plus jeune milliardaire de l’histoire. Mais il doit faire face à deux procès l’accusant d’avoir volé le travail des autres. Au gré des témoignages, on découvre peu à peu comment un jeune étudiant en informatique de Harvard est devenu une célébrité planétaire.

Dans The Social Network, si le fond est intéressant, la forme est elle extraordinaire. David Fincher signe là une incroyable leçon de narration cinématographique. La dramaturgie, dans le 7ème art, naît bien sûr du scénario lui-même, mais aussi de sa mise en scène et du montage. S’il est impossible de faire passer un mulet pour cheval de course, la magie de la réalisation peut faire un grand film à partir d’éléments dont d’autres n’auraient tiré qu’un sympathique documentaire.

David Fincher utilise pourtant un certains nombres de procédés tout ce qu’il y’a des plus classiques. Raconter une histoire sous forme de flash-backs issus d’interrogatoires n’est pas vraiment une invention à Hollywood, où le film de procès est un exercice parfaitement maîtrisé. Mais si le pinceau est un outil accessible à tous, il n’en reste pas moins qu’il y’a des Picasso et des gens comme moi, qui dessinent comme leur pied gauche. Dans The Social Network, ce n’est pas un, mais deux interrogatoires qui s’entrecroisent. Cela démultiplie les possibilités de nous donner de petits aperçus de ce qui sera raconté dans les minutes qui suivent, tenant ainsi le spectateur dans une haleine permanente. Bref, avant d’aller voir ce film, penser à vous laver les dents.

Mais il n’y a pas que le montage qui nous tient en haleine, il y’a surtout le rythme effréné sur lequel cette histoire est racontée. Et là, je ne parle pas d’une réalisation façon clip vidéo, mais bien d’un récit d’une incroyable intensité. Il n’y aucun délayage, aucune scène superflue, mais une intrigue qui avance avec célérité et surtout brio. Pourtant, le récit est d’une incroyable clarté… si vous savez tout de même un minimum de quoi les personnages parlent. Je connais des personnes très peu familières avec Facebook et les réseaux sociaux en général qui ont été assez subjugués par l’exercice cinématographique, mais sans tout forcément saisir. Car une chose ne peut faire que l’unanimité, la maîtrise totale et absolue de David Fincher dans la construction de son film.

Pourtant, aussi passionnant, prenant, fascinant, enthousiasmant, décoiffant soit-il, il ne recèle évidemment aucune scène d’action en tant que telle. Filmé comme un polar, The Social Network ne voit pourtant jamais pointer la moindre arme à feu. Mais tous les personnages manient une arme bien plus redoutable : des dialogues. Au niveau mots à la minute, ce film possède sûrement un des scores les plus élevés de l’histoire du 7ème art. Ces échanges de répliques valent toutes les fusillades ou les poursuites du monde. Même avec tant de paroles, ce film n’est pas une seule seconde verbeux, ou même bavard, mais tout simplement incroyablement intense et puissant.

thesocialnetworkDernier pilier sur lequel s’appuie l’étonnante réussite de The Social Network, l’interprétation. Car pour débiter autant de dialogues tranchants à la seconde, il faut bien des acteurs capables de les servir avec talent. Le premier d’entre eux est le futur plus jeune Oscar du meilleur acteur de l’histoire, Jesse Eisenberg. Bon, je m’avance peut-être un tantinet, mais je serai quand même prêt à miser quelques euros sur ses chances de remporter la précieuse statuette. Certains trouveront peut-être lassant de récompenser systématiquement des acteurs pour leur talent mimétique, mais il est vrai que la ressemblance avec le vrai Mark Zuckerberg est absolument frappante. Mais surtout, quelle dextérité dans le débit verbal ! Cependant, la performance de Jesse Eisenberg ne se limite pas à une fantastique élocution, mais c’est surtout la profondeur dont il arrive à doter son personnage qui parachève la réussite totale de ce film.

The Social Network est à la fois un récit passionnant sur la naissance de Facebook et un portrait vivant de son créateur. Que le portrait soit fidèle ou pas, peu importe, car ce film nous décrit un personnage incroyablement fascinant et complexe, dont les couches de se personnalité se dévoilent une à une au fur et à mesure de l’avancée du récit. Le film ne nous explique pas simplement comment est né Facebook (c’est qui le rend formidablement prenant), mais aussi pourquoi est né Facebook (ce qui le rend incroyablement intéressant).

Un petit mot pour finir sur les prestations de Adrew Garfield et Justin Timberlake. Il serait dommage qu’ils soient totalement éclipsés par Jesse Eisenberg. La lutte d’influence que mènent leurs deux personnages est un des ressorts principaux de l’intrigue. Et s’il fonctionne aussi bien, c’est que les deux acteurs font preuve d’un talent que l’on avait fait que deviner lors de leurs précédents rôles.

Reste une dernière question en suspens. Pour l’Oscar du meilleur film, Inception ou The Social Network ? Personnellement, je voterai tout de même pour le premier, mais rarement le jury n’aura à choisir entre deux chefs d’œuvre de ce calibre.

Fiche technique :
Production : Columbia pictures, Relativity Media, Michael De Luca, Scott Rudin, Trigger Street
Distribution : Sony Picture Releasing France
Réalisation : David Fincher
Scénario : Aaron Sorkin, d’après le livre de Ben Mezrich
Montage : Kirk Baxter, Angus Wall
Photo : Jeff Cronenweth
Décors : Donald Graham Burt
Musique : Trent Reznor, Atticus Ross
Durée : 121 mn

Casting :
Jesse Eisenberg : Mark Zuckerberg
Rooney Mara : Erica Albright
Andrew Garfield : Eduardo Saverin
Max Minghella : Divya Narendra
Bryan Barker : Billy Olsen
Justin Timberlake : Sean Parker
Joseph Mazzello : Dustin Moskovitz
Armie Hammer : Cameron Winklevoss / Tyler Winklevoss

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