LES PETITS MOUCHOIRS : Guillaume Canet, grand réalisateur, ça se confirme

lespetitsmouchoirsafficheVoir son film déchaîner à la fois l’enthousiasmes et la haine prouve souvent que l’on est l’auteur d’une œuvre de premier plan. L’indifférence est sûrement la plus grande forme de mépris quand on parle d’art. Quand, en plus, on rencontre un très gros succès commercial, on peut se dire que son film va marquer les esprits et animer les débats dans les chaumières. Guillaume Canet peut donc être satisfait de son Les Petits Mouchoirs. Un film qui ne peut pas laisser indifférent. Et de mon point de vue, un très beau film.

Ludo est le boute-en-train d’une bande de copains inséparables, qui s’apprêtent à partir comme chaque année en vacances au Cap-Ferret. Mais à la sortie d’une boîte de nuit, il se fait renverser par un camion sur son scooter. Il se retrouve entre la vie et la mort. Alors forcément, la petite bande est bouleversée. Elle choisit néanmoins de partir tout de même au soleil pour quinze jours. Mais ces vacances ne seront définitivement pas comme les autres.

Les Petits Mouchoirs soit on aime, soit on déteste. Basé sur l’émotion, sur l’attachement aux personnages, sur la manière dont on se reconnaît en eux, il peut facilement se transformer en calvaire pour qui resterait de marbre. Un calvaire de plus de 2h30 qui plus est. Tout peut alors sembler surfait, caricatural, ridicule, bref, pénible. Mais ce film peut être surtout tout son contraire.

Pourtant, le premier tiers du film m’a quelque peu fait peur. En effet, les Petits Mouchoirs peinent un peu à démarrer, après une superbe séquence d’ouverture. C’est à ce moment là où le film aurait pu basculer dans l’ennui profond. Mais heureusement, le scénario va crescendo et une heure plus tard, on a tout oublié des craintes initiales. Ce film est peut-être un peu trop long, mais il fait partie de ceux à qui on le pardonne totalement.

Les Petits Mouchoirs est un film de personnages, de copains, comme le cinéma français en compte tant. Mais celui-là se démarque pas une formidable justesse de ton. Il sait être drôle, comme ne pas l’être du tout. Cet équilibre est essentiel dans la réussite de ce film. On s’amuse, on pleure, on rit… mais on n’est pas non plus dans le pays de Candy. De toute façon pour nous maintenir en émoi pendant deux heures et demi, il fallait tout faire pour éviter la monotonie. On retrouve tous les archétypes d’un tel film : le dragueur, le looser amoureux, le travailleur qui ne décompresse pas, le père de famille qui doute… Mais avec des variantes que je ne dévoilerais pas ici. On n’est peut-être pas tant surpris que ça, mais on est charmé par cette bande à laquelle on aimerait tant faire partie.

Parmi les dénouements qui ont fait débat, les Petits Mouchoirs occupe désormais une bonne place. Too much or not too much, là est la question ! Là, encore, c’est un peu le tout ou rien. Soit vous êtes restés totalement impassibles devant tout le reste du film, alors la fin vous donnera surtout envie de vous mettre deux doigts au fond de la gorge pour vous soulager. Soit vous êtes totalement entrés dans l’histoire et avez adopté les personnages, alors préparez vous à un grand moment d’émotion.

Mais si Les Petits Mouchoirs laisse aussi peu indifférent, c’est surtout que Guillaume Canet nous prouve, après son formidable Ne le dis à Personne, qu’il est un grand réalisateur. Il s’est beaucoup investi dans ce film et cela se sent à chaque seconde. Une œuvre personnelle à laquelle il prête sa caméra élégante et sobre. Une œuvre qui vaut dans tous les cas bien plus de respect qu’il n’en a récolté auprès de certains critiques. Encore une fois, on a le droit de ne pas du tout être bouleversé par ce film, mais on a le droit aussi d’admettre que c’est parce que l’histoire ne nous a pas parlé, n’a rien éveillé en nous, sans remettre en cause ses qualités artistiques objectives.

Guillaume Canet est surtout un merveilleux directeur d’acteurs. De toute façon, faire un film reposant autant sur ses personnages implique de mettre les comédiens au cœur de son projet artistique. Si l’un d’eux n’est pas à la hauteur, c’est son personnage qui perd en crédibilité, tout comme ses relations avec les autres et c’est tout l’ensemble qui se retrouve fragilisé. Dans les Petits Mouchoirs, pas de lézarde dans la pyramide, c’est du solide !

lespetitsmouchoirsLa relation entre Guillaume Canet et François Cluzet fonctionne visiblement parfaitement. Le réalisateur et l’acteur nous avaient enchanté dans Ne le Dis à Personne et ils remettent ça dans les Petits Mouchoirs. François Cluzet est ici tout simplement énorme, apportant à lui seul une large part de l’aspect comique de ce film. Son personnage n’est peut-être pas le plus intéressant en soi, mais il agit comme une sorte de liant qui fait que la recette preparée par le chef Canet est une totale réussite.

Les Petits Mouchoirs marque aussi le retour de Marion Cottillard comme actrice, pour la première fois depuis La Môme. Et oui, dans ce film, elle joue ! Elle ne se contente pas juste d’être Marion Cotillard, ce qui est déjà pas mal soit-dit en passant. Bon, ce n’est pas encore hyper spectaculaire, mais son aura naturelle faisant le reste, sa présence à l’écran illumine le film. Je n’en dirait pas tant de Benoît Magimel… Bon, là, j’avoue c’est un avis assez personnel sur cet acteur avec qui j’ai un peu de mal. Trop froid, trop impersonnel à mon goût. A mon avis, et il est humble, le film aurait gagné à voir Guillaume Canet se mettre lui-même en scène pour se rôle.

Les Petites Mouchoirs est donc pour moi un des meilleurs films français de l’année. C’est une œuvre personnelle qui ne peut qu’enthousiasmer positivement ou négativement. Mais à la fois, n’aimons-nous pas le cinéma pour les enthousiasmes qu’il fait naître en tous. Tous les enthousiasmes.

Fiche technique :
Production : Les productions du Trésor, EuropaCorp, Caneo Films, M6 Films
Distribution : Europacorp distribution
Réalisation : Guillaume Canet
Scénario : Guillaume Canet
Montage : Hervé De Luze
Photo : Christophe Offenstein
Décors : Philippe Chiffre
Durée : 154 mn

Casting :
François Cluzet : Max Cantara
Marion Cotillard : Marie
Benoît Magimel : Vincent Ribaud
Gilles Lellouche : Eric
Jean Dujardin : Ludo
Laurent Lafitte : Antoine
Valérue Bonneton : Véronique Cantara
Pascale Arbillot : Isabelle Ribaud
Anne Marivin : Juliette

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