BANGKOK TATTOO (John Burdett) : Dans la tête d’un inspecteur Thaïlandais

bangkoktattooPolar et exotisme sont deux notions qui vont généralement bien ensemble. Sûrement parce que le dépaysement est propice à faire naître le mystère. Bangkok possède qui plus est une réputation sulfureuse, du fait de l’omniprésence de l’industrie du sexe. Bref, un décor parfait pour un roman noir, comme l’est Bangkok Tattoo.

L’inspecteur Sonchaï Jitpleecheep est un flic à la thaïlandaise. Sa condition de gardien de la paix ne l’empêche nullement de participer activement à la gestion d’un club du quartier chaud de Bangkok, dont les propriétaires sont…sa mère…et son supérieur direct, le colonel Vikorn. Alors quand la prostituée vedette du club est impliquée dans le meurtre d’un agent de la CIA, tous vont être partagés en recherche de la vérité et protection de leurs intérêts personnels.

Bangkok Tattoo est le deuxième d’une série mettant en scène l’inspecteur Sonchaï Jitpleecheep. Il faut dire qu’une grande part de l’intérêt qu’il présente repose sur son personnage principal. L’histoire est racontée à la première personne et le narrateur n’hésite pas à interpeller le lecteur qu’il présume occidental. Ainsi, il nous fait partager des opinions et insiste beaucoup sur les différences culturelles entre nos deux mondes, ironisant souvent sur le comportement des Occidentaux dans son pays. Cela crée une certaine complicité entre le lecteur et le principal protagoniste de cette histoire. C’est surtout à l’origine d’une réelle originalité sur la forme, qui ne constitue pas qu’un gadget, mais apporte un vrai plus.

Parce que pour le reste Bangkok Tattoo reste dans la lignée des bons polars, sans vraiment proposer une intrigue réellement exceptionnelle. J’ai presque même envie de dire que le dénouement ne bouleverse pas vraiment le lecteur. Disons, que l’on ne brûle pas de savoir le pourquoi du comment à chaque page. L’intérêt, encore une fois, est ailleurs. Dans les personnages donc, et dans le portrait qui est fait de la société thaïlandaise en dehors du regard biaisé des touristes. Après, l’intrigue policière apporte un fil rouge narratif qui donne un sens à ce voyage dans les bas-fonds de Bangkok, et même ailleurs dans le pays.

John Burdett est donc un auteur particulièrement intelligent, sachant parfaitement donner une vraie personnalité à ses intrigues et à multiplier les sources d’intérêt pour le lecteur. On peut ajouter à ça une plume très agréable à suivre, sachant parfaitement équilibrer les descriptions, les dialogues et les péripéties. Bref, cela donne envie de découvrir l’ensemble de la série car je suis persuadé que Bangkok recèle bien assez de surprises pour occuper plus d’un roman. Avec l’inspecteur Sonchaï Jitpleecheep, il tient là un personnage que le lecteur a très envie de revoir à l’œuvre.

Bangkok Tattoo ne vous dispensera pas d’acheter un guide touristique si jamais vous veniez à vous rendre en Thaïlande. Mais elle donne envie de réellement connaître cette contrée exotique d’une façon inaccessible pour un touriste. Alors, évidemment, John Burdett est un Anglais qui, même s’il a longtemps vécu en Extrême-Orient, et on peut toujours remettre en cause sa faculté à vraiment nous faire partager un mode de pensée typiquement bouddhique et thaïlandais. Mais bon, encore une fois, il a assez de talent pour qu’on y croit totalement.

Bangkok Tattoo n’est donc pas un grand polar en tant que telle, mais possède une forme et une richesse qui en font une œuvre plaisante à suivre, dépaysante et originale.

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