IL RESTE DU JAMBON ? : En tout cas, il reste du cliché

ilrestedujambonafficheLe thème du couple interculturel est à la mode ces dernières années dans le cinéma français. C’est un sujet récurent dans notre société, il est donc normal que le 7ème art, qui en est un miroir, s’en empare régulièrement. Mais du coup, on est tenté d’établir des comparaisons entre les différents longs métrages. Avec Il Reste du Jambon ?, on pense immédiatement à Mauvaise Foi. Malheureusement, Anne Depetrini n’arrive pas à trouver la même justesse que Roschdy Zem.

Djalil et Justine se rencontrent, s’aiment et finissent par emménager ensemble. L’histoire pourrait être simple et terriblement banale, si l’un n’était pas français d’origine algérienne et l’autre une Française plus « traditionnelle ». Ils semblent se moquer des différences culturelles et religieuses. Mais pour leurs familles respectives, c’est plus difficile à accepter. Ces tensions vont-elles finir par ruiner leur couple ?

Il Reste du Jambon ? souffre d’un gros défaut : ça se veut drôle, mais c’est juste lourdingue. Et on pourra lui trouver toutes les autres qualités du monde, une comédie pas drôle, c’est tout de même relativement rédhibitoire. Il y’a bien quelques moments qui nous arrachent un sourire, voire même quelques vrais éclats de rire. Mais on soulève aussi souvent les sourcils, prenant un air un peu consterné par le spectacle proposé. La courte apparition d’Eric Judor en est le meilleur exemple. Un passage à l’écran qui nous rappelle les pires moments des films avec son compère Ramzy. C’est dire !

Si c’est un peu lourdingue, c’est surtout que l’humour se base quasi uniquement sur l’exploitation de tous les clichés possibles et imaginables à propos de l’islam, des émigrés, de la banlieue… et de la bourgeoisie française. Rire des clichés pour mieux les dénoncer ? Pas vraiment, cela sonne plutôt ici comme un manque criant d’imagination et surtout de subtilité. C’est vraiment sur ce dernier point que la différence est énorme avec Mauvaise Foi. Dans Il Reste du Jambon ?, tout est au premier degré et cela décrédibilise totalement le propos.

ilrestedujambonC’est dommage car il y’a quelques moments tout de même où Il Reste du Jambon ? sonne vraiment juste. Ce sont les moments où il arrête d’essayer d’être drôle, pour prendre un ton plus grave. Oh rien de très sombre, mais juste une farce qui s’efface pour laisser place à un peu plus d’émotion et de sérieux. On voit là que ce film était porteur d’un certain potentiel, malheureusement bien mal exploité.

On reconnaîtra à Anne Depetrini un vrai talent dans la direction d’acteurs. En effet, rarement, pour ne pas dire jamais, Ramzy Bedia n’aura autant ressemblé à un vrai acteur et non un comique cabotin grimaçant et incontrôlable. Non pas qu’il mérite un César pour ce rôle de médecin hospitalier, qui ne fera pas vraiment pâlir George Clooney, mais au moins, il n’en fait jamais trop. A ses côtés, on retrouve la charmante Anne Marivin, qui nous prouve qu’il n’y pas besoin d’avoir le physique d’une bimbo siliconée pour être absolument craquante.

Il Reste du Jambon ? ne brille pas par la forme, très rarement par le fond. Cela fait peu de raison de se réjouir.

Fiche technique :
Production : Les films du Cap, 4 mecs à lunettes production, TF1 Films, Gaumont
Distribution : Gaumont distribution
Réalisation : Anne Depetrini
Scénario : Anne Depetrini, Benjamin Guedj, Ramzy Bedia
Montage : Béatrice Herminie
Photo : Christophe Offenstein
Décors : Johann Georges
Musique : Akhenaton
Durée : 90 mn

Casting :
Ramzy Bedia : Djalil
Anne Marivin : Justine
Marie-France Pisier : Nicole
Mohamed Fellag : Mahmoud
Biyouna : Houria
Jean-Luc Bideau : Charles
Géraldine Nakache : Sophie
Leïla Bekhti : Anissa
Alex Lutz : Benoit

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