AU-DELA : Au 2/3 réussi… mais donc 1/3 raté

audelaafficheAller voir un film de Clint Eastwood, c’est forcément s’attendre à voir un chef d’œuvre, vu la qualité et la densité de sa filmographie. Mais bon, même les meilleurs ont droit à de petits moments de faiblesse. Au-Delà ne sera certainement pas le film que l’on retiendra quand on examinera la carrière de réalisateur de celui qui sera à jamais le Bon.

Trois destins marqués par la mort. Celui de Marie, journaliste vedette de France Télévision, qui y a réchappé de peu pendant ses vacances dans le Sud-Est asiatique lors d’un tsunami. De tellement peu, qu’elle est désormais hantée par la vision qu’elle a eu lorsque les sauveteur la considérait comme cliniquement morte. Celui de George, ancien médium, qui a le don de parler au personnes décédées. Un pouvoir auquel il essaye désespérément d’échapper. Celui de Marcus, jeune garçon qui vient de perdre son frère jumeau et essaye de trouver un moyen de communiquer avec lui.

Au-Delà est donc un film aux trois parties distinctes, même si elles finissent par se rejoindre. Trois histoires ayant le même thème central mais très différentes. Trois histoires surtout diversement réussies. Celle des deux jumeaux est de loin la plus intéressante, la mieux construite et surtout la plus émouvante. Cet intérêt vient très certainement du fait qu’elle est la plus ancrée dans le réel. Elle nous parle de la difficulté du deuil, ce qui peut évidemment concerner n’importe lequel d’entre nous.

L’histoire de George est également une réussite, mais est un peu frustrante. Ce pouvoir que tout le monde prend pour un don, alors que, pour son possesseur, il se révèle être une malédiction constitue une base solide et intéressante pour un propos que l’on aimerait voir développé. Mais Clint Eastwood ne se donne pas le temps de creuser. On retiendra cependant que cette partie du film nous offre une scène réellement extraordinaire, qui nous rappelle d’un coup qui est derrière la caméra. Une scène d’une sensualité ébouriffante autour de l’art culinaire, qui vous donnera faim… et pas que de nourriture.

Et puis, il y a l’histoire de Marie. Bien sûr, on peut trouver agréable qu’un tiers d’un film réalisé par une légende de Hollywood soit interprété par des acteurs francophones s’exprimant dans leur langue maternelle. Mais cela reste malheureusement anecdotique devant le manque d’intérêt de cette partie de l’intrigue. A cela s’ajoute parfois un peu de ridicule, quand Clint nous fait partager la vision de Marie. Représenter l’Au-Delà n’est pas chose aisée, mais s’il existe réellement, j’espère bien qu’il ressemble à autre chose que ce mauvais décor de téléfilm des années 80.

audelaCes trois morceaux convergent vers une fin pas vraiment convaincante. Du coup, on ressort avec un sentiment de déception. On aimerait voir le verre au deux tiers plein, mais malheureusement le gros tiers de vide marque fortement l’esprit du spectateur. Et ce n’est pas les prestations pâlottes de Matt Damon, dont on peut admirer les yeux de chien battu pendant deux heures, et Cécile de France dont le personnage était de toute façon trop inintéressant pour être sauvé, qui arrivent à inverser la tendance. Seuls les deux jumeaux, interprétés par les jeunes Frankie et George McLaren, viennent quelque peu éclairer cette grissaille.

Au-Delà est une œuvre sur un sujet difficile qu’il essaye de traiter par différentes perspectives. L’intention était louable, mais Clint Eastwood n’est pas arrivé à créer une synergie entre elles. Il nous livre donc un film bancal, auquel il n’a pas manqué tant que ça pour être franchement réussi mais qui constitue au final une petite déception.

Fiche technique :
Production : Warner Bros Entertainment, The Kennedy / Marshall company, Malpaso productions, Amblin Entertainment
Distribution : Warner Bros France
Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : Peter Morgan
Montage : Joel Cox, Gary D. Roach
Photo : Tom Stern
Décors : James J. Murakami
Musique : Clint Eastwood
Durée : 128 mn

Casting :
Matt Damon : George Lonegan
Cécile de France : Marie Lelay
Frankie McLaren, George McLaren : Marcus et Jason
Bryce Dallas Howard : Melanie
Jay Mohr : Billy
Thierry Neuvic : Didier
Lyndsey Marshal : Jackie

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