ABIDAL, A TORT OU A RAISON

abidalfrancefootballLe numéro de France Football de ce mardi nous livre une interview d’Eric Abidal, où il revient longuement sur le pathétique feuilleton que nous a offert l’Equipe de France cet été. Les propos tenus par l’arrière gauche de Barcelone sont à la fois consternants et d’une rare pertinence.

Consternants puisque l’on voit qu’une esquisse de mea culpa. Du bout des lèvres, Eric Abidal admet que l’attitude de l’équipe de France n’a pas été celle qu’elle aurait du être. En termes de contrition, on a déjà fait beaucoup mieux. Il y a une sorte de déni qui ressemble fort à du je m’en foutisme et de l’irresponsabilité. On est en droit d’être déçu par un tel discours, qui prouve, encore une fois, que s’excuser et admettre ses erreurs ne sont pas toujours le fort des êtres humains.

Mais avec une recul de six mois, on regarde d’un autre œil les propos tenus ici. Eric Abidal, ni aucun autre joueur de l’Equipe de France n’est un criminel et le traitement médiatique de ces évènements fut complètement disproportionnée. On a parfois nagé en pleine délire, comme lorsque Thierry Henry fut amené directement depuis l’aéroport à l’Elysée. Cela ne constitue en rien une excuse à ce qui a été fait, mais il serait peut-être bon de relativiser.

Et puis, Eric Abidal revient longuement sur la manière pathétique où certains ont absolument voulu désigner des coupables. Et beaucoup parmi eux cherchaient avant tout à fuir leurs propres responsabilités. Si les Bleus ont dépassé tout ce qu’on aurait pu imaginer de pire, ils faut bien avouer qu’ils n’ont fait qu’écraser violemment un avion qui n’avait ni pilote, ni moteur depuis longtemps. Les sanctions prises envers certains joueurs et pas d’autres, leur infligeant un nombre de matchs de suspension déterminée à la tête du client, ne constituent pas vraiment un modèle de justice équitable.

Enfin, l’ancien Lyonnais rappelle avec force un fait sur lequel le silence est assourdissant. Tout le cirque médiatique est née d’une une du journal L’Equipe rapportant les propos de Nicolas Anelka… qui ne sont pas ceux que l’attaquant de Chelsea a tenu. On peut considérer que ce n’est qu’un point de détail, mais les mots réellement prononcés ont quand même un caractère moins insultants que ceux affichés en pleine page par le seul grand quotidien sportif français… dont on attend toujours le mea culpa. L’attitude de la rédaction du journal est dans ce dossier totalement inadmissible et ne peut qu’entretenir un sentiment d’injustice chez les joueurs de l’Equipe de France.

Eric Abidal a donc l’impression que les joueurs de l’Equipe de France ont payé pour d’autres. Mais ne pas être les seuls coupables ne retire rien à leur culpabilité. Cependant, la récente sortie pitoyable de la nouvelle ministre des sports, Chantal Jouanno, prouve bien qu’en termes de bêtise pure, les footballers font face à une rude concurrence.

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