BLACK SWAN : Requiem for a swan

blackswanafficheS’il y a bien un art auquel je suis totalement hermétique, c’est bien la danse classique. Et encore, c’est pour ne pas parler d’allergie totale. Alors évidemment, un film dont le personnage principal est une danseuse étoile n’était pas forcément le plus attirant pour moi. Mais quand un long métrage, réalisé par Daren Aronofsky, l’auteur de Requiem for a Dream et The Wrestler, reçoit autant d’éloges médiatiques, on y réfléchit à deux fois et on finit par se rendre dans une salle obscure.

Nina, membre du New York City Ballet, rêve d’obtenir enfin le rôle principal du Lac des Cygnes. Mais la concurrence est rude. Et même si elle choisit, elle n’est pas à l’abri d’un revirement de Thomas, qui dirige la troupe d’une manière parfois ambiguë. Jusqu’où est-elle prête à aller pour épouser son rôle ?

Black Swan débute par une séquence de danse absolument sublime. Vu mon habituel absence total d’enthousiasme pour ce genre d’exercice, je me suis vraiment dit que j’étais parti pour 1h43 de pur génie. Je me suis surtout dit que ce n’était décidément pas n’importe qui de l’autre côté de la caméra et que j’avais vraiment bien fait de venir.

La suite de Black Swan n’est pas tout à fait à la hauteur. La plongée de Nina vers une forme de folie ressemble quand même comme deux gouttes d’eau au parcours des personnages de Requiem for a Dream. Alors bien sûr, si vous n’avez pas vu ce dernier, cela ne vous gênera pas. Mais les autres auront un peu l’impression d’assister à un « best of » Daren Aronofsky… enfin best of, c’est vite dit, car la chute est ici moins vertigineuse.

On retrouve ainsi cette impression d’oppression, cette angoisse communicative, que Daren Aronofsky sait si bien créer, mais de manière moins spectaculaire que précédemment. On retrouve les obsessions qui peuplent sa filmographie : la drogue, le sexe, la mutilation. Un caméra qui nous plonge dans des délires hallucinatoires, mais avec infiniment plus d’élégance que chez un Gaspar Noé par exemple. Cependant, dans Black Swan, c’est pour le meilleur, parfois pour le plus médiocre. Bon encore une fois, c’est un jugement tout relatif… mais enfin quel jugement ne l’est pas.

Puis, on arrive à la séquence finale. Black Swan prend alors une toute autre dimension. Il s’agit là d’un grand, d’un très grand moment de cinéma. Quelque part, les faiblesses de ce qui a précédé ne comptent plus vraiment, car il n’existait que pour nous amener là, au bord d’une abîme où Nina plongera d’une manière sublimement onirique. Vingt minutes d’une force esthétique rare où l’expression du corps et du regard vaut tous les dialogues du monde.

blackswanBlack Swan constitue surtout une vraie révélation relativement inattendue. Celle de Natalie Portman comme une très grande actrice, dans un rôle incroyablement difficile, à des années-lumières de ceux qui lui avaient précédemment proposés. Mais elle s’y abandonne corps et âmes pour une interprétation qui vaut largement l’Oscar qui lui est promis. Une performance artistique mais aussi physique. Elle nous fait vivre la douleur, les douleurs ressenties par son personnage avec une force et une intensité rares. Une nouvelle preuve que c’est en poussant les acteurs dans leurs retranchements les plus profonds que naissent les numéros d’acteurs inoubliables.

A ses côtés, Vincent Cassel confirme sa stature d’acteur international. Ce n’est peut-être pas ici son plus grand rôle, mais il y semble totalement à l’aise. La bonne surprise de Black Swan s’appelle Mila Kunis, parfaite dans le rôle de la rivale principale de Nina. Ah, on est loin de ses débuts à 13 ans, dans un épisode de Walker Texas Ranger.

Enfin, on retiendra de Black Swan, une magnifique bande-son. Il faut dire que quand le principal compositeur s’appelle Tchaïkovsky, tout devient tout de suite plus facile. Des extraits du Lac des Cygnes sont incorporés dans des compositions plus modernes, même si les plus beaux moments restent ceux où l’œuvre originale sert de fond à une mise en image sublime des scènes de ballet.

Black Swan est donc un film sublime par instants, mais qui recèle aussi quelques passages où Daren Aronofsky fait preuve d’une certaine paresse. Mais on retiendra avant tout vingt minutes magnifiques et une Natalie Portman étonnante.

Fiche technique :
Production : Fox Searchlight Pictures, Protozoa, Phoenix pictures, Cross Creek
Distribution : 20th Century Fox France
Réalisation : Darren Aronofsky
Scénario : Mark Heyman, Andres Heinz
Montage : Andrew Weisblum
Photo : Matthew Libatique
Décors : Thérèse DePrez
Musique : Clint Mansell
Durée : 103 mn

Casting :
Natalie Portman : Nina
Mila Kunis : Lilly
Winona Ryder : Beth MacIntyre
Vincent Cassel : Thomas Leroy
Toby Hemingway : Rom
Barbara Hershey : Erica

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