QUI A ENVIE D’ETRE AIME ? : Sujet à peine effleuré

quiveutetreaimeafficheIl paraît que depuis le succès, plus que mérité, de Des Hommes et des Dieux, le nombre de vocations auraient augmenté. Peut-être que les églises se rempliront également après que les foules se soient pressées pour voir Qui a Envie d’Etre Aimé ?. Sauf que le film est sorti dans un relatif anonymat et ne représente pas une très grande réussite.

Antoine, suite à une rencontre avec le professeur principal de son fils, est invité à assister à une catéchèse. Il s’y rend par politesse, comme il dit, n’était ni croyant et encore moins pratiquant. Mais un grand intérêt commence à naître après cette première séance. Il décide à continuer à s’y rendre, mais face aux moqueries de son entourage, et notamment de sa femme, il s’y rend en cachette. Ce parcours lui permettra-t-il de résoudre ses problèmes de communication qu’il connaît avec sa femme, son fils, son frère, son père ?

Le plus gros défaut de Qui a Envie d’Etre Aimé ? est qu’il met en parallèle deux éléments sans vraiment nous expliquer quels sont les liens entre les deux. Du coup, on ne croit ni à l’un, ni à l’autre. Sa curiosité croissante pour la religion catholique, pourquoi pas. Cependant, on n’arrive pas à sentir vraiment pourquoi Antoine trouve dans la catéchèse un réconfort, quand d’autres participants annoncent à la fin qu’ils n’y ont rien trouvé. Ce film n’a rien de mystique, mais du coup, il ne fait qu’effleurer ce qui peut pousser un homme à se mettre à pratiquer à près de 40 ans. On reste à la surface des choses et c’est regrettable. Peut-être que Anne Giafferi n’a pas voulu effrayer les plus rétifs à la religion et sa pratique, mais son film n’y gagne rien, et surtout pas en crédibilité.

Pareillement, si les soucis de communication avec les autres membres de sa famille sont décrits avec minutie, on ne sais pas comment il arrive à les résoudre et même s’il les résout vraiment d’ailleurs. Certes, Qui a Envie d’Etre Aimé ? se termine par des grandes embrassades avec son fils et sa femme, sans vraiment comprendre ce qui a changé depuis hier. On est censé faire un lien avec le processus de la catéchèse, mais on ne voit pas bien le rapport puisque l’on ne comprend pas bien quel impact ça a réellement sur lui.

Qui a Envie d’Etre Aimé ? est un film qui n’a pas osé être plus ambitieux et qui du coup passe à côté de son sujet. Les risques étaient effectivement grands de sombrer dans ridicule. Mais à ne pas vouloir en faire trop, on n’en fait pas assez et le propos perd une bonne part de son intérêt. Parler d’un malaise du quotidien avec des personnages que l’on pourraient connaître, qui pourraient être nous, demande d’aller beaucoup plus loin que le fait Anne Giafferi ici.

quiveutetreaimeQui a Envie d’Etre Aimé ? n’est ni vraiment drôle, ni caustique, ni profond, ni réellement émouvant. Il cherche à ménager la chèvre et le chou et ne trouve jamais un ton qui aurait peut-être été moins juste, mais aurait présenter beaucoup plus d’intérêt. Il y a zéro prise de risque dans ce scénario qui parle pourtant d’un sujet pas franchement sexy. On n’en ressort absolument pas bousculé dans nos convictions qu’elles soient religieuses ou même tout simplement sur notre capacité à réellement communiquer avec les autres.

L’échec de Qui a Envie d’Etre Aimé ? n’est pourtant en rien la faute de la distribution. Eric Caravaca confirme ici son statut de valeur montante du cinéma hexagonale. On appréciera d’autre part les rôles quelques peu à contre-emploi de Philippe Dusquene, ancien Deschiens, et Jean-Luc Bideau, que l’on est heureux de voir dans des rôles plus sérieux et graves qu’à leur habitude. Enfin, on saluera l’apparition de Benjamin Biolay, en frangin vraiment, mais alors vraiment détestable.

Qui a Envie d’Etre Aimé ? est donc un film qui ne fait qu’effleurer un sujet qui aurait du l’emmener beaucoup plus profondément.

Fiche technique :
Réalisateur : Anne Giafferi
Scénario : Anne Giafferi, d’après le roman Catholique anonyme de Thierry Bizot
Photographie : Jean-François Hensgens
Musique : Jean-Michel Bernard
Son : Benjamin Jaussaud, Olivier Laurent et Christophe Vingtrinier
Décors : Sylvie Olivé
Costumes : Elisabeth Rousseau
Montage : Christophe Pinel
Création de l’affiche originale (France) : Jean-Jacques Sempé
Production : Thierry Bizot, Emmanuel Chain et Guillaume Renouil

Casting :
Eric Caravaca : Antoine
Arly Jover : Claire
Valérie Bonneton : Hortense
Jean-Luc Bideau : le père d’Antoine
Benjamin Biolay : Alain (le frère d’Antoine)
Philippe Duquesne : le prêtre
Quentin Grosset : Arthur
Arauna Bernheim-Dennery : Emilie
Agnès Sourdillon : Solange
Guillaume de Tonquédec : le bon élève
Joséphine Fresson : la femme catholique
Jean-Pol Brissart : le mari catholique
Amandine Dewasmes : la caissière

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