LIVE AT SHEA STADIUM (The Clash) : L’énergie en plus, l’émotion en moins

liveatsheastadiumtheclashBeaucoup de groupes prennent toute leur dimension sur scène. La musique se vit tellement plus intensément en live que derrière une platine. L’énergie transmise est alors décuplée et compense bien des défauts ou limites artistiques. Mais parfois, c’est l’inverse qui se produit. C’est le mixage en studio qui masque certaines faiblesses notamment vocales. Quiconque à déjà entendu Offspring en concert notamment saura à quel point on peut chanter faux et être une star internationale. A l’écoute de Live At Shea Stadium, on ne sait plus trop dans quelle catégorie se situe The Clash.

J’ai fréquenté plusieurs fois les concerts des Wampas pour savoir que dans un concert punk, on se laisse porter par l’énergie et on saute partout en même temps que tout le monde. Peu importent les mélodies, peu importent les paroles, seul importe l’enthousiasme communicatif du groupe sur scène. Alors on peut imaginer qu’assister à un concert du plus grand groupe punk de l’histoire devait constituer une expérience unique et sûrement pas décevante, avec une réelle communion entre The Clash et son public.

Mais voilà, dans Live At Shea Stadium, on aimerait bien entendre un peu ce dernier. La plus grande faiblesse de cet album, c’est la qualité de l’enregistrement. On a parfois l’impression que The Clash joue devant un grand espace vite ou bien un public totalement silencieux, et on peut facilement imaginer que ce n’était pas le cas. Certes, quelques fois, on devinerait presque sa présence sur les titres les plus connus notamment, en particulier Should I Stay or Should I go, mais on n’a pas du tout l’impression d’être plongé au cœur du concert.

Du coup, Live At Shea Stadium nous fait écouter les titres de The Clash en version live, mais sans l’émotion qui colle à ce genre d’enregistrement. On retient donc surtout la voix qui parfois déraille et les mélodies jouées avec plus d’enthousiasme que de maîtrise. Le résultat est naturellement beaucoup moins bon qu’une version studio et rien ne vient vraiment rattraper le coup. En plus, les titres sont rarement très différents des versions que l’on connaît habituellement. Pas de solos plus longs ou de reprises sur un ton vraiment différent. Il n’y a que le découpage de The Magnificent Seven en deux parties, entrecoupées par Armagideon Time, qui modifie radicalement (et encore) la structure d’un de leurs titres.

Il est vraiment dommage qu’un tel groupe de légende ait eu droit à un enregistrement d’une qualité aussi médiocre. Sa sortie tardive, en 2008 alors que le concert a eu lieu en 1982, montre bien que les producteurs de l’époque ne l’avaient pas jugé digne d’en faire un album. Ce n’est toujours pas le cas 26 ans plus tard, mais cela viendra très certainement arrondir les fins de mois des membres du groupe. Comme quoi, même le punk peut être victime des dérives du marketing.

Néanmoins, abstraction faite de la médiocrité de l’enregistrement, Live At Shea Stadium nous permet de retrouver tout ce qui a fait la légende de The Clash. De superbes moments de musique punk avec les célèbres London Calling, Rock in the Casbah ou évidemment Shoud I Stay or Should I Go. Mais, ce groupe s’est aussi démarqué par un univers musical qui a souvent débordé de ses frontières initiales, avec notamment quelques titres qui mélangent avec bonheur reggae et rock.

Live At Shea Stadium ravira peut-être tous ceux qui ont assez d’imagination pour compenser la médiocrité de l’enregistrement. Pour les autres, surtout ceux comme moi qui n’auront jamais la chance de les voir en concert, il en résulte surtout une grande frustration.

Avant de se quitter, regardons d’un peu plus près les titres que l’on trouve sur cet album.

1.: Kosmo Vinyl (introduction)
Le groupe est introduit.

2.: London Calling
Un immense classique. Un des rares titres où on apprécie vraiment la version live.

3.: Police On My Back
Le groupe joue un peu plus avec le public, mais on sent malheureusement trop peu son enthousiasme.

4.: Guns Of Brixton
Un morceau plus mélodique, même si ça reste du punk. Le chanteur a parfois la voix qui déraille un peu.

5.: Tommy Gun
Le mixage entre voix et instrumentation n’est pas vraiment une réussite, même si l’énergie déployée compense partiellement.

6.: Magnificent Seven
Une version qui sonne assez différemment de la version studio. Plus énergique, plus brute, moins élaborée.

7.: Armagideon Time
Un reggae révélateur de l’élargissement de l’univers musical de The Clash au cours de leur carrière.

8.: Magnificent Seven (return)
Retour très énergique de ce titre.

9.: Rock The Casbah
Un classique où on regrette vraiment de ne pas entendre le public.

10.: Train In Vain
Assez proche de la version studio. Vue la piètre qualité de l’enregistrement, c’est plutôt une bonne nouvelle.

11.: Career Opportunities
Du punk pur et dur. Et c’est bon !

12.: Spanish Bombs
Un autre titre où le mixage entre voix et instrumentation est très approximatif.

13.: Clampdown
Une version live qui ne révolutionne vraiment pas ce titre.

14.: English Civil War
Le groupe joue enfin vraiment le public… Du Bruel avant l’heure !

15.: Should I Stay Or Should I Go
Le plus grand classique du groupe. On sent le public vraiment vibrer… mais de trop loin pour vraiment l’apprécier.

16.: I Fought The Law
Un bon morceau punk énergique pour finir.

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