JEWISH CONNECTION : De l’ecstasy sous la kippa

jewishconnectionafficheIl y a eu la French, voici la Jewish Connection. Vous allez me dire, c’est un peu facile comme entrée en matière. Cependant, je ne fais pas mieux que les distributeurs de ce film en France. En effet, son titre original est Holly Rollers. Magie de la traduction… On peut facilement imaginer que leur but était de faire le lien avec le film de William Friedkin. Il est vrai qu’il y a quelques similitudes…

Sam Gold est un jeune juif orthodoxe que sa modeste famille destine à devenir rabbin et cherche à marier. Il se plie à leur volonté sans enthousiasme. Alors quand son voisin Yosef cherche à l’embaucher dans ce qui lui décrit comme de la simple contrebande de médicaments, il se laisse vite convaincre. Il s’agit en fait d’un large trafic d’ecstasy, qui voyage d’Amsterdam à New York. Très vite Sam va commencer à apprécier cette existence tellement différente et tellement plus pleine de liberté.

Jewish Connection a été écrit à partir de faits réels. Il nous décrit donc avec réalisme le milieu assez fermé de la communauté juive orthodoxe de New York. C’est d’ailleurs ici le principal sujet du film, le milieu des trafiquants étant décrits plus succinctement et sans aller au-delà des clichés habituels. Tout repose sur l’écartèlement de Sam entre une vie oppressante et une existence plus exaltante mais qui le coupe de sa famille et des valeurs dans lequel il a toujours grandi. A côté de ça, pas de fusillades ou de poursuites spectaculaires.

On est donc dans le domaine du polar, mais Jewish Connection est au moins tout autant un portrait. Mais aucun des deux aspects n’est creusé autant qu’il l’aurait mérité. Il aurait peut-être fallu déséquilibrer l’intrigue au profit de l’un d’entre eux pour en renforcer l’intérêt. Le milieu de la drogue tel qu’il est décrit ressemble à ce que l’on voit dans nombre de films du genre. Les truands sortent en boîte, les truands d’une communauté négocient avec ceux de l’autre communauté, les truands inventent des stratagèmes pour faire passer la drogue en douce. Bref que du classique.

C’est donc réellement dans le portrait de la communauté juive qu’il faut chercher un éclair d’originalité. Cela donne un côté un peu « dépaysant » à Jewish Connection. Le film aurait pu être bien meilleur si cet aspect avait été encore plus privilégié. Il aurait alors fallu veiller à ne pas tomber non plus dans le film sociologique descriptif à l’intrigue minimaliste. Mais encore une fois, le film aurait gagné à un équilibre un peu différent.

jewishconnectionJewish Connection, c’est aussi l’occasion de retrouver Jesse Eisenberg, l’acteur principal de The Social Network. Il tient là un rôle fort différent, même si on y retrouve son côté introverti et pas très causant… sauf quand il parle de ce qui le passionne. Ce coup-ci, ce n’est pas l’informatique, mais les chiffres et les négociations commerciales. Le film repose en grande partie sur ses épaules et s’il ne s’en sort pas trop mal, on est loin de la performance oscarisable.

Jewish Connection est au final un bon film, mais qui aurait sûrement pu être très bon. Sans doute, Kevin Asch aurait du pour cela romancer beaucoup plus cette histoire vraie. Mais pour un premier film, il signe là une œuvre propre et non dénuée d’une certaine élégance dans la réalisation. Un film intéressant, à défaut d’être passionnant. Un film qui parle avant tout de ses personnages et de leur milieu, avant de chercher le spectaculaire et l’action. Une intention louable, mais qui souffre d’une certaine retenue.

Jewish Connection n’est donc pas un film indispensable. Mais un bon film tout de même qui nous fait découvrir un milieu objet de bien des fantasmes.

Fiche technique :
Réalisateur : Kevin Asch
Scénariste : Antonio Macia
Chef décorateur Tommaso Ortino
Costumier : Jacki Roach
Coiffeuse : Laynea Roberts
Maquilleuse : Brenda Bush
Musiques additionnelles (compositeur) : André Anjos
Directeur de la photographie : Ben Kutchins

Casting :
Jesse Eisenberg : Sam Gold
Justin Bartha : Yosef Zimmerman
Ari Graynor : Rachel Apfel
Danny A. Abeckaser : Jackie Solomon
Q-Tip : Ephraim
Mark Ivanir : Mendel Gold
Elizabeth Marvel : Elka Gold
Jason Fuchs : Leon Zimmerman
Hallie Kate Eisenberg : Ruth Gold
Bern Cohen : Rebbe Horowitz

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