TRUE GRIT : La vengeance est un plat qui se mange à l’Ouest

truegritafficheLes frères Coen font partie des réalisateurs que, n’ayons pas peur des mots, j’idolâtre. Je n’ai pas jamais fait le compte, mais ils font partie des cinéastes les plus représentés dans ma liste de films culte que vous pouvez retrouver sur ce site… avec Tim Burton, Stanley Kubrick, Steven Spielberg ou encore Quentin Tarantino. Une de leur grande force réside dans leur capacité à sauter d’un genre cinématographique à l’autre, avec le même bonheur, la même imagination, la même créativité. Il en manquait encore un à leur tableau de chasse, le western. C’est désormais chose faite avec True Grit.

Mattie Ross n’a que quatorze ans, mais sait déjà ce qu’elle veut. Elle est capable de négocier et tenir tête à n’importe quel adulte dans cet Ouest pourtant sauvage. Et ce qu’elle veut vraiment, c’est venger la mort de son père en capturant son meurtrier. Pour cela, elle va embaucher le marshall Rooster Cogburn. L’homme, plus très jeune et plutôt porté sur la boisson, accepte la mission. Lorsqu’elle lui annonce qu’elle va l’accompagner, il refuse. Mais on ne peut rien refuser longtemps à Mattie Ross.

True Grit est sans doute objectivement le meilleur western depuis Impitoyable. Tout y est parfait, à la hauteur du talent des frères Coen. Photographie sublime, personnages originaux et séduisants, sans être une seule seconde lisses, pointe d’ironie très appréciable et un vrai souffle d’aventures. Bref, un film qui refait vivre la légende de l’Ouest, comme à ses plus beaux jours.

Ce film est tellement parfait dans sa forme qu’il est même difficile d’en parler longuement. Mais justement, le seul défaut de True Grit est sans doute sa perfection. On peut trouver que je coupe les cheveux en quatre, mais ce film ne m’a pas enthousiasmé. Rien à voir avec l’état dans lequel je me trouvais à la sortie de The Big Lebowski, Fargo, Intolérable Cruauté ou No Country for Old Men. J’aurais bien du mal à dire clairement pourquoi. Simplement, j’ai parfois eu la sensation d’être devant un impressionnant exercice de style, mais qui ne m’a jamais vraiment surpris ou ému. L’admiration, même la plus profonde, ne suffit pas toujours.

Par contre, avec le recul, je tiens à exprimer mon désaccord avec beaucoup des commentaires que j’ai pu lire avant d’aller voir True Grit, comme quoi les frères Coen réinventait le western. Il ne réinvente rien du tout. Si un film peut se targuer d’une telle performance, c’est Impitoyable. Depuis, le cinéma hollywoodien a repris goût, certes modestement, à ce genre trop longtemps oublié. Open Range, Appaloosa, 3h10 pour Yuma, autant d’excellents films qui n’aurait sûrement pas vu le jour sans le chef d’œuvre de Clint Eastwood. True Grit vient se rajouter à cette liste, sans marquer spécialement un tournant particulier.

Ceci n’est évidemment pas un reproche envers le film en lui-même, qui reste magnifiquement réalisé. True Grit constitue un futur classique à n’en pas douter, même s’il est toujours difficile de savoir ce que le postérité retiendra. Et classique est bien un des mots qui caractérise le plus ce film. La patte des frères Coen est nettement moins présente que dans la plupart de leurs réalisations, si ce n’est cette formidable faculté à diriger les acteurs.

truegritLes retrouvailles entre les frères Coen et Jeff Bridges sont un vrai régal. Ce dernier est juste parfait en vieux baroudeur de l’Ouest. D’ailleurs, il devient l’acteur à embaucher pour jouer les vieux baroudeur, tant il est comme le bon vin et se bonifie avec l’âge. Avec son physique qui sent l’Amérique profond par tous les pores, il incarne son personnage d’une manière remarquable. A ses côtés, Matt Damon est un peu plus pâle. Certes, ce n’a jamais été de toute façon l’acteur le plus expressif d’Hollywood, mais on l’a connu un peu plus charismatique. Mais bon, tout cela reste relatif. Enfin on saluera la performance de la jeune Hailee Steinfeld qui tient tête avec un aplomb incroyable à ses deux aînés. Son personnage a un cran phénoménale (c’est le sens du mot anglais, grit), son interprète en a aussi visiblement à revendre.

J’avais vraiment espérer que True Grit soit le premier film cinq étoiles de l’année, que grâce à lui, enfin en 2011, je sorte du ciné avec l’envie de sauter partout (rassurez-vous, je ne le fais jamais vraiment pour de vrai, même quand j’en ai très envie). Ce ne sera encore pas pour cette fois. Cependant, ce film est certainement le meilleur qui soit sorti cette année (même si l’Académie des Oscars lui a préféré le Discours d’un Roi).

Fiche technique :
Production : Paramount Pictures, Skydance Prods,Scott Rudin Productions, Mike Zoss Productions
Distribution : Paramount Pictures France
Réalisation : Ethan & Joel Coen
Scénario : Ethan & Joel Coen, d’après l’oeuvre de Charles Portis
Montage : Ethan Coen
Photo : Roger Deakins
Décors : Jess Gonchor, Nancy Haigh
Musique : Carter Burwell
Directeur artistique : Stefan Dechant, Christina Ann Wilson
Durée : 125 mn

Casting :
Jeff Bridges : Rooster Cogburn
Matt Damon : Laboeuf
Josh Brolin : Tom Chaney
Barry Pepper : Ned Pepper
Hailee Steinfeld : Mattie Ross
Dakin Matthews : Colonel Stonehill

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