AVANT L’AUBE : Entre noir et blanc

avantlaubeafficheLa neige est blanche, mais constitue un décor parfait pour les films noirs. Il y a le polar nordique, mais aussi le polar de montagne. Le cinéma français nous a déjà offert cette année, Poupoupidou, mais avec un ton résolument décalé et original. Retour à une ambiance plus classique, mais aussi plus sombre, avec Avant l’Aube. Mais si le premier nous avait très agréablement surpris, le second déçoit, malgré d’incontestables qualités.

Le jeune Frédéric est en stage dans un hôtel des Pyrénées. Il n’est pas très bavard et sort de quelques mois de prison pour coups et blessures. Un soir, il indique son chemin à un client, qui est déclaré disparu quelques jours plus tard. Le même soir, il surprend son patron et son fils rentrant à l’hôtel après ce qui semble être un accident de voiture. Le patron prend alors Jérémy sous son aile, lui témoignant une étonnante affection. Mais à quel point est-elle sincère ? N’est-elle pas juste un moyen de s’assurer que certains secrets restent bien gardés ?

Le fil rouge principal de Avant l’Aube est avant tout la relation entre Frédéric et son patron. Une amitié ambiguë et qui donne un caractère malsain à ce qui pourrait être une sorte de conte de fées social. Le tout est traité avec beaucoup d’intelligence et de subtilité et aurait pu à faire de ce film une vraie réussite. Mais cet aspect est insuffisant pour porter le film à lui tout seul. Il a du être enrobé d’éléments nettement moins intéressants.

L’aspect polar classique déjà. Ce n’est vraiment pas la préoccupation première de Rapahel Jacoulot. Si les évènements déclencheurs ne nous sont pas montrés explicitement, aucun suspense n’est maintenu à propos de ce qui s’est réellement passé. Du coup, on guette quand même du coin de l’œil le retournement de situation qui nous ferait comprendre que l’on a été mené en bateau. Il n’en est rien. Encore une fois, l’intérêt de Avant l’Aube est ailleurs, mais dans ce cas pourquoi abuser ainsi des ellipses qui donnent l’impression qu’on nous cache quelque chose, alors qu’ au final, on ne nous cache strictement rien ? Le film aurait fortement gagné en intérêt si, à l’ambiguïté des rapports entre les personnages, s’ajoutait un vrai suspense.

Avant l’Aube souffre également d’un manque d’intérêt des relations des protagonistes principaux avec les personnages secondaires. Le patron et son fils d’un côté, Jérémy et sa petite amie de l’autre. Certes, ces rapports sont là pour illustrer l’évolution de la relation entre l’employé et son patron et ses conséquences. Mais on ne s’attache pas à ces personnages franchement antipathique pour l’un et relativement transparent pour l’autre, alors qu’ils occupent une place importante dans le scénario.

avantlaubePar contre, Avant l’Aube compte un protagoniste secondaire fort réussi en la personne de l’inspectrice de police qui vient mettre son nez là où les autres préfèreraient qu’elle s’abstienne. Malheureusement, comme l’aspect « polar » passe quelque peu au second plan, elle ne prend pas toute la place qu’elle aurait mérité. C’est dommage car voir Sylvie Testud à l’écran est toujours un régal.

Jean-Pierre Bacri tient là un rôle quelque peu à contre-emploi, mais s’en sort avec son habituel talent. Bien sûr, il interprète à nouveau un personnage quelque peu bougon et taciturne, mais dans un contexte, assez sombre, dans lequel on n’a nettement moins l’habitude de le voir évoluer. Il n’est pas là pour créer un effet comique, mais au contraire pour inquiéter et entretenir l’ambiguïté qui émane de la sympathie qu’il témoigne au jeune garçon. Ce dernier est interprété par Vincent Rottiers, un solide espoir du cinéma français, qui signe là une prestation correcte, sans être exceptionnelle.

Avant l’Aube est donc un film inégal. Si le corps du film aurait pu lui permettre d’être un excellent film noir, les à côté souffrent d’un manque d’intérêt trop flagrant pour que le tout soit réellement enthousiasmant.

Fiche technique :
Réalisation : Raphaël Jacoulot
Scénario : Lise Macheboeuf et Raphaël Jacoulot
Production : Dominique Besnehard, Michel Feller
Coproducteur : Nicolas Steil
Image : Benoit Chamaillard (AFC)
Décors : Denis Renault (ADC)
Costumes : Judy Shrewsbury
Maquillage : Fabienne Adam
Coiffure : Céline Van Heddegem
Montage : Mirjam Strugalla
Son : Carlo Thoss, Pia Dumont, Michel Schillings
Musique originale : André Dziezuk
Casting : Christel Baras (ARDA)
1ère assistante réalisateur : Delphine Daull

Casting :
Jean-Pierre Bacri :Jacques Couvreur
Vincent Rottiers :Frédéric Boissier
Ludmila Mikaël : Michèle Couvreur
Sylvie Testud: Sylvie Poncet
Céline Sallette: Julie
Xavier Robic : Paul Couvreur
India Hair : Maud
Pierre-Felix Gravière : Olivier
Marc Brunet: Barthod

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *