127 HEURES : Danny Boyle reste au sommet en nous emmenant au fond du trou

127heuresafficheDanny Boyle avait connu la consécration en 2008 en raflant pas moins de 8 Oscars avec son Slumdog millionnaire (dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur). Il fait désormais parti des cinéastes qui comptent et dont chaque nouvelle œuvre sera attendue et disséquée par tous les cinéphiles. Le revoilà donc avec 127 heures, tiré d’une histoire vraie et qui lui a valu une nouvelle nomination pour l’Oscar du meilleur film. Il ne l’a pas remporté et c’est logique, malgré beaucoup de qualités. Car on compte aussi quelques défauts.

Aron Ralston est un randonneur invétéré, un peu barré et qui a surtout la fâcheuse habitude de partir sans dire à personne où il va. Cela contribue certainement à son sentiment de liberté, mais un beau jour, cela n’a pas été sans lui poser problème. Le jour où il s’est retrouvé au fond d’une crevasse, le bras coincé pas un bloc de pierre, sans moyen de se libérer, ni d’appeler du secours.

Le 7ème art nous avait déjà offert l’année dernière un beau moment de claustrophobie avec Buried, où un homme passait 1h30 enfermé dans un cercueil. Cette fois-l’espace est un peu plus large, mais à peine. Le défi reste cependant le même : comment raconter une histoire maintenant l’intérêt du spectateur de bout en bout sans que le personnage principal ne puisse se déplacer ? Mais voilà un challenge qui n’allait pas faire peur à un cinéaste aussi doué que Danny Boyle.

127 heures nous permet de retrouver toutes les facettes du talent du réalisateur britannique : tout d’abord un sens esthétique évident. Il fait partie avec Daren Aronofsky ou Gaspard Noe de ceux sachant le mieux exprimer des sentiments en jouant sur les couleurs, l’éclairage ou les angles de caméra les plus improbables. Dans ce film, il en joue surtout pour nous montrer comment Aron Ralston alterne les moments de lucidité, où il cherche sérieusement un moyen de s’en sortir, et les périodes où la folie guette. Le décor reste évidemment toujours le même, mais nous est montré à chaque fois de manière très différente, nous faisant partager ainsi avec force les moments d’espoir et de désespoir.

127 est un film visuellement imaginatif, mais aussi visuellement dur par moment. Danny Boyle ne cherche jamais le gore spectaculaire superflu, mais nous montre les choses de manière réaliste. Et vous imaginez bien que pour survivre et s’en sortir, le personnage est parfois réduit à certaines extrémités. On en frissonne parfois, d’autant plus que l’on sait que tout cela a réellement été vécu par le vrai Aron Ralston. D’ailleurs, si cette histoire n’était pas une histoire vraie, elle perdrait certaintement énormément de son intérêt et prêterait même quelque peu à sourire.

127heuresDanny Boyle nous prouve encore sa faculté à utiliser toujours à propos des titres musicaux déjà connus (sans être Kubrick ou Tarantino tout de même). On s’amusera notamment d’entendre résonner « Ca plane pour Moi » de Plastic Bertrand. Mais dans 127 Heures, elle écrase parfois le travail visuel, qui s’apparente du coup par moment plus à clip vidéo qu’à une œuvre cinématographique. C’est sans doute là la plus grande limite de ce film. Danny Boyle en fait parfois un peu trop, manquant de subtilité. Bien sûr filmer un personnage coincé au fond d’une crevasse pendant une bonne heure demande d’y mettre les grands moyens pour maintenir l’attention du spectateur, mais le résultat ressemble parfois à une exercice de style, où la forme prime trop sur le fond. Mais heureusement, les moments où le spectateur est fasciné et partage les émotions du personnage dominent largement.

L’émotion est également largement véhiculée par la performance de James Franco, qui tient là son premier grand rôle. Pourtant le défi était de taille, car rarement un acteur aura eu droit à autant de gros plans dans un seul film. Il se doit d’exprimer tour à tour la surprise, la peur, l’espoir, la folie, le désespoir…, le tout sans pouvoir réellement bouger. Tout passe donc par la voix et les expressions du visage. Et James Franco s’en sort merveilleusement bien.

127 Heures est donc un film racontant remarquablement bien une histoire dont il était difficile d’imaginer qu’on puisse en tirer un film aussi prenant. Danny Boyle confirme ainsi son statut de réalisateur majeur au style affirmé. Peut-être un peu trop parfois…

Fiche technique :
Production : Pathé, Darlow Smithson Productions, Everest Entertainment, Cloud Eight Films, Dune Entertainment III
Distribution : Pathé Distribution
Réalisation : Danny Boyle
Scénario : Danny Boyle, Simon Beaufoy
Montage : Jon Harris
Photo : Enrique Chediak, Anthony Dod Mantle
Son : Glenn Freemantle
Musique : A.R. Rahman
D’après l’oeuvre d’Aron Ralston
Durée : 94 mn

Casting :
James Franco : Aron Ralston
Amber Tamblyn : Megan
Kate Mara : Kristi
Clémence Poésy : Rana

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *