
Aron Ralston est un randonneur invétéré, un peu barré et qui a surtout la fâcheuse habitude de partir sans dire à personne où il va. Cela contribue certainement à son sentiment de liberté, mais un beau jour, cela n’a pas été sans lui poser problème. Le jour où il s’est retrouvé au fond d’une crevasse, le bras coincé pas un bloc de pierre, sans moyen de se libérer, ni d’appeler du secours.
Le 7ème art nous avait déjà offert l’année dernière un beau moment de claustrophobie avec Buried, où un homme passait 1h30 enfermé dans un cercueil. Cette fois-l’espace est un peu plus large, mais à peine. Le défi reste cependant le même : comment raconter une histoire maintenant l’intérêt du spectateur de bout en bout sans que le personnage principal ne puisse se déplacer ? Mais voilà un challenge qui n’allait pas faire peur à un cinéaste aussi doué que Danny Boyle.
127 heures nous permet de retrouver toutes les facettes du talent du réalisateur britannique : tout d’abord un sens esthétique évident. Il fait partie avec Daren Aronofsky ou Gaspard Noe de ceux sachant le mieux exprimer des sentiments en jouant sur les couleurs, l’éclairage ou les angles de caméra les plus improbables. Dans ce film, il en joue surtout pour nous montrer comment Aron Ralston alterne les moments de lucidité, où il cherche sérieusement un moyen de s’en sortir, et les périodes où la folie guette. Le décor reste évidemment toujours le même, mais nous est montré à chaque fois de manière très différente, nous faisant partager ainsi avec force les moments d’espoir et de désespoir.
127 est un film visuellement imaginatif, mais aussi visuellement dur par moment. Danny Boyle ne cherche jamais le gore spectaculaire superflu, mais nous montre les choses de manière réaliste. Et vous imaginez bien que pour survivre et s’en sortir, le personnage est parfois réduit à certaines extrémités. On en frissonne parfois, d’autant plus que l’on sait que tout cela a réellement été vécu par le vrai Aron Ralston. D’ailleurs, si cette histoire n’était pas une histoire vraie, elle perdrait certaintement énormément de son intérêt et prêterait même quelque peu à sourire.

L’émotion est également largement véhiculée par la performance de James Franco, qui tient là son premier grand rôle. Pourtant le défi était de taille, car rarement un acteur aura eu droit à autant de gros plans dans un seul film. Il se doit d’exprimer tour à tour la surprise, la peur, l’espoir, la folie, le désespoir…, le tout sans pouvoir réellement bouger. Tout passe donc par la voix et les expressions du visage. Et James Franco s’en sort merveilleusement bien.
127 Heures est donc un film racontant remarquablement bien une histoire dont il était difficile d’imaginer qu’on puisse en tirer un film aussi prenant. Danny Boyle confirme ainsi son statut de réalisateur majeur au style affirmé. Peut-être un peu trop parfois…
Fiche technique :
Production : Pathé, Darlow Smithson Productions, Everest Entertainment, Cloud Eight Films, Dune Entertainment III
Distribution : Pathé Distribution
Réalisation : Danny Boyle
Scénario : Danny Boyle, Simon Beaufoy
Montage : Jon Harris
Photo : Enrique Chediak, Anthony Dod Mantle
Son : Glenn Freemantle
Musique : A.R. Rahman
D’après l’oeuvre d’Aron Ralston
Durée : 94 mn
Casting :
James Franco : Aron Ralston
Amber Tamblyn : Megan
Kate Mara : Kristi
Clémence Poésy : Rana