L’ASSAUT : Sortez-moi de là !

lassautafficheDans la série des films que j’ai quand même été voir malgré une majorité d’échos très négatifs, voici l’Assaut. Je ne suis pourtant pas le dernier à exhorter le cinéma français à faire plus de films tirés de l’actualité plus ou moins récente (c’est à dire moins de deux siècles, vue la frilosité de notre pays dans ce domaine). Oui, mais faudrait-il encore que les films en questions ressemblent à quelque chose. Parce que c’est loin d’être le cas ici.

Samedi 24 décembre 1994, sur le tarmac de l’aéroport d’Alger, l’avion pour Paris est immobilisé, pris en otage par quatre terroristes du GIA. A Paris, c’est la panique dans les différents ministères concernés. On ordonne au GIGN de se tenir près, même si les autorités algériennes refusent toute intervention pour l’instant. Dans ses rangs, Thierry a promis à sa femme et ses enfants que tout ira bien. Mais il sait qu’un éventuel assaut pourrait bien lui coûter la vie.

L’Assaut est un film tout pourri. Il y a tellement de trucs qui ne vont pas, qu’on ne sait pas bien par où commencer. Alors du coup, je vais débuter par ce qui va bien. Soit 16 minutes, le temps de l’assaut final filmé en temps réel. Non que ce passage brille particulièrement par des qualités cinématographiques remarquables, c’est le moins que l’on puisse dire, mais au moins, on est un minimum pris par l’action et on cesse quelque peu de sourire devant ce spectacle pitoyable qui fait parfois rire involontairement.

Parce que le reste du temps, on a du mal à croire ce que l’on voit, tant ce film déborde de médiocrité. L’Assaut nous fait vivre les événements de trois points de vue. Celui de Thierry, soldat du GIGN, celui de Carole, jeune ambitieuse du Ministère des Affaires Etrangères et celui des terroristes eux-mêmes. Pour ces derniers, rien à dire. Ils sont un minimum crédibles, on croit à ce que l’on voit. Julien Leclercq a la bonne idée de ne pas pousser trop loin leur analyse psychologique et ne cherche pas à nous expliquer le pourquoi du comment du fondement de leurs motivations. Ils se contentent des faits et c’est tant mieux.

Car pour les deux autres, c’est une catastrophe. A un moment donné, son supérieur demande à Thierry « Je viens de dire que certains d’entre vous risquent de ne pas survivre à l’assaut et vous me demandez de rentrer dans l’avion en premier. Que dois-je comprendre ? » Et bien, c’est une bonne question et on aimerait bien avoir une réponse. Le problème, c’est que le film oublie de nous l’apporter. Pourtant, Julien Leclercq multiplie les gros plans sur un Vincent Elbaz prié de jouer le mec torturé. Les relations avec sa femme prennent une place importante dans l’Assaut, mais jamais on ne comprend vraiment quel est le problème. Et pour tout dire, on s’en fout complètement.

Mais la prime du ridicule vient de la description de ce qui se passe dans les coulisses des ministères. Julien Leclercq a sûrement beaucoup regardé les différentes saisons de 24h Chrono et a voulu faire pareil. Sauf que ce n’est pas crédible une seule seconde, c’est même parfois franchement drôle tellement ça se prend au sérieux tout en flirtant constamment avec le ridicule. Le personnage de Carole est tout simplement affligeant.

lassautLa réalisation de Julien Leclercq ne vient malheureusement pas relever le niveau. Elle se veut pourtant très certainement élaborée artistiquement avec ses couleurs un peu sépias et cet espèce de flou permanent. En fait, c’est marrant cinq minutes, mais guère plus. Ce genre d’effet de style ne se justifie que s’il possède une signification à un moment donné d’un film, pas quand il est de mise tout du long. Le réalisateur sait mettre un filtre devant ses caméras, tant mieux pour lui. C’est de l’esbroufe sans aucun intérêt. Et que dire du montage et de la bande-son qui cherchent à faire de l’Assaut un vrai film d’action, à l’américaine j’ai envie de dire. Sauf qu’à Hollywood, plus personne n’ose produire de tels navets, que surpasse n’importe quel épisode de série produit de l’autre côté de l’Atlantique.

On pardonnera donc à l’ensemble du casting son naufrage. Malgré tout leur talent, ni Vincent Elbaz, ni Mélanie Bernier ne pouvait faire grand chose pour sauver son personnage du désastre. Ils font ce qu’ils peuvent, mais à l’impossible nul n’est tenu. Comme les otages dans l’avion, ils semblent nous supplier d’arriver au plus vite à l’assaut final, histoire d’abréger leurs souffrances. A moins que ce soit celles des spectateurs. Encore une fois, c’est du côté des terroristes que l’on trouve quelques minces motifs de satisfaction avec Aymen Saïdi dont la prestation est peut-être la seule chose de convaincante dans ce film.

L’Assaut est un naufrage, un film d’où le talent est absent à tous les étages. Une perte de temps que vous pouvez aisément vous épargner.

Fiche technique :
Production : Labyrinthe Films
Distribution : Mars Distribution
Réalisation : Julien Leclercq
Scénario : Julien Leclercq, Simon Moutaïrou
Montage : Christine Lucas Navarro, Frédéric Thoraval, Mickael Dumontier
Photo : Thierry Pouget
Musique : Jean-Jacques Hertz, Francois Roy
D’après l’oeuvre de Roland Môntins
Durée : 90 mn

Casting :
Vincent Elbaz : Thierry
Aymen Saïdi : Yahia
Mélanie Bernier : Carole
Grégori Derangère : Commandant Denis Favier

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