EASY MONEY : Jolie importation suédoise

easymoneyafficheLa Scandinavie est peuplée de grands blonds, de rennes, de neige et de bons polars. Ils en écrivent beaucoup, et des très bons, déferlant même parfois sur le monde comme la saga Millenium. Mais ils savent aussi les porter à l’écran. C’est le cas de Easy Money, qui, comme son nom ne l’indique pas, est un film suédois, qui, sans révolutionner le genre, ravira les amateurs de films noirs.

JW est étudiant dans une grande école de commerce. Ses amis sont riches et enchaînent les fêtes et sorties dispendieuses. Alors, il fait comme eux, même s’ils n’en a pas vraiment les moyens. Ils leurs cachent qu’il vit dans une minuscule chambre d’étudiant et qu’il travaille comme chauffeur de taxi la nuit pour gagner de quoi entretenir l’illusion. Mais un jour, son patron lui propose un tout autre travail, beaucoup plus rémunérateur, mais aussi beaucoup plus dangereux.

Allez, je vais me faire plaisir, avec mes 5 minutes, traduction à la con. Le titre original est « Snabba Cash », ce qui signifie effectivement argent facile en Suédois. Mais alors pourquoi le traduire par Easy Money ???? Je suppose que les distributeurs ont voulu attirer un public qui aurait été rebuté par le fait d’aller voir un film scandinave, et l’ont ainsi maquillé en film américain. Les petits malins !

Il est vrai que Easy Money n’a rien à envier aux productions d’outre-Atlantique. C’est propre, efficace et rythmé. Il y a peut-être un léger arrière-plan social typiquement européen, mais ce film reste un polar extrêmement classique, nous racontant la plongée dans le grand banditisme d’un ambitieux qui va vite être dépassé par les évènements. Une histoire pas franchement nouvelle, traité ici avec intelligence, à défaut d’une réelle originalité. C’est là, la plus grande limite de ce film qui ne restera pas inoubliable, ressemblant de trop près à bien d’autres productions du même genre.

Que l’intrigue se situe à Stockholm donne à Easy Money un léger aspect « exotique ». Il tord le cou à tous les clichés sur la société suédoise, que l’on imagine très policée. Mais elle recèle aussi ses bas-fonds, sa délinquance, ses trafics et ses règlements de compte. On plonge encore un peu plus loin que dans Millenium, qui nous présentait plutôt les travers de la haute société suédoise. Les Suédois sont finalement des gens comme nous !

Easy Money se focalise essentiellement sur le personnage de JW et de sa plongée dans un monde qu’il ne connaît pas et qui ne va pas tarder à le manger tout cru. Il y a évidemment un contraste fort entre cet étudiant, certes fauché, mais bien propre sur lui et la pègre suédoise, où s’affrontent différents groupes d’immigrés. Encore une fois, tout cela est très bien amené, traité de manière tout ce qu’il y a de plus crédible, sans manichéisme. On comprend tout à fait son parcours et on finit par s’attacher très fortement au personnage. Mais encore une fois, cela reste d’un grand classicisme.

easymoneyLa seule touche d’originalité d’Easy Money repose peut-être sur son dénouement, très réussi. Il lui permet définitivement de basculer du côté des bons films. Cela prouve vraiment l’art scandinave dans ce domaine. Ce film a sûrement été distribué suite au succès de Millenium et on peut espérer que les salles hexagonales continueront à nous proposer le meilleur de ce qui fait au nord de chez nous.

Un mot enfin sur l’interprétation. Easy Money propose une belle galerie d’acteurs. Les rôles de truands sont tous parfaitement interprétés, avec assez de personnalité, mais sans tomber dans la caricature. Une mention spéciale à Dragomir Mrsic, parfait en mafieux qui doit s’occuper du clan d’en face et de sa fille de 6 ans qu’il vient de récupérer. Mais le rôle le plus marquant reste celui de JK, remarquablement interprété par Joel Kinnaman.

Easy Money n’est donc pas le polar le plus inoubliable qui soit. Mais il y a temps de films américains cent fois plus médiocres qui sont distribués, qu’il aurait été dommage que cette production suédois n’apparaisse pas sur nos écrans.

Fiche technique :
Production : Tre Vänner Produktion
Distribution : MK2 Diffusion
Réalisation : Daniél Espinosa
Scénario : Maria Karlsson, d’après Stokholm noir l’argent facile de Jens Lapidus
Montage : Theis Schmidt
Photo : Aril Wretblad
Décors : Roger Rosenberg
Costumes : Denise Ostholm
Durée : 124 mn

Casting :
Joel Kinnaman : JW
Matias Padin Varela : Jorge
Dragomir Mrsic : Mrado
Lisa Henni : Sophie
Mahmut Suvakci : Abdulkarim

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