PASSE LE PROBLEME A TON VOISIN !

sarkozyberlusconiNicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont affiché leur satisfaction après leur rencontre d’hier à Rome. Les tensions entre les deux pays se sont apaisés par le dialogue et des solutions seront trouvés, promis, juré, craché. On se parle, on s’aime bien, on se sert la main et on sourit devant les photographes.

Tout cela ne serait que navrant si le sort de plusieurs dizaines de milliers de personnes n’étaient pas en jeu. Mais sauver les apparences est ce qui compte avant tout en politique, usant pour cela des pires hypocrisies. Car, que les deux dirigeants se soient réunis pour traiter ce problème peut apparaître comme un élément plutôt positif, un pas dans la bonne direction, si tout cela n’était le résultat d’un manque d’anticipation, de gouvernance commune et de dialogue absolument désolant.

La France ne peut pas accueillir toute la Tunisie, voilà le lieu commun qui est servi jusqu’à la nausée quand il s’agit de justifier la fermeture des frontières. Non, effectivement, notre pays ne le peut pas, sauf que personne ne le lui demande. Mais le contrôle de l’immigration est un des sujets où malheureusement le vrai débat objectif est quasiment impossible car s’y expriment alors toutes les idéologies sectaires, qu’elles soient altermondialistes ou franchement nauséabondes.

Il y a pourtant une donnée qui mérite d’être examiné calmement et à partir de faits. En effet, quel est l’impact réel sur l’immigration des politiques nationales ? Son ampleur est-elle liée à la situation dans le pays de départ ou dans celui du pays d’accueil ? Pourquoi les migrants choisissent-ils une destination plutôt qu’une autre ? Les réponses seraient évidemment complexes et sûrement pas uniquement colorées de noir et de blanc. Mais les quelques études déjà menées montrent clairement que la notion d’appel d’air est un mythe et qu’une politique comme celle que mène notre gouvernement depuis des années est absolument inefficace et extrêmement coûteuse.

Il est vrai que la situation des migrants tunisiens, par son caractère exceptionnel, sortirait de ce cadre. Mais les tensions entre Paris et Rome montrent bien à quel point cette problématique crispe tous les gouvernements. Ces derniers, incapables de concilier résolution des problèmes effectifs et respect de leur socle idéologique, se voilent la face, espérant très fort que les pays voisins géreront l’urgence à leur place. Encore une éclatante démonstration de l’absence totale d’une réelle gouvernance européenne, à la hauteur des avancées réalisées comme celles du traité de Schengen. Chacun tient à son pré carré et se refuse à abandonner la moindre parcelle de pouvoir. Une politique d’immigration à l’échelle européenne n’est malheureusement pas près de voir le jour, alors, que, comme pour bien d’autres sujets, le raisonnement à l’échelle nationale n’a plus de guère de sens.

L’arrivé d’un nombre important de réfugiés tunisiens sur le sol européen n’était pas très difficile à prévoir, et anticiper leur arrivée aurait constitué une démarche simplement raisonnable. On ne pouvait imaginer qu’un pays connaisse de tels bouleversements, sans voir une partie de sa population fuir le chaos, combien même ce dernier prend la forme d’une marche vers la démocratie. C’était vouloir le beurre et l’argent du beurre, faire preuve d’un aveuglement coupable, dont l’Union Européenne est malheureusement plus que coutumière.

La France a tourné le dos avec une célérité déconcertante à son « ami » Ben Ali qu’elle a pourtant soutenu pendant des décennies. On aurait pu espérer qu’elle ne tourne pas le dos à ces 30 000 Tunisiens qui en ont subi pendant si longtemps les conséquences de ce soutien sans failles.

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