MON PERE EST FEMME DE MENAGE : …mais on s’en fout un peu en fait…

monpereestunefemmedemenageafficheParmi les exercices casse-gueules au cinéma, et ils sont nombreux, on trouve faire un film sur l’adolescence. La difficulté est extrêmement élevée et le résultat est souvent très mauvais, pour ne pas dire catastrophique. Entre clichés et bons sentiments (mais si, les ados sont des êtres humains comme nous !), tout cela sombre souvent dans le ridicule. C’était donc avec une certaine appréhension que je suis allé voir Mon Père est une Femme de Ménage. Et j’avais raison d’avoir peur, car j’aurais mieux fait de rester chez moi.

Polo, un adolescent de 16 ans, n’est pas moche, pas trop con et pourrait donc être un ado heureux. Mais voilà, son père est femme de ménage… Et ça, c’est quand même la honte !

Pour mieux se rendre compte d’à quel point Mon Père est une Femme de Ménage n’est qu’un catalogue à poncifs, un seul exemple. Polo, caucasien blanc, a trois grands potes : un noir, un arabe et un juif… Bah voyons, il a choisi ses amis pour qu’ils fassent partie d’un panel représentatif ou quoi ? Bien sûr, tous ces jeunes gens ont bien le droit d’être amis, mais avouez que voilà un hasard heureux, tellement improbable qu’il coupe toute crédibilité au propos, aussi pertinent soit-il.

En fait, Mon Père est un Femme de Ménage est entièrement ampli de détails comme celui-ci. Cela donne un aspect totalement artificiel aux situations. Du coup, tout sonne faux, même quand les clichés n’en sont pas tant que ça. Son pote qui veut faire du rap me rappelle fortement mon neveu, à qui il ne faut surtout pas expliquer que vivre dans une zone pavillonnaire de Montigny-le-Bretonneux et être le fils d’une institutrice et d’un journaliste ne fait pas de lui un cas social de banlieue… Enfin, ça c’est une autre histoire, mais tout ça pour dire, que tous les détails pourraient effectivement être tirés de vrais ados du monde réel, mais leur accumulation rend les personnages totalement inintéressants.

Mais le pire dans Mon Père est une Femme de Ménage est le manque totale de profondeur. Il y avait pourtant de quoi faire un film assez fort. Polo, en effet, souffre de se sentir supérieur au reste de sa famille, par rapport à laquelle il apparaît plus ouvert, infiniment plus curieux, ambitieux et cultivé. Le sujet du fils complexé par ses parents est archi-éculé, l’inverse l’est nettement moins, alors qu’il s’agit l’un d’un vrai sujet. Combien d’enfants sont tirés vers le bas par leur milieu familial et ne peuvent donner vie à leurs ambitions par la simple incompréhension de leurs parents !

monpereestunefemmedemenageMon Père est une Femme de Ménage a malheureusement décidé d’en rester au stade de la comédie sociale légère. Pourquoi pas, mais ce film confond légèreté et superficialité. Lancer une piste de réflexion sans l’explorer ne sert à rien, si ce n’est à frustrer le spectateur qui n’en retirera pas grand chose. Et comme le film n’est pas non plus vraiment drôle, on reste le cul entre deux chaises au bord de l’ennui, avec laquelle on flirte dangereusement tout du long.

Car enfin, Mon Père est une Femme de Ménage pêche aussi dans la forme. Les personnages et les situations auraient pu nous paraître réellement sympathiques, si chaque scène n’était systématiquement légèrement trop longue, ce qui sape constamment le rythme du scénario qui ne décolle donc pas aucun bout. Saphia Azzeddine tourne autour de son propos sans jamais y plonger vraiment et on a parfois l’impression qu’elle cherche à masquer cela par un ou deux tours supplémentaires. Sauf qu’au final, cela ne fait qu’apparaître de manière encore plus criante les nombreuses faiblesses de ce film.

Mon Père est une Femme de Ménage est une comédie sociale, ni vraiment comédie, ni vraiment sociale. Mais vraiment ratée…

Fiche technique :
Production : Berel Films, La petite Reine, ARP Sélection, TF1 Films production, Lagardère Entertainment
Distribution : ARP Sélection
Réalisation : Saphia Azzeddine
Scénario : Saphia Azzeddine, d’après son roman
Montage : Jennifer Augé
Photo : Jean-Pierre Sauvaire
Décors : Laurent Ott
Costumes : Julia Dagany
Durée : 80 mn

Casting :
François Cluzet : Michel
Jérémie Duvall : Polo
Nanou Garcia : Suzanne
Zlison Wheeler : Alexandra
Aïmen Derriachi : Marwan
Jules Sitruk : Rudy

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