UN MONDE PLUS SUR… DE RIEN

benladenJe ne sais pas pour vous, mais de mon côté, je ne me sens pas spécialement plus en sécurité en me levant le matin depuis la mort de Ben Laden. Bon déjà peut-être parce que je ne me sens pas vraiment en danger à la base. Bon passons, ce n’est pas ici le sujet.

L’élimination de l’ennemi mondial numéro 1 ne change pas grand chose aux tensions qui peuvent habiter notre monde et qui se manifestent malheureusement trop souvent par des flambées de violence. Le terrorisme se développe sur un terreau de pauvreté et frustration que la disparition d’un homme ne saurait éliminer. Bien sûr pour pousser des hommes à donner leur vie pour semer la mort, il faut aussi à leur tête de purs manipulateurs froids et qui n’ont aucun respect pour la vie humaine. Il faut aussi des figures inspiratrices, le plus souvent à la dimension mystique prononcée. Dieu est évidemment la meilleure d’entre elles. Les martyrs sont également de bons candidats.

Ben Laden était une icône, un personnage à la dimension mystérieuse et légendaire, objet de tous les fantasmes, de toutes les haines, mais aussi quelque fois de la plus grande et fervente admiration. L’homme en lui-même n’avait pas tant d’importance que ça. Ses décisions, ses actes, ses idées ont naturellement joué un rôle, mais d’autres auraient pu et continueront à faire de même. Le Maroc vient d’en faire la tragique expérience. Par contre, son aura et son impact sur l’imaginaire lui n’est pas près de trouver un équivalent. Et ses qualités ne sont pas mortes avec lui. Bien au contraire.

Les scènes de joie sur Time Square étaient donc doublement indécentes. Célébrer la mort d’un homme, quel qu’il soit, est déjà en soi choquant, surtout quand on prétend célébrer ainsi la victoire de la civilisation sur l’obscurantisme. Mais c’est surtout, oublier de quoi se nourrit le terrorisme. Justice ne sera vraiment rendu que le jour où l’existence même d’un Ben Laden deviendra inimaginable dans notre monde. Ce jour ne viendra sans doute jamais. Cela révèle justement l’immensité de la tâche qui attendent les Nations qui entendent lutter contre la violence et la haine. Une tâche tellement immense que la mort d’un homme ne peut y jouer qu’un rôle sinistrement anecdotique.

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