FAUX PROBLEMES, MAUVAISES SOLUTIONS ET GROSSE BETISE

laurentblancDécidément, le football français et ses instances aiment faire la une des médias pour des raisons totalement étrangères aux résultats sportifs. On pensait avoir connu le pire, mais le pire n’est jamais sûr. La FFF touche le fond mais creuse encore…

Cette polémique autour des propos tenus lors d’une réunion de travail sur l’instauration de quotas pour le recrutement des apprentis footballers prend une dimension médiatique absolument délirante. Bien sûr, le sujet est relativement grave, mais le traitement qui en est fait frise le n’importe quoi et élude totalement les vraies questions qui sont posées. Entre les vierges effarouchées et les inquisiteurs du dimanche, Laurent Blanc et ses collègues doivent vraiment se demander ce qu’ils arrivent, victime d’une tempête disproportionnée… et de leur propre bêtise.

Les discussions lors de cette fameuse réunion a porté sur deux sujets bien distincts. Tout d’abord, le problème des bi-nationaux qui finissent, après avoir fréquenté les différentes sélections françaises chez les jeunes, par choisir de jouer pour le pays d’origine de leurs parents. Effectivement, cela pourrait constituer en soi un problème. Sauf qu’il s’agit là d’un faux problème auquel on a tenté d’apporter une très mauvais réponse.

Tout ceci ne devrait soucier personne dans la mesure où cela est pratiquement sans conséquence pour l’Equipe de France. Si des joueurs choisissent de rejoindre une autre sélection, c’est dans quasiment tous les cas parce qu’ils savent bien qu’ils n’ont pas le niveau pour jouer sous le maillot bleu. Sur ces dix dernières années, les seuls joueurs dans ce cas-là qui auraient été susceptibles de le porter s’appellent Frédéric Kanoute et Moussa Sow… En dehors de ces deux-là, je ne vois qui on pourrait citer d’autre. Et si encore, les sélections qui profitaient de cet apport de joueurs formés par la FFF figuraient parmi nos plus dangereux rivaux. Bien sûr il y a eu la défaite contre le Sénégal en 2002, mais ce n’est pas non plus l’Allemagne, le Brésil ou l’Italie qui profitent de cette situation.

La France devrait donc au contraire être fière de voir tant des joueurs qu’elle forme revêtir un maillot national. Les conséquences restent minimes tant que les Adil Rami, Mamadou Sakho ou Yann M’Vila jouent bien sous le maillot bleu. En ce sens, Laurent Blanc mène un combat inutile, compréhensible d’un côté, mais qui prête trop à confusion pour y consacrer la moindre énergie. Mais dans ce domaine, il est vraiment détestable de voir ses propos largement déformés et les passages de son intervention où il insiste sur le fait qu’il se moque complètement du fait que l’Equipe de France puisse être composés essentiellement de joueurs de couleur aussi peu relayés dans une presse, qui se rue par contre sans scrupule sur des citations beaucoup plus tendancieuses.

Le deuxième sujet est lui un vrai sujet. A-t-on, ces dernières années, privilégié à l’excès les qualités physiques des jeunes joueurs que l’on a formés ? Les succès récents de l’Espagne et de Barcelone ont rappelé au monde entier quel merveilleux football on pouvait pratiquer avec des joueurs mesurant moins d’1m80 sous la toise. Voilà, un débat technique qui n’aurait du intéresser que les mordus de football. Cependant, a surgi au milieu de la conversation, l’image d’Epinal du grand black costaud…

Associer des qualités physiques à un couleur de peau est très vite taxé de racisme. C’est loin d’être faux dans bien des cas, car ce genre de propos sert souvent des discours aux relents nauséabonds. Mais si on en reste à un discours scientifique et rigoureux, qui maîtrise la notion de variations au sein d’une population, il ne s’agit que de faits que l’on ne peut nier. Dire que les Norvégiens sont blonds est une affirmation fausse en soi, ce qui n’est pas le cas lorsque l’on dit la majorité des Norvégiens sont blonds. Mais dans ce cas, cela ne choquera personne et personne ne vous taxera de racisme anti-Norvégien. Par contre, dire que les noirs courent vite, affirmation tout autant rigoureusement inexacte, vous exposera aux pires accusations.

Le raccourci qui apparaît dans les échanges rapportés par le site Médiapart tiennent de l’approximation regrettable et de la simplification à outrance. Laurent Blanc et d’autres présents à cette réunion devraient repenser à Yvon Le Roux, défenseur central de l’Equipe de France des années 80, et surnommé l’armoire bretonne. Le parallèle entre la couleur de peau et le physique privilégié par les recruteurs étaient donc totalement superflu, n’a rien apporté de plus au fond du problème et n’a fait que créer une polémique aux proportions incroyables. Il n’empêche que si on est très heureux de voir un Sakho ou un M’Vila en Equipe de France, on aimerait aussi que les futurs Gameiro ou Nasri soient un peu plus nombreux.

La perte de qualité technique des joueurs formés ces dernières années en France est indéniable. Cela provient sans doute de la formation qu’ils sont reçus, mais quand Lilian Thuram, que l’on a connu nettement plus inspiré, prétend que cela en est la seule cause, il dit une connerie aussi grosse que son talent. Les centres de formation, qu’ils soient fédéraux ou liés aux clubs, recrutent bien des jeunes selon certains critères et il est évident que ces derniers jouent un rôle dans le type de joueur qui est susceptible d’en sortir quelques années plus tard. Avoir une réflexion sur la nature de ces critères est une démarche nécessaire et salutaire.

Mais il est sûr que la couleur de peau ne doit pas en faire partie…

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