DEUX FOIS 16 ANS

16ansVoici quelques jours, j’ai eu la malheureuse idée d’avoir 32 ans… J’aurais pu dire 2 fois 16 ans, histoire de croire que je suis encore jeune. Mais cette façon de voir les choses n’est guère plus rassurante, puisqu’elle me fait réaliser qu’il y a désormais 16 ans que j’ai eu 16 ans… Et ça aussi, ça fait peur… Par contre, cette phrase toute faite m’a conduit à me demander ce que je pourrais bien dire au Julien Bouffartigue venant de souffler ses 16 bougies, si j’avais l’occasion de le rencontrer.

Bon déjà, qu’il faut arrêter d’espérer pouvoir avoir les cheveux longs. Inutile de demander au coiffeur de ne pas couper la longueur derrière, cela aboutit juste à une espèce de queue de canard ridicule. Si je me les laisse pousser, je n’aurais d’autre espoir que de pouvoir postuler pour les Jackson 5 ou éventuellement d’être la doublure de Michael Bolton, si je suis assez patient pour attendre que cela retombe. Bref, je me conseillerai d’accepter le fait que je l’ai cheveux bouclés, parce qu’au final, il vaut mieux ça que l’inverse… Enfin, je me cacherais aussi que je finirai par me dégarnir quelque peu.

Ensuite, je m’inciterais fortement à me mettre doucement à muscu. Quand j’étais au lycée, je prenais quasiment une demi-heure le matin pour lire avant de me lever, alors j’aurais bien pu prendre aussi 5 minutes pour quelques pompes et abdos. J’aurais attendu d’avoir 30 ans pour m’y mettre sérieusement, commencer bien plus tôt n’aurais rien gâté. J’aurais peut-être moins peiné à chaque fois que j’aurais eu quelque chose de lourd à porter et j’aurais peut-être, qui sait, gagné quelques temps de jeu lors de ma courte carrière de rugbyman. J’aurais aussi pu envisager avoir un corps de rêve terriblement séduisant… mais bon, je parle ici de conseils intelligents, pas de bercer mon moi d’il y a 16 ans d’inaccessibles illusions.

J’aurais bien été tenté de m’expliquer qu’être premier de la classe, c’est bien, mais ça ne fait pas tout dans la vie. Mais voilà, avec le recul, je suis content d’en être là où j’en suis aujourd’hui professionnellement et des perspectives qui s’ouvrent à moi pour les 30 prochaines années. Donc, pas vraiment de regret à ce niveau-là, même si j’aurais pu m’inciter à me lâcher un petit peu plus, une fois les leçons apprises…

… en m’expliquant par exemple qu’être convaincu que je n’aimerais jamais l’alcool est une illusion de mes 16 ans. Je m’y serais mis sur le tard, et heureusement, j’ai quelque peu rattrapé le temps perdu depuis. Enfin, découvrir ce plaisir un peu plus tôt, sans forcément repeindre les toilettes comme l’ont fait certains potes de lycée, n’aurait sûrement pas nui à ma vie sociale de mes 16 ans. Par contre, sur le fait de n’avoir jamais touché une cigarette de ma vie, je ne pourrais que féliciter mon jeune moi pour avoir largement contribué à ce petit exploit.

Je me conseillerai aussi de ne pas attendre une seule seconde superflue avant de m’engager, politiquement ou sous une autre forme, parce que les problèmes du monde n’attendent pas et qu’il n’est jamais trop tôt pour chercher à les résoudre. Après, peut-être que ça aidera l’essor de ma carrière de politicien émérite de commencer jeune, mais bien sûr, cela est secondaire, seules comptent vraiment les convictions.

Evidemment, un long sujet de conversation sera sur ce qui occupe beaucoup les pensées d’un garçon de cet âge : les filles ! Parce que bon, le Julien d’il y a 16 ans n’était pas vraiment très doué à ce niveau. Ou plutôt tellement aveugle que Gilbert Montagné ferait figure de visionnaire à côté de lui. Simplement lui expliquer que lorsqu’il passe l’après-midi avec une fille, qu’il connaissait pas le matin, mais qu’il trouve terriblement charmante, et qu’elle lui pose innocemment la question de savoir si c’est envisageable de tomber amoureux la première fois que l’on rencontre quelqu’un, ce n’est pas pour une étude sociologique ou un sondage… Quand j’y repense… En plus, chez moi, la cécité a duré encore bien au-delà de mes 16 ans…

Enfin, après tous ces conseils, je pourrais surtout lui dire que les 16 années qui viennent seront pleines de joie et de bonheur, d’amis, d’amour, de fête, de quelques chagrins que l’on oublie très vite… Bref, qu’il n’a pas trop à s’en faire et qu’il peut affronter l’avenir avec confiance et entrain. Et puis, de toute façon, je me connais. Le Julien à 16 ans n’en aurait rien à foutre des conseils du Julien de 32 ans et n’en ferais qu’à sa tête… Comme quoi, il y a des choses qui ne changent pas…

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