THE TREE OF LIFE : La Palme retrouve son or

thetreeoflifeafficheL’année dernière, j’avais été la seule personne de mon entourage, pourtant rempli de cinéphiles émérites, voire compulsifs, a avoir trouvé le courage d’aller voir la Palme d’Or, l’inoubliable, mais par pour les bonnes raisons, Oncle Boonmee, Celui qui se Souvient de ses Vies Antérieures. Un film qu’on aimait ou que l’on détestait, ou plutôt que l’on détestait si on était sain d’esprit. Cette année The Tree of Life divise de la même façon et les détracteurs formulent les mêmes reproches : c’est long, chiant et incompréhensible. Sauf que cette fois, le camp des défenseurs est nettement plus fourni et c’est normal. Ce film est un vrai chef d’œuvre… imparfait, mais chef d’œuvre tout de même.

The Tree of Life nous fait partager l’enfance de Jack. Une enfance passée entre une mère affectueuse et protectrice, un père exigeant et parfois violent et ses deux petits frères. Une enfance qui se terminera par un évènement tragique. Mais ce film ne nous raconte pas que la naissance et l’essor d’une existence, mais aussi la naissance et l’essor de notre univers et de la vie.

J’ai hésité avant d’inclure un synopsis à cette critique. Car parler d’une intrigue pour The Tree of Life n’a pas vraiment de sens. Cela reviendrait à définir un tableau ou un morceau de musique par l’histoire qu’ils cherchent à raconter (Par exemple, pour décrire l’Automne des Quatre Saisons de Vivaldi, se contenter de dire que la musique décrit une partie de chasse). Il y a certes une histoire, mais elle ne joue pas ici le même rôle central que dans un film classique. On est sûrement plus proche de l’Opéra de ce point de vue, surtout que la musique est ici au cœur du film.

Evidemment tout cela peut dérouter. Entre cinéma, opéra et clip vidéo, The Tree of Life est tout simplement une œuvre d’art originale qui s’affranchit des règles préconçues inhérentes à chaque domaine. Pendant plus de deux heures, c’est vrai que cela peut faire long, mais quand c’est beau, c’est beau… A condition de trouver ça beau, sinon, c’est vrai, c’est juste chiant. On peut parler ici d’art pour l’art, mais à la fois, est-ce que l’art est là pour autre chose que lui-même… Vous avez deux heures… Bon, je m’égare.

Après que dire de plus sur The Tree of Life à part que c’est beau, vraiment très beau, sans tomber dans le verbiage creux du critique de cinéma qui ce la raconte. Mais bon, comme j’aime bien me la raconter un peu, je rajouterai que certains passages sont particulièrement émouvants. Qu’importe que l’on ne comprenne pas toujours le lien entre ce qui nous est présenté, on se situe ici dans le ressenti. Les images de la création de notre univers n’éblouiront pas que les fondus d’astronomie. Mais le plus beau passage reste la naissance et les premières années de Jack, tournés sans paroles avec la Moldau en musique de fond. Un moment d’émotion pure, de grand cinéma, tourné à la fois avec une très grande sobriété et un fascinant génie.

thetreeoflifeCar la réalisation de Terrence Mallick tient du miraculeux, sans jamais la moindre fraction d’esbroufe ou de spectaculaire faussement élaboré. Certains plans constituent de pures merveilles, simplement par le positionnement de la caméra. On retiendra notamment celui où Jack s’approche du berceau de son petit frère, où comment la simple vision d’un bébé marchant vers un couffin touche au divin. Comme quoi, il ne faut parfois pas grand-chose, si ce n’est un talent et la force si mystérieuse du génie et de l’inspiration.

Après, il est vrai que malgré ces moments de grâce, The Tree of Life s’étire peut-être quelque peu au-delà du nécessaire. J’avoue avoir eu quelques minutes où mon intérêt commençait à faiblir et où j’attendais que le film ne rebondisse. Mais c’était une attente chargée d’impatience, espérant de tout mon cœur que la prochaine étape de ce merveilleux voyage serait aussi envoûtante et sublime. En fait, mon seul vrai reproche portera sur la fin du film, dont la symbolique m’a quelque peu échappé. Mais encore une fois, cela ne m’a guère empêché d’avoir la gorge noué, même si j’aurais bien du mal à expliciter le pourquoi.

The Tree of Life est une Palme d’Or totalement méritée. Déjà parce que ce prix n’a jamais eu vocation à récompenser un film faisant l’unanimité, mais plutôt les œuvres audacieuses et originales. Pour le pire parfois, comme l’année dernière. Pour le meilleur, souvent, comme pour The Tree of Life.

Fiche technique :
Production : River Road Entertainment, Plan B
Réalisation : Terrence Malick
Scénario : Terrence Malick
Montage : Hank Corwin, Jay Rabinowitz, Daniel Rezende, Mark Yoshikawa, Billy Weber
Photo : Emmanuel Lubezki
Décors : Jack Fisk, Amy Bell, David Hackl, Jeanette Scott
Distribution : EuropaCorp Distribution
Son : Erik Aadahl, Marcus Chandler, Kay Colvin, Shawn Harper
Musique : Alexandre Desplat
Effets spéciaux : Ryan Roundy, Robert Coquia jr., Donnie Creighton, Tom Debenham, Nick Damico, Devin Fairbairn, Traci Duran, Graham Duglinson, Conrad Dueck, Brian Delmonico
Maquillage : Meredith Johns, Darylin Nagy
Directeur artistique : David Crank
Durée : 138 mn

Casting :
Hunter McCracken : Jack jeune
Sean Penn : Jack
Jessica Chastain : Mme O’Brien
Brad Pitt : M. O’Brien

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