LE GAMIN AU VELO : Deux claques et au lit !

legaminauveloafficheLes frères Dardenne sont deux petits rigolos qui réalisent toujours des comédies hilarantes. A côté d’eux, les frères Farelly sont tristes à mourir… Bon, je plaisante, les réalisateurs belges étant les champions du monde du film social pas drôle qui finit mal. En ressortant d’un de leur film, soit vous êtes déprimé et avez envie de vous tirer une balle, soit vous avez la pêche, à l’idée qu’il y a infiniment plus malheureux que vous. Le Gamin au Vélo n’échappe à la règle, même s’il est parcouru d’un peu plus d’optimisme que d’habitude.

Cyril a bientôt 12 ans et ne nage pas vraiment dans le bonheur. Placé dans un foyer par un père qui semble s’être volatilisé dans la nature, il cherche à tout prix à la retrouver, ainsi que son vélo qui a visiblement été vendu. Cette quête le conduira à croiser Samantha, qui va se prendre d’affection pour le gamin et commencer à l’accueillir chez elle le week-end.

Le Gamin au Vélo ressemble à tous les autres films des frères Dardenne, c’est à dire qu’il nous raconte l’histoire de quelqu’un qui n’a vraiment pas eu de chance de la vie. Etre abandonné par ses parents fait partie des situations que l’on ne souhaite à personne et qui donne rarement envie de rigoler. Cela peut bien sûr constituer un très bon sujet pour un film, à la condition de faire naître chez le spectateur un minimum de compassion et de tendresse pour la victime.

Et c’est bien là le problème avec le Gamin au Vélo ! De mon point de vue en tout cas. Certes, le jeune Cyril a eu bien des malheurs dans sa vie, mais il y a des limites à tout, y compris dans l’agressivité, l’ingratitude et l’agitation perpétuelle. Du coup, il est antipathique dès la première seconde et toute la générosité du monde ne suffit pas à comprendre l’attachement qui naît chez Samantha pour ce gamin qui aurait pu figurer comme la 8ème plaie d’Egypte. Du coup, on n’a pas envie qu’il retrouve son père ou qu’il soit heureux, on veut juste qu’il se calme et qu’il disparaisse. Bref que le film se termine au plus vite.

Tout cela noie du coup complètement l’intérêt que peut avoir le sujet du film en lui-même. Et c’est dommage, car pour une fois, le film des frères Dardenne est bien équilibré entre lueur d’espoir et « vous ne pensiez pas que ça pouvait être pire… et bien si !». Le Gamin au Vélo alterne les hauts et les bas et on se demande jusqu’au bout où le curseur va bien pouvoir s’arrêter. Cela change des pures descentes aux enfers qu’ils nous racontent le plus souvent. A côté du Silence de Lorna, ce film aurait pu figurer dans la filmographie de Claude Zidi.

legaminauveloReste tout de même cette réalisation épurée qui, elle, n’a jamais varié. Si on est méchant, on dit que ça a le relief d’un téléfilm ou d’un film roumain, si on est gentil, on parle de sobriété au service de l’histoire et des acteurs. Dans tous les cas, le problème est que, si on accroche pas à l’histoire, il ne reste plus grand chose pour satisfaire le spectateur. Et comme ce fut mon cas, ce film ne restera pas pour moi un grand souvenir.

Il y avait pourtant la charmante et sémillante Cécile de France, qui est bien belge, ne l’oublions pas. Elle apporte toute l’énergie positive qu’elle peut, portée par son sourire à nul autre pareil, mais elle ne peut rien faire face à cette tête à claques, interprété par le jeune Thomas Doret, dont on espère qu’il ne ressemble pas à ça dans la vie… Reste enfin, Jérémie Régnier, le fonctionnaire du cinéma des Frères Dardenne, puisqu’il joue dans chacun de leur film. Vous l’aurez compris, sa performance n’a vraiment rien de transcendant et il se contente du minimum.

Le Gamin au Vélo ne restera pas comme l’œuvre les plus aboutie des Frères Dardenne, faute à un personnage principal plus repoussant qu’attachant. Mais cela reste un point de vue personnel, qui est loin d’être partagé par la majorité.

Fiche technique :
Production : Archipel 35, Les films du fleuve, Lucky Red
Réalisation : Jean-Pierre & Luc Dardenne
Scénario : Jean-Pierre & Luc Dardenne
Montage : Marie-Hélène Dozo
Photo : Alain Marcoen
Décors : Igor Gabriel
Distribution : Diaphana
Son : Jean-Pierre Duret
Durée : 87 mn

Casting :
Thomas Doret : Cyril
Cécile de France : Samantha
Egon di Mateo : Wes
Jérémie Rénier : Guy Catoul
Fabrizio Rongione : le libraire

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