LE COMPLEXE DU CASTOR : Epouse-moi Jodie !

lecomplexeducastorafficheIl paraît que nous avons tous du talent. Il est parfois plus ou moins caché, mais il semblerait qu’il y a toujours un domaine dans laquelle nous excellons. Enfin, certains ont quand même été plus vernis que d’autres. Voire même, pour certains, cela tourne à l’indécence, empilant les talents comme d’autres les arriérés d’impôt, sans penser une seule seconde à en donner un peu aux autres. Parmi ces personnes détestables, il y a Jodie Foster. Parce qu’en plus d’être une immense actrice, elle nous prouve avec son premier film, le Complexe du Castor, qu’elle est également une grande réalisatrice. Il n’y pas de justice !

Walter est dépressif. Quand il ne passe pas son temps à ne rien faire, il dort. Cette situation devient peu à peu totalement insupportable pour sa famille et il finit par quitter le foyer familial pour vivre à l’hôtel. Après une tentative de suicide ratée, il tombe par hasard sur une marionnette de castor, abandonnée dans une poubelle. Il en fait un personnage capable de dire tout ce qu’il n’est plus capable d’exprimer. Un moyen de thérapie efficace ?

Pour résumer, le Complexe du Castor est un film sur un type qui n’est plus capable de parler qu’à travers une marionnette de castor enfilée sur sa main gauche. Dis comme ça, cela ne donne pas vraiment envie et a de quoi intriguer. Mais s’il y a bien un terme pour qualifier les débuts de Jodie Foster derrière la caméra, ce serait « surprenant ». Surprenant pas son scénario incroyablement original et riche. Et surprenant par la qualité de la mise en scène, qui n’a rien de celle d’une débutante.

Il serait dommage d’en dire trop sur cette histoire hors du commun. Je soulignerais simplement la variété des tons qu’elle prend tour à tour : drôle, touchant, sombre, inquiétant, dramatique, optimiste, sensuel, émouvant,… Bref tout un panel de sentiments que le spectateur partage avec force et surtout enthousiasme. L’intrigue se déroule avec un vrai rythme et une vrai fil conducteur, le Complexe du Castor n’est en rien un catalogue. Pourtant, jamais il ne s’appesantit trop longtemps sur un aspect ou un autre, pouvant ainsi séduire un très large public, qui sera totalement préservé de l’ennui.

lecomplexeducastorLe Complexe du Castor brille donc aussi bien par le fond et l’originalité du scénario que par la forme de sa mise en scène. Et au-delà du rythme, il y a une vraie élégance dans la caméra de Jodie Foster. Mais aussi une certaine virtuosité dans la manière dont elle fait de cette marionnette un personnage à part entière. Le choix des cadrages jouent un rôle capital dans la construction de l’intrigue et l’évolution du couple Walter-castor. On aurait pu facilement sombrer dans le ridicule, ou du moins sourire à des moments qui n’auraient pas du s’y prêter. Mais au contraire, on entre totalement dans cette histoire, qui pouvait pourtant nous sembler si improbable à l’origine.

Pour ses débuts à la réalisation, Jodie Foster a aussi su s’entourer d’un très beau casting, en commençant évidemment par elle-même. Quand on a une telle classe, un tel talent naturel, on facilite grandement le travail de son metteur en scène. Et quand il s’agit d’une seule et même personne, cela donne évidemment une synergie parfaite. A ses côtés, on retrouve un Mel Gibson comme on n’en avait pas vu depuis fort longtemps. Je ne suis vraiment pas fan de l’acteur, encore moins de l’homme, mais dans le Complexe du Castor, il nous rappelle avec brio pourquoi il figure encore dans les plus grandes stars d’Hollywood.

Le Complexe du Castor apparaît comme le plus film le plus surprenant, le plus original et le plus intelligent de cette année 2011. Il annonce surtout sans doute une seconde carrière pour Jodie Foster. Si elle est aussi riche et brillante que la première, cela nous promet d’autres très bons moments de cinéma comme celui-là.

Fiche technique :
Production : Summit Entertainment
Réalisation : Jodie Foster
Scénario : Kyle Killen
Montage : Lynzee Klingman
Photo : Hagen Bogdanski
Décors : Rebecca Meis DeMarco
Distribution : SND
Musique : Marcelo Zarvos
Durée : 90 mn

Casting :
Mel Gibson : Walter Black
Cherry Jones : la vice-présidente
Jodie Foster : Meredith Black
Anton Yelchin : Porter Black
Riley Thomas Stewart : Henry Black
Zachary Booth : Jared
Jennifer Lawrence : Norah

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