CHICO & RITA : Amour et musique

chicoritaafficheEn 1998, Wim Wenders et son Buena Vista Social Club permettait au monde entier de se rappeler que Cuba était une formidable terre de musiciens, avant que le régime castriste ne les isole du reste de l’humanité et ne les plonge ainsi dans l’oubli. Sans lui, peut-être que Chico & Rita, un film d’animation espagnol qui nous replonge dans le La Havane des années 50 et la frénésie de création musicale qui y régnait.

Chico est un des tous meilleurs pianistes du Cuba des années 50. Mais il lui manque encore la voix pour interpréter ses compositions et l’accompagner jusqu’au succès. Il la trouvera par hasard, en la personne de Rita, qui chante dans les clubs et les bals populaires. Ils vivront une histoire d’amour qui se heurtera vite leur passion dévorante pour la musique, une maîtresse bien possessive, mais qui les entraînera au bout du monde.

Chico & Rita possède bien des qualités qui en font une œuvre originale et charmante. Tout d’abord, un scénario riche en rebondissements qui tient l’intérêt du spectateur éveillé du début à la fin. Il déroule un fil rouge narratif vraiment consistant qui n’est pas qu’un support pour la musique ou le simple plaisir de voir revivre une époque depuis longtemps révolue. Si le film est plutôt nostalgique, ce sentiment n’a pas du tout servi d’excuse à une intrigue paresseuse et minimaliste.

Une histoire d’amour n’est jamais bien passionnante à suivre si on est pas soi-même charmé par les deux tourtereaux. C’est heureusement bien le cas dans Chico & Rita. Les deux personnages ont leur caractère propre, et plutôt bien trempé. Ils sont très attachants, malgré leur défaut et le capacité à ruiner leurs élans amoureux. Mais bon, si leur passion était simple et linéaire, il n’y aurait pas de film. Seuls les sentiments contrariés valent le coup d’être racontés.

Chico & Rita est bien sûr bercé par une musique très présente. Il ne s’agit pas d’une comédie musicale, mais nos deux personnages sont souvent en action et on profite largement des morceaux qu’ils interprètent. Cela donne un petit supplément d’âme à ce beau film car, évidemment, la musique reste un des meilleurs supports qui soient pour créer l’émotion. Elle se ressent au moins autant qu’elle ne s’écoute… un peu comme son cœur devant l’être aimé. Dieu que c’est beau ce que je dis !

chicoritaGraphiquement enfin, Chico & Rita possède une vraie personnalité et une réelle originalité. L’animation a un aspect rétro, loin de ce à quoi nous ont habitué les images de synthèse. Du coup, on retrouve le caractère unique que peut avoir un coup de crayon, bien plus qu’une programmation informatique. Le graphisme contribue largement à la sensation d’exotisme et plus largement au charme de ce film.

Une belle histoire, de la bonne musique, de l’amour et des graphismes de qualité… que demander de plus alors ! Pas grand chose en fait, même s’il est difficile de classer ce film parmi les purs chefs d’œuvre. Il lui manque peut-être une dernière étincelle de créativité et d’imagination. Chico & Rita est original, mais pas forcément super surprenant. Rien dans l’histoire ou dans les images n’est réellement inattendu une fois le décor posé. Mais bon, je cherche là la petite bête, car le résultat reste globalement remarquablement agréable à suivre.

Chico & Rita ravira donc tous les amateurs d’animation qui change de l’animation. Et bien sûr tous les amoureux de la musique… et les amoureux tout court en fait.

Fiche technique :
Production : Christina Huete, Santi Errando, Martin Pope, Michael Rose, Angelica huete, Andrew Fingret
Distribution : Studio 37, Rezo Films
Réalisation : Fernando Trueba et Javier Mariscal
Scénario : Fernando Trueba et Ignacio Martinez de pison
Montage : Arnau Quiles
Son : Pelayo Gutierrez
Musique : Bebo Valdes
Durée : 93 mn

Casting :
Idania Valdes : Rita
Bebo Valdes : Chico
Michael Phillip Mossman : Dizzy Gillesoie
Pedrito Martinez : Miguelito Valdes
Jimmy Heath : Ben Webster
Freddy Cole : Nat King Cole
Estrella Morente : Estrella Morente
Amadito Valdes : Tito Puente
German Velazco : Charlie Parker

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *