CASE DEPART : Départ en seconde classe

casedepartaffichePendant longtemps, j’ai été voir, avec un acharnement étonnant, tous les films d’Eric et Ramzy. Après les avoir trouvés tous plus consternants les uns que les autres, j’ai enfin renoncé à cet acte masochiste et n’ai pas été voir Halal Police d’Etat. Mais quand j’ai vu la première fois la bande-annonce de Case Départ, j’ai eu très peur de replonger dans une nouvelle drogue tout aussi nuisible, à savoir le duo Thomas Ngijol-Fabrice Eboué. Mais au final, sans être enthousiaste, je n’aurais pas passé un trop mauvais moment.

Jöel et Régis sont deux demi-frères, mais n’ont pas grand chose en commun. Le premier est un glandeur invétéré, qui prend le racisme comme excuse à tous ses problèmes. Le second est conseiller municipal et joue la carte de l’intégration jusqu’à la caricature. Les deux se trouve réunis en Guadeloupe autour de leur père mourant. Ce dernier leur lègue l’acte d’affranchissement de leurs ancêtres esclaves. Déçus de ne pas toucher d’argent, ils déchirent le précieux document, sous les yeux effarés de leur tante. Elle décide alors de les envoyer faire un tour en 1780…

Les Visiteurs au temps de l’esclavage, voilà quel aurait pu être le titre de ce film, qui repose sur même principe que la comédie de Jean-Marie Poiré. Un ressort connu, celui de l’anachronisme, mais qui continuera à faire rire, tant qu’il sera utilisé à bon escient. Dans Case Départ, il est mis en œuvre avec une certaine intelligente, au service d’un propos plein de bonnes intentions, à défaut d’une réelle profondeur.

Cependant, Case Départ souffre d’une limite irrémédiable. Le film est drôle…mais pas plus que cela. Certains gags fonctionnent bien, mais on les a déjà vu pour la plupart dans la bande-annonce. Du coup, les éclats de rire ne sont pas aussi nombreux que ce que l’on aimerait. Ils sont parfois réels, suffisants pour ne pas non plus passer un mauvais moment, mais pas assez pour faire de cette comédie un film culte.

Par contre, on peut reconnaître à Case Départ le mérite d’avoir échappé à une lourdeur trop commune dans ce genre de pure comédie. Pas de pipi-caca, mais quelques blagues en-dessous de la ceinture. Bon, ceux qui me connaissent me trouveraient quelque peu hypocrite si je considérais ça comme rédhibitoire. Seulement, dans ce film, ces gags-là ne sont certainement pas les plus drôles et du coup, ils n’apportent pas grand chose. Mais globalement, l’humour reste surtout situationnel et parfois teinté de second degré.

Case Départ tente aussi, de manière légère, de faire passer un vrai message. Et cela fonctionne plutôt bien, non que le sujet soit traité de manière exceptionnellement pertinente, mais avec tout de même un minimum de recul. En effet, tout le monde en prend pour son grade. Car si le racisme en lui-même est visé, le film se moque aussi allègrement de ceux qui l’utilisent comme excuse pour tout et n’importe quoi et les hypocrites qui se plaignent de ce qu’ils subissent, sans jamais réfléchir deux secondes à ce qu’ils infligent.

casedepartEn fait, Case Départ se démarque des films d’Eric et Ramzy par le fait que ce soit un vrai film, avec une intrigue, des acteurs qui jouent vraiment la comédie et une réalisation professionnelle. Pas d’impression d’assister à une suite décousue de sketchs et pas de cabotinage sans fin et sans aucun contrôle. Alors, certes, ce film n’est pas un chef d’œuvre, ne justifie peut-être pas le prix exorbitant d’une place de cinéma, mais on ne pourra reprocher aux auteurs de s’être moqué du monde.

Casde Départ est évidemment fait pour mettre en valeur le duo formé de Thomas Ngijol et Fabrice Eboué. Ils sont omniprésents à l’écran, mais sans pour autant partir dans des délires improvisés qui peuvent fonctionner dans un spectacle de « stand up comedy », mais jamais au cinéma, qui nécessite un cadre beaucoup plus construit et rigoureux. Ce ne sont peut-être pas le comédiens du siècle, mais il faut admettre que c’est eux qui nous font rire…quand le film nous fait rire.

Case Départ manque peut-être trop d’intensité comique pour être pleinement satisfaisant. Mais une soirée pluvieuse pourra être sans problème être agrémentée par cette comédie qui possède toute de même quelques qualités.

Fiche technique :

Réalisation : Lionel Steketee, Fabrice Éboué et Thomas N’Gijol
Scénario : Fabrice Éboué, Thomas N’Gijol et Jérôme L’hotsky
Décors : Christian Marti
Costumes : Pierre-Jean Larroque
Photographie : Jean-Claude Aumont
Son : Pierre André
Montage : Frederique Olszak
Musique : Alexandre Azaria

Casting :
Fabrice Éboué : Régis
Thomas N’Gijol : Joël
Stéfi Celma : Rosalie
Eriq Ebouaney : Isidore
Étienne Chicot : M. Jourdain
Catherine Hosmalin : Mme Jourdain
David Salles : M. Henri
Franck de la Personne : le curé
Joséphine de Meaux : Joséphine Jourdain
Franck Migeon : Le gendre
Max Baissette de Malglaive : Victor Jourdain
Alain Fromager : Chasseur #1
Sylvain Tempier : Chasseur #2
Michel Crémadès : Isaac
Isabel del Carmen Solar Montalvo : La vieille tante
Doudou Masta : Chef Neg’ Marron
Jean-Claude Duverger : Père Grosdésir
Jean-Yves Rupert : Jocelyn Grosdésir
Vincent Solignac : Le marchand d’esclaves

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