L’EURO ET LA GRECE SAUVES… ET DEMAIN ?

eurosauveIl paraît que la Grèce et l’Euro sont sauvés par des mesures exceptionnelles et uniques. Une faveur historique puisque, promis, juré, craché, on ne renouvellera pas de telles mesures pour le Portugal, l’Espagne ou l’Irlande qui n’en auront pas besoin de toute façon. Enfin, il y a encore quelques jours, on nous racontait que la Grèce pouvait s’en sortir sans certaines des décisions qui ont été prises la semaine dernière.

Mais de quoi au juste a-t-on sauvé la Grèce ? D’une incapacité à faire face à leurs échéances de remboursement. C’est simple, clair et limpide. Mais ce qui est beaucoup plus étonnant c’est que pour leur permettre d’honorer ses engagements, on leur a… prêté de l’argent ! Cela n’est pas étonnant, cela s’appelle une restructuration de la dette, cela se pratique couramment pour les particuliers surendettés. Quoi de plus normal alors !

On a donc substitué des emprunts à 10% par des emprunts à 3,5% (bon, je simplifie un peu). Mais on peut aller se poser une légitime question : comment peut-on prêter de l’argent à 10% ? On n’est pas si loin des taux usuraires, se situant autour de 20%. Le taux de rémunération d’un emprunt se justifie par le risque pris par le prêteur de ne pas être remboursé. Le problème c’est qu’un taux aussi élevé augmente par lui-même le risque de voir l’emprunteur incapable de faire face aux échéances. De plus, cela rend inenvisageable un prêt sur le long terme et cela fait rentrer l’emprunteur dans un cercle vicieux dont il est quasi impossible de se sortir.

La crise de la dette grecque montre bien à quel point l’autorégulation des marchés financiers est une idée qui n’a aucun fondement. Alors bien sûr, les plus acharnés vous raconteront que si on en est arrivé là, c’est que le gouvernement grecque a menti sur la réalité de sa situation. S’il avait été honnête, les taux qu’on lui proposaient auraient été beaucoup plus élevés bien plus tôt et il n’aurait pu abuser de cette façon d’une capacité d’emprunt qui n’existait pas. Mais un système qui ne fonctionne que si tous les acteurs sont parfaitement honnêtes ne peut tout simplement pas fonctionner.

Pourtant, il existe un outil censé donner aux créanciers l’information sur le risque encouru : les agences de notation. Sauf qu’elles ont prouvé depuis longtemps que leurs avis sont aussi fiables que les prévisions météorologiques. Et là encore, on retombe dans les mêmes travers : un emprunteur mal noté ne se verra proposer que des taux très élevés, multipliant ainsi le risque de ne pouvoir le rembourser. On retrouve donc la notion de prophétie auto-réalisatrice qui explique bulles et crises des marchés financiers. Penser que l’on puisse appuyer tout le système financier mondial sur des piliers aussi fragiles est tout simplement irresponsable.

Reste une question : pourquoi aider la Grèce ? Après tout, c’est de leur faute s’ils en sont là. Ils ont abusé des facilités que leur offrait l’Euro et nuisent aux autres membres sans qu’ils y soient pour rien. Enfin pour rien, ce n’est pas si sûr. Personne n’a forcé la Grèce à emprunter autant, mais ni la France, ni encore moins l’Allemagne n’ont craché sur les intérêts touchés par leurs banques et sur les exportations qui ont pris la direction d’Athènes grâce à l’argent emprunté.

Il n’y a pas de formule magique. On peut philosopher sans fin sur la crise grecque, sur les responsabilités des uns et des autres, sur qui doit payer. Mais l’urgence est surtout de faire le nécessaire pour s’en sortir et surtout de rendre impossible le renouvellement d’un tel scénario. Et pour cela, c’est une Europe politique et un vraie gouvernance économique qu’il faut construire. Mais les choses avancent doucement, très doucement, trop doucement.

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