I’M STILL HERE : Les blagues les plus longues sont parfois les meilleures

iamstillhereafficheL’histoire du cinéma est jalonnée d’acteurs qui se sont investis au-delà du raisonnable dans certains rôles. On peut notamment citer les kilos pris par Robert De Niro pour Raging Bull ou au contraire ceux perdus par Michael Fassbender pour Hunger. Joaquin Phoenix a écrit une nouvelle page avec l’incroyable canular à l’origine du faux documentaire I’m Still Here.

En 2008, Joaquin Phoenix, alors que le film Two Lovers s’apprête à sortir sur tous les écrans, annonce qu’il met fin à sa carrière d’acteur pour se lancer dans le hip-hop. Ce changement brutal de vie doit faire l’objet d’un documentaire réalisé par son beau-frère, Casey Affleck. D’abord incrédule, le monde le voit sombrer chaque jour un peu plus, alors que son absence total de talent est de plus en plus criante.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Joaquin Phoenix a joué un rôle pendant deux années entière de sa vie. Pas à l’écran, mais dans son quotidien, où chacune de ses apparitions devaient confirmer ce que chacun avait pris au début pour une simple blague. Il ne s’agissait pas de simplement jouer les rappeurs amateurs, mais bien de se transformer peu à peu en déchet, négligeant chaque jour un peu plus son aspect physique extérieur. Et si vous le trouviez charmant dans Walk the Line ou La Nuit Nous Appatient, attendez-vous à le trouver nettement moins sexy hirsute et barbu.

I’m Still Here est donc un faux documentaire, à l’image de ce que fait Sacha Baron Cohen avec Borat ou Bruno. Un mélange de scènes purement fictives avec des passages où le personnage est confronté avec le « monde réel ». Le moment le plus célèbre repris dans ce film est une interview de Joaquin Phoenix au Late Show with Davin Letterman (genre de Nulle Part Ailleurs de la grande époque américain), où il se montre incapable de formuler des propos cohérents de plus dix mots. Un célèbre moment de télévision qui avait plongé les médias dans la stupéfaction et la consternation.

Evidemment, à chaque scène, on se demande bien qui est complice et qui ne l’est pas. Notamment pour un des moments de bravoure de I’m Still Here, quand Ben Stiller vient lui proposer un scénario et qu’il se voit répondre en gros que son humour, c’est de la mer… Mais au final, cette ambiguïté n’est guère gênante car c’est justement là la force de ce genre de film de démontrer par les faits à quel point chacun est plus ou moins en train de jouer un rôle.

iamstillhereUne grande différence entre I’m Still Here et les films de Sacha Baron Cohen réside dans l’ampleur de l’investissement réalisé par Joaquin Phoenix qui a vraiment changé sa vie pendant deux ans. Cela donne une dimension « historique » à ce film, qui est au final la plus grande blague de potache jamais réalisée. Mais à l’inverse, pour tenir aussi longtemps, il a fallu que tout cela reste très réaliste… Il n’y a donc pas de moments totalement surréalistes comme ceux que l’on peut voir dans Borat. On est donc là face à ce qui est à la fois la grande force, mais aussi la plus grande limite de ce film.

I’m Stil Here s’amuse quand même à égratigner largement le show-bizz et la jet-set. Un milieu très superficiel où Joaquin apparaît comme un grain de sable, car tout doit y rester glamour et respirer l’argent et le succès. Tout cela a d’autant plus de portée que l’acteur a perdu son frère, River Phoenix, star à Hollywood avant lui, d’une overdose. Un drame qui lui a sûrement permis d’acquérir ce recul et ce regard plein de dérision qui lui ont permis de s’engager dans un projet aussi fou.

I’m Still Here reste avant tout une curiosité cinématographique, plutôt qu’un vrai grand moment du 7ème art. Mais on ne pourra que saluer un tel investissement, peut-être un peu vain, mais certainement moins que tout ce à quoi le show-bizz accorde de l’importance.

Fiche technique :
Réalisation : Casey Affleck
Scénario : Joaquin Phoenix et Casey Affleck
Photographie : Magdalena Górka et Casey Affleck
Montage : Dody Dorn
Musique : Marty Fogg
Production : Joaquin Phoenix, Amanda White et Casey Affleck

Casting :
Joaquin Phoenix : lui-même
Antony Langdon : Anton
Carey Perloff : le réalisateur
Larry McHale : lui-même
Casey Affleck : lui-même
Jack Nicholson : lui-même
Billy Crystal : lui-même
Danny Glover : lui-même
Bruce Willis : lui-même
Robin Wright : elle-même
Danny DeVito : lui-même

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