HAPPY HAPPY : Un sourire venu du froid

happyhappyafficheLe cinéma norvégien pourrait être comme son voisin suédois, plutôt synonyme, au moins sur nos écrans hexagonaux, de polars noirs et sombres. Mais c’est au contraire plutôt sous la forme de comédies pétillantes et réussies qu’il vient nous rendre visite. Enfin, cela reste un phénomène plutôt rare, mais on avait déjà pu apprécier il y a quelques temps Cops, une parodie de film policier hilarante. Si Happy Happy est peut-être plus axé second degré, il n’en constitue pas moins un vrai sourire venu du froid.

Kaia et Eirik vivent plutôt isolés dans le sud de la Norvège. Ils sont donc particulièrement heureux de voir débarquer de nouveaux voisins, Elisabeth et Sivge. Ils viennent de la ville, semblent très cultivés, heureux et épanouis. Bref, un couple idéal qu’ils vont tout de suite admirer et quelque peu envier. Sauf qu’il va s’avérer pas aussi idéal que cela.

Le synopsis aurait pu être celui d’un film dur et dramatique. Il n’en est rien, tant Happy Happy est léger et enjoué. Il s’agit d’une vraie comédie, non dénuée d’une certaine réflexion, mais qui tire plutôt sur le marivaudage. On parle de vrais problèmes de couple, mais sans dramatiser et en gardant le recul nécessaire pour que l’on rit de ce que l’on voit. Bien sûr, on peut parfois rire un peu jaune si on se reconnaît dans certaines situations, mais comme jamais le film ne prend ne devient méchant, on pourra quand même rire de bon cœur.

Le ton du film est un mélange détonnant de corrosif et de tendresse. On apprend vite à aimer les personnages, même si on se moque parfois de leurs états d’âme et de leurs réactions. Certains passages un peu acides ou désabusés sont vite contrebalancés par une humanité profonde. Si les travers des protagonistes sont mis en avant pour faire rire, ils restent tout simplement des travers humains. A la fois, si les personnes parfaites étaient supportables, ça se saurait ! On préférera nettement la compagnie des deux couples de Happy Happy.

On rit beaucoup devant Happy Happy. L’humour est surtout situationnel, rarement premier degré, mais cela n’empêche pas le spectateur de s’exprimer régulièrement par le biais de ses zygomatiques. Le film ne faiblit jamais de rythme et son format assez court permet vraiment de garder l’intérêt du spectateur de bout en bout. Le film aurait pu facilement traîner en longueur et tourner en rond dans son propos. Il n’en est rien et ce n’est pas la dernière de ses qualités.

happyhappyIl y a aussi dans Happy Happy un regard critique sur la société traditionnelle norvégienne. Là encore, cela reste drôle et assez tendre. Pour un étranger qui connaît très peu ce pays, cela est parfois difficile à saisir, même s’il est évident que le film cherche à faire passer un message sur le manque d’ouverture, sur la frustration que cela engendre et les comportements ridicules pour contourner des interdits qui n’ont pas vraiment de raison d’être. Les personnages finiront pas se libérer d’un carcan, cela représente un axe fort du film, même si on a parfois du mal à mesurer à quel point il est général à la société norvégienne ou spécifique aux personnages.

Happy Happy met en valeur quatre acteurs de grande valeur. On remarquera surtout Agnes Kittelsen et Henrik Rafaelsen dont les personnages sont les plus attachants et les plus sympathiques. La qualité de l’interprétation leur offre une grande crédibilité, sans laquelle le film ne marcherait pas aussi bien. Mais n’oublions pas Joachim Rafaelsen et Maibritt Saerens qui, même s’ils sont un tantinet plus en retrait, contribuent aussi largement à la réussite de ce film.

Au final, Happy Happy est une comédie rafraîchissante, dont on sort le sourire aux lèvres, le cœur léger, en se disant que les rapports humains ont infiniment plus de raison d’être source de joie et d’épanouissement que de tension et de peine.

Fiche technique :
Réalisation : Anne Sewitsky
Scénario : Ragnhild Tronvoll
Photographie : Anna Myking

Casting :
Agnes Kittelsen : Kaia
Joachim Rafaelsen : Eirik
Maibritt Saerens : Elisabeth
Henrik Rafaelsen : Sigve
Oskar Hernæs Brandsø : Theodor
Ram Shihab Ebedy : Noa

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