BLACKTHORN : Western crépusculaire et andin

blackthornafficheButch Cassidy est une des figures les plus mythiques de l’Ouest américain. Avec son complice Harvey Logan, dit le Kid, il a connu une carrière criminelle des plus brillantes à la fin du XIXème siècle. L’histoire voudrait qu’ils soient morts en 1908, alors qu’ils avaient fui en Bolivie. Cependant, des tests ADN effectués en 1991 tendraient à prouver que les deux cadavres n’étaient pas ceux des deux fameux bandits, confirmant ce que la sœur de Butch Cassidy a écrit dans ses mémoires. On peut donc tout imaginer quant à la fin de sa vie.

James Blackthorn est un Américain, éleveur de chevaux qui vit au fin fond de la Bolivie. Il entretient une correspondance avec une jeune garçon, qui est peut-être son fils, mais qu’il n’a jamais vu. L’âge avançant, il décide de vendre sa ferme et de revenir aux Etats-Unis pour enfin le rencontrer. Mais sur sa route, il croise une ingénieur espagnol, qui a volé de l’argent à un des plus importants propriétaires miniers du pays. Ce dernier finira par découvrir le secret de James, qui est en fait le célèbre Butch Cassidy, et l’entraîne dans une dernière aventure.

Blackthorn est donc un western… mais n’en est pas un. Il ne se déroule pas aux Etats-Unis et non au XIXème siècle, mais dans les années 30. Pourtant, on retrouve beaucoup des éléments qui ont fait la légende du genre, à commencer par le personnage principal bien sûr. On est donc dans le western crépusculaire, à la Impitoyable, où les héros ont vieilli et porte un regard quelque peu désabusé sur leur passé. Ce film n’est donc ni aussi original, ni aussi classique qu’il pourrait en avoir l’air à première vue.

En fait, le seul défaut de Blackthorn, c’est justement de ne pas être Impitoyable, auquel il fait forcément penser. Mais on peut le lui pardonner aisément et apprécier ce film à sa juste valeur. Un scénario qui mêle situations classiques et quelques rebondissements particulièrement inattendus est particulièrement solide. De beaux duels à coups de pistolet qui, même dans une montagne verdoyante, ressemblent forcément à ceux des grandes plaines de l’Ouest. La photographie est elle-aussi très soignée, nous permettant de découvrir que les déserts boliviens n’ont rien à envier aux décors plus habituels des westerns. On n’en sort donc pas forcément bouleversé, mais au moins, le spectateur en a pour son argent.

blackthornBlackthorn repose beaucoup sur la relation entre les deux personnages principaux. Le premier vieux routier un peu bougon, l’autre jeune imprudent embarqué dans une aventure qui le dépasse. Là encore, cela ne brille pas par une originalité délirante. Mais là encore, ce n’est guère gênant car cela constitue un fil rouge, une trame narrative, sans que le scénario ne se livre à une analyse psychologique super profonde, qui aurait de toute façon déjà senti le déjà-vu. Le film reste avant un tout un film d’aventures.

Blackthorn offre à Sam Shepard un rôle à sa mesure. Il n’a peut être plus tout à fait à l’étoffe des héros, mais il porte encore le chapeau de cow-boy comme personne. Il entre totalement dans la peau de son personnage, qui doit quelque part de toute façon lui ressembler… l’aspect criminel en moins. Face à lui, un excellent Eduardo Noriega. Certes, il est un peu dans l’ombre de son illustre aîné, mais c’est aussi le rôle qui veut ça.

Au final, Blackthorn n’a peut-être pas totalement exploité le potentiel de l’idée de départ. Mais il reste un film élégant et agréable à suivre.

Fiche technique :
Production : Arcadia Motion pictures, Aiete-Ariane Films, Quickfire, Pegaso Producciones, Noodles prod, Buena Suerte, Eter pict., Nix
Distribution : Bac films
Réalisation : Mateo Gil
Scénario : Miguel Barros
Montage : David Gallart
Photo : Juan Ruiz Anchia
Musique : Lucio Godoy
Directeur artistique : Juan Pedro de Gaspar
Durée : 92 mn

Casting :
Sam Shepard : James Blackthorn
Eduardo Noriega : Eduardo Apodaca
Stephen Rea : Mackinley
Padraic Delaney : Sundance Kid
Nikolaj Coster-Waldau : James, jeune
Cristian Mercado : Le général de l’armée bolivienne
Daniel Aguirre : Ivan

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