HABEMUS PAPAM : Habemus grand film

habemuspapamafficheNani Moretti est un réalisateur qui ne m’a jamais convaincu. Bon, j’avoue que j’ai jamais osé regarder Palombella Rossa, que tout le monde autour de moi a toujours qualifié de sommet de l’ennui. J’avais par contre aimé la Chambre du Fils, Palme d’Or au Festival de Cannes, même si je n’avais pas vraiment fait preuve du même enthousiasme que bien des spectateurs et des critiques. Mais cette fois-ci, je dois avouer qu’il nous offre avec Habemus Papam un des meilleurs films de l’année.

Le Pape vient de mourir. Les cardinaux se rassemblent et se coupent du monde pour former le conclave chargé de désigner son successeur. Après plusieurs tours de vote qui n’ont pu départager les favoris, les suffrages se portent soudainement massivement sur le Cadirnal Melville. Mais ce dernier, au moment d’apparaître au balcon face à la foule attendant sur la Place St Pierre est frappé d’une profonde dépression. La foule attendra… Les cardinaux aussi, car tant que le Pape n’est pas connu du monde extérieur, le conclave se poursuit.

Habemus Papam part d’une idée un peu folle, mais pas si impensable que ça. En effet, il n’est pas si rare que les grands de ce monde fondent les plombs. Evidemment, c’est la dernière chose que l’on attend d’un Pape, mais d’une autre côté, il reste un homme… C’est d’ailleurs là tout le message de ce film qui porte un regard sévère sur l’institution, mais si tendre sur les hommes qui la composent. Le tout est réalisé avec beaucoup d’humour, infiniment de subtilité et d’intelligence et sans jamais laisser place à l’ennui.

Habemus Papam est donc un film réjouissant et enjoué. Un peu plus d’une heure et demi, c’est juste ce qu’il faut pour conserver légèreté et rythme. Nani Moretti ne surexploite aucune de ses nombreuses très bonnes idées. Son message est simple et direct, sans fioritures inutiles, délivré par un merveilleux humour humaniste. On est là face à une vraie comédie. Un tournoi de volley organisé entre les cardinaux dans la cours du Vatican tient lieu de morceau de bravoure à un film vraiment surprenant, qui sait manier aussi bien l’humour visuel que situationnel. De vrais éclats de rire donc, au service d’un message puissant.

Il y a deux histoires en parallèle dans Habemus Papam. Celle de ce Pape, partagé entre le désir de fuite et la volonté de trouver la force d’accomplir sa mission et celle de ce psychanalyste, enfermé avec les cardinaux et qui va les pousser à sortir du carcan dans lequel leur fonction les enferme pour qu’ils retrouvent une humanité et une spontanéité quelque peu enfouies. Une est plus intimiste, l’autre est plus exubérante. Mais les deux sont traités avec le même bonheur, la même intelligence et toujours le même humour.

habemuspapamHabemus Papam n’est donc en rien une sorte de parodie de la vie au Vatican. Nani Moretti ne cherche pas à se moquer ou à ridiculiser. Le rire est ici toujours porteur de sens. Il y a chez lui une infinie tendresse envers ses personnages. Certes, on sent chez lui la critique au final assez dure d’une institution dont il dénonce sans en avoir l’air le caractère hautement théâtral et étouffant. Mais au final, il ne blesse personne, car il n’y a pas de méchants et de gentils, simplement des êtres humains ayant parfois envie d’échapper au poids de responsabilités qui finissent trop souvent par les rattraper. Quant à la conclusion… Je n’en dirai rien, sauf qu’elle navigue entre optimisme et pessimisme et consitue une parfaite conclusion à un film d’une rare intelligence (bon je sais, je me répète un peu…).

Le film est merveilleusement interprété par l’ensemble du casting. On retiendra avant tout les performances de deux stars de Habemus Papam. Michel Piccoli n’est peut-être plus tout jeune et de plus en plus rare à l’écran. Mais quantité n’est pas qualité, ce film en est la preuve. Ce rôle restera sûrement un de plus marquants d’une carrière pour lequel le qualificatif d’immense est encore loin de la réalité. Mais le vrai détonateur de ce film est Nani Moretti lui-même, absolument époustouflant, drôle et véhiculant une formidable énergie. On peut donc saluer son formidable talent à double titre.

Habemus Papam est donc un film drôle et réjouissant, formidablement intelligent, surprenant et parfaitement réalisé. Bref un vrai grand moment de cinéma.

Fiche technique :
Production : Sacher film, Fandango, Le Pacte
Réalisation : Nanni Moretti
Scénario : Nanni Moretti, Francesco Piccolo, Federica Pontremoli
Montage : Esmeralda Calabria
Photo : Alessandro Pesci
Décors : Paolo Bizzarri
Distribution : Le Pacte
Son : Alessandro Zanon
Musique : Franco Piersanti
Durée : 102 mn

Casting :
Michel Piccoli : le pape
Nanni Moretti : le psychanalyste
Jerzy Stuhr : le porte parole
Margherita Buy : la psychanalyste
Renato Scarpa : Cardinal Gergori
Franco Graziosi : Cardinal Bollati

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