LE SKYLAB : Le satelitte plonge, le film coule

leskylabafficheLe cinéma souffre parfois d’un fléau terrible : la mauvaise bande-annonce. Vous me direz un bon film reste un bon film et inversement. Seulement, le plaisir de voir une œuvre pour la première fois n’est pas le même que celui de le revoir. Alors une bande-annonce qui en dit trop, qui nous livre tous les rebondissements, qui nous montre les moments les plus drôles, qui désamorce tous les moments de tension narrative peut largement gâcher le plaisir. C’est pourquoi ceux qui ont réalisé celle de Le Skylab mériterait d’être lapidés à coups de figues molles !

1979, grande année puisque j’y suis né. Mais c’est aussi à ce moment qu’un beau jour de juillet, toute la famille se retrouve autour de la grand-mère en Bretagne. Oncles, tantes, cousines et cousins vont participer à ce grand raout familial, où se mêlera embrassades et engueulades.

Bon, j’ai rédigé mon introduction contre les auteurs de la bande-annonce de Le Skylab, mais avouons-le tout net, ce film n’avait pas besoin de cela pour être extrêmement décevant, pour ne pas dire totalement dénué d’intérêt. Simplement, les rares moments où le film éveille un minimum d’intérêt et les idées les plus originales figurent tous dans la bande-annonce. Du coup, si, comme moi, vous l’avez vu, revu, et rerevu, il ne vous restera plus rien. A chaque début de scène, vous saurez où cela aboutira, rendant ainsi encore plus interminable un film qui s’étire déjà désespérément en longueur.

Réaliser un film sans intrigue, sous la forme d’une chronique familiale est un exercice périlleux. Sans fil rouge, l’ennuie guette vite et il faut multiplier les trouvailles, les moments drôles, émouvants ou magiques et surtout rendre les personnages attachant dès les premiers instants. Or, Julie Delpy ne multiplie rien et nous décrit une famille à laquelle on n’a pas une seule seconde envie d’appartenir. J’avais déjà détesté, mais alors vraiment détesté, son premier film, 2 Days in Paris. La Comtesse m’avait par contre beaucoup plu, mais ce Le Skylab me fait à nouveau fortement douter sur son potentiel de réalisatrice.

Le Skylab joue à fond la carte de la nostalgie. Il est évident que dans ce film Julie Delpy nous raconte une partie de sa propre enfance. Mais je ne sais pas si les gens qui ont vraiment connu cette époque trouveront vraiment une quelconque raison de s’enthousiasmer. Car la réalisatrice ne nous raconte en fait rien. Limiter son scénario au récit d’une seule et même journée ne permet pas de développer de vraies intrigues parallèles, de voir une quelconque évolution dans les rapports entre personnages, bref de donner un tantinet d’épaisseur narrative à un film qui reste dramatiquement purement descriptif, aux scènes interminables dénuées de rythme.

leskylabLe Skylab nous présente un grand nombre de personnages, plus ou moins réussis, plus ou moins sympathiques. Mais le moins domine largement le plus. Caricaturaux et sans relief, ils ne permettent ni l’attachement, ni l’identification. Entre le para traumatisé et l’Espagnol obsédé sexuel, difficile de choisir celui qui nous laisse le plus dubitatif. Je ne sais pas s’ils sont tous inspirés de personnages que Julie Delpy a pu croiser au cours de son existence, mais une choses est sûre, je n’ai aucune envie de connaître les originaux.

Qui dit galerie de personnages dit galerie d’acteurs. Le Skylab ne représentera pour aucun des comédiens le rôle de leur vie. Pour la plupart, ils baignent dans la médiocrité du film et n’arrivent pas à donner une âme aux protagonistes. Mais encore une fois, c’est le scénario qui est avant tout à blâmer. Le seul à surnager quelque peu est le jeune Vincent Lacoste qui ne sombre pas avec le film, comme cela avait pu être le cas pour Les Beaux Gosses.

Au final, Le Skylab se révèle raté et sans intérêt. Ca fait beaucoup pour un seul film…

Fiche technique :
Production : The Film, France 2 Cinéma, Mars Film, Tempête sous un crâne production
Distribution : Mars distribution
Réalisation : Julie Delpy
Scénario : Julie Delpy
Montage : Isabelle Devinck
Photo : Lubomir Bakchev
Décors : Yves Fournier
Musique : Matthieu Sibony
Costumes : Cristina Mirete
Durée : 113 mn

Casting :
Lou Alvarez : Albertine
Julie Delpy : Anna
Eric Elmosnino : Jean
Aure Atika : Tante Linette
Noémie Lvovsky : Tante Monique
Bernadette Laffont : Mamie
Vincent Lacoste : Christian
Valérie Bonneton : Tante Micheline
Albert Delpy : Tonton Hubert

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