FAUX REBOND (Harlan Coben) : Invraisemblances divertissantes

fauxrebondA défaut d’être de grands auteurs à la plume puissante, prêts à s’attaquer aux sujets les plus graves et les plus complexes, de nombreux écrivains se contentent d’être tout simplement de formidables narrateurs. Savoir raconter une histoire n’est pas donné à tout le monde et on connaît tous des gens qui savent transformer la moindre anecdote insignifiante en récit passionnant et d’autres incapables de vous intéresser aux sujets qu’ils abordent quels qu’ils soient. Harlan Coben fait incontestablement partie de la première catégorie.

Faux rebond, troisième tome des aventures de Myron Bolitar est là pour le prouver.Myron Bolitar aurait du devenir une star du basket sans une vilaine blessure à l’aube de sa carrière. A la place, il est devenu mi-agent sportif, mi-détective privé. Alors quand, dix ans plus tard, Clip Arntein, directeur des New Jersey Dragons, lui propose de revenir sur les parquets, c’est inespéré. Mais il y a évidemment une contrepartie. L’obligation d’enquêter sur la disparition mystérieuse de la star de l’équipe, et ancien grand rival de Myron au temps de l’université, Greg Dowming.

Autant le dire tout de suite, Faux Rebond est sûrement un des romans les plus invraisemblables que je n’ai jamais lu. Ca ne tient pas de debout une seule seconde, tout y est aussi réaliste qu’une victoire de Arles-Avignon en Ligue des Champions. Le coup de « vous n’avez pas joué depuis dix ans, mais ce soir, vous êtes sur un parquet de NBA » peut vraiment faire rire… mais voilà, on s’en fout, car malgré tout, cela fonctionne.

Faux Rebond est donc une manifestation de ce que j’appelle toujours « le phénomène James Bond », c’est à dire la capacité d’une histoire qui défie toutes les lois des probabilités à divertir car assez bien construite pour que l’on pardonne toutes les incohérences. C’est là que l’on voit le génie de Harlan Coben, ce petit plus qu’il fait qu’il sort du lot dans un genre littéraire où les auteurs se bousculent quelque peu au portillon. Son humour, son sens du second degré aide largement à faire oublier tout ce qui défie la vraisemblance.

Après, soyons clair, Faux Rebond n’est sûrement pas ce que Harlan Coben a écrit de meilleur. C’est un peu moins bien que Balle de Match, le volet précédent de la série Myron Bolitar. Mais globalement, ça reste de très bonne facture, c’est terriblement divertissant et se lit avec une facilité déconcertante. Ce n’est définitivement pas de la grande littérature mais ça glisse tout seul, comme le bon jus de pomme, même s’il n’aura jamais rien à voir avec un grand vin. On retrouve avec plaisir les personnages de la série, toujours aussi attachants. Bref, ce n’est pas la pierre angulaire de la série, mais une jolie pierre à l’édifice.

Pour arrêter les métaphores à trente centimes d’euros et pour être plus précis, ce qui pêche un tantinet dans Faux Rebond, c’est le suspense qui s’étiole un peu au fur et à mesure. Non pas que l’on devine le dénouement mot de l’histoire des dizaines de pages avant la fin, disons plutôt qu’on se désintéresse quelque peu de l’intrigue principale pour plutôt se focaliser sur les histoires parallèles. Du coup, le récit part un peu dans tous les sens et on a du mal à être totalement passionné. On est donc loin d’un Ne le Dis à Personne.

Balle de Match est donc à conseiller à tous ceux qui aiment les polars légers, qui se lisent facilement, mais qui ne grave pas durablement les mémoires.

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