DRIVE : Trop de perfecton tue la perfection

driveafficheDans la série des introductions que j’ai déjà faite mille fois, voici le retour de « on m’avait dit tellement bien d’un film qu’au final, j’ai été déçu ». Cette fois-ci, c’est pour le film Drive, prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes. Des critiques dithyrambiques, des avis d’amis enthousiastes, je me suis rendu dans mon cinéma plein d’espoir. Mais au final, j’ai surtout pu me rendre compte à quel point une critique repose aussi en grande partie sur des éléments subjectifs.

Cascadeur le jour, chauffeur pour des braquages la nuit, il mène une vie solitaire et se montre rarement bavard. Mais un jour, il croise sur son palier, Irène, et son petit garçon. Le début d’une série d’évènements qui vont tout faire basculer.

Pour cette critique, je vais donc procéder en deux parties, l’une objective, l’autre beaucoup plus subjective. Je commencerai donc par dire qu’il est incontestable que le prix reçu à Cannes par Drive est amplement mérité. En effet, la réalisation et la photographie sont tout simplement extraordinaires et ce, dès la première scène qui nous met tout de suite dans l’ambiance. Il n’y a pas un seul plan qui ne soit parfaitement à sa place, dans le bon cadrage, dans le bon timing, avec la bonne lumière, avec, en fond, la musique idéale. Le travail de Nicolas Winding Refn est en tout point remarquable, surtout qu’il arrive en même temps à créer une ambiance visuelle un rien rétro, hommage au cinéma des années 80, sans pour autant tomber dans la caricature.

Drive se démarque aussi par un scénario particulièrement intéressant, bien plus en tout cas que ne peut le laisser penser le pitch. Un film noir à la tension constante, aux rebondissements inattendus et surtout aux personnages particulièrement fouillés. Une histoire solide, à tel point que le film se déroule sur un rythme constant, mais jamais frénétique, sans pour autant provoquer ne serait-ce qu’une seule seconde d’ennui chez le spectateur. On est là face à l’antithèse des films d’action façon clip vidéo. Un film que n’aurait donc jamais produit Luc Besson…

Drive est aussi porté par la magistrale interprétation de Ryan Gosling qui devient peu à peu les nouvelle coqueluche de Hollywood. C’est un vrai bonheur de le voir interpréter un rôle aussi diamétralement opposé à celui qu’il occupait dans Crazy, Stupid, Love, mais avec le même charisme, la même présence, la même justesse, bref le même talent. Mais à ces côtés, la jeune Carey Mullingan, étoile montante elle-aussi, n’est pas en reste dans un casting globalement brillant. On se réjouira notamment d’y voir le beaucoup trop rare Ron Perlman… et la sublime Christina Hendricks.

driveBon voilà, j’en ai fini avec l’objectif. Place au subjectif. Si Drive possède d’immenses qualités, il ne m’a inspiré qu’une admiration distante. Tout y est presque parfait, mais aussi parfait qu’une toile de maître accrochée au mur d’un musée. J’étais là devant l’écran, ébloui par tant de talent, mais jamais je n’ai eu l’impression de rentrer dans ce film. Nicolas Winding Refn possède une virtuosité cinématographique à laquelle peu de réalisateurs peuvent prétendre. Il y a un peu de Tarantino là-dedans, avec ces références et cette réinvention permanentes, mais ce dernier sait toujours jouer avec le spectateur pour en faire un complice. Rien qui ne ressemble à cela ici.

Tout cela contribue à une sorte de décalage avec ce récit très noir et une forme plus proche des beaux-arts. Je pense ne pas avoir été le seul dans la salle à être quelque peu décontenancé. Pour preuve, des éclats de rire de certains spectateurs à des moments où cela ne s’y prêtait pas forcément. On peut considérer que cela contribue à faire de Drive un film au ton résolument surprenant, mais aussi qu’à force de ne pas savoir où se situer, on en oublie de se laisser porter par le film jusqu’à l’enthousiasme.

Vous l’aurez compris, Drive m’a inspiré des sentiments quelque peu mêlés. Mais il est certain que pour ceux qui sont vraiment parvenus à entre dans ce film, le voyage a du être magnifique, tant les qualités artistiques de ce film sont hors du commun. Ce ne fut pas mon cas. Dommage pour moi.

Fiche technique :
Production : Filmdistrict pictures, Bold films, Oddlot entertainmen
Réalisation : Nicolas Winding Refn
Scénario : Hossein Amini, d’après le livre de James Sallis
Montage : Matt Newman
Photo : Newton Thomas Sigel
Décors : Beth Mickle
Distribution : Wild side films, le pacte
Musique : Cliff Martinez
Durée : 100 mn

Casting :
Ryan Gosling : The Driver
Carey Mulligan : Irene
Ron Perlman : Nino
Albert Brooks : Bernie Rose
Christina Hendricks : Blanche
Oscar Isaac : Standard Guzman

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