POULET AUX PRUNES : On est jamais aussi bien servi que par soi-même

pouletauxprunesafficheOn n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Voici un adage auquel Marjane Satrapi doit adhérer puisqu’elle a pris la très bonne habitude (vue la qualité du résultat) d’adapter elle-même ses bandes-dessinées au cinéma. Elle l’avait fait sous forme d’un film d’animation pour le formidable Persepolis, là voilà cette fois avec un film tourné avec de « vrais » acteurs : Poulet aux Prunes.

Nasser Ali est désespéré. Violoniste, on vient de lui briser son instrument et il semble incapable d’en retrouver un qui lui convienne. Alors, il décide de mourir. Trouvant, toute forme de suicide trop douloureuse, il se contente de s’allonger dans le noir et d’attendre que la mort le prenne. Elle viendra 8 jours plus tard, le temps de découvrir quel est vraiment son histoire.

Poulet aux Prunes est une fable, un conte, appelons-cela comme on le souhaite. Une très belle histoire en tout cas, une histoire triste, une histoire d’amour. Marjane Satrapi met dans son récit une poésie envoûtante et aussi délicieuse qu’un met oriental. En nous montrant très vite quel sera le dénouement, elle évite un faux suspense et l’émotion facile. Ce film est un puzzle qui nous fait découvrir pièces après pièces ce qui a bien pu conduire cet homme à vouloir quitter la vie. Car vous l’imaginez bien, l’explication ne tient pas que dans un violon…

Comme tout film puzzle, Poulet aux Prunes est parfois un peu inégal. On met un peu de temps à entre totalement dans cette histoire et certains passages laissent plus froid que ce qui était voulu et certains apartés semblent parfois quelque peu superflus. Mais paradoxalement, c’est aussi du à la remarquable intelligence d’un scénario qui semble dans un premier temps décousu, avant que toutes les pièces ne finissent pas s’assembler pour rendre le tout parfaitement cohérent. Une fois le flou du début estompé, on entre totalement dans cette histoire et on se laisse totalement pénétrer par l’émotion.

pouletauxprunesVisuellement, Poulet aux Prunes fait aussi preuve de beaucoup d’imagination et de poésie. Si la majeure partie du film est tourné « normalement », certains passages sont sous forme d’animation et certains plans larges apparaissent en partie dessinés, sans que l’on cherche vraiment à nous le cacher. Personnellement, je n’ai pas lu la bande-dessinée, mais on sent bien que Marjane Satrapi a vraiment voulu conserver son esprit aussi bien visuel que narratif. A la fois, elle était la mieux placée pour le faire.

Pour Poulet aux Prunes, Marjane Satrapi a réuni un casting plus que prestigieux. Rien que la présence de Matthieu Almaric à l’écran pourrait suffire, tant cet acteur est capable de porter à lui tout seul un film sur ses épaules. Mais il est parfaitement secondé par Edouard Bear qui est un parfait narrateur. Ce film nous permet également d’admirer l’immense talent de la beaucoup trop rare Maria De Medeiros. On notera également les très belles apparitions de Djamel Debouzze, Chiara Mastroianni et Isabella Rosselini, rien que ça…

Poulet aux Prunes est donc un très beau film mêlant rire et tristesse, poésie et belle histoire, le tout dans un emballage visuel très imaginatif. Une nouvelle grande réussite pour Marjane Satrapi donc !

 

Fiche technique :
Production : Celluloïd Dreams, The Manipulators, uFilm, Studio 37, Le Pacte, Lorette productions, Arte France Cinéma
Distribution : Le Pacte
Réalisation : Marjanne Satrapi, Vincent Paronnaud
Scénario : Marjanne Satrapi, Vincent Paronnaud, d’après la BD de Marjane Satrapi
Montage : Stéphane Roche
Photo : Christophe Beaucarne
Décors : Udo Kramer
Son : Gilles Laurent
Musique : Olivier Bernet
Durée : 91 mn

 

Casting :
Mathieu Amalric : Nasser Ali
Maria De Medeiros : Faringuisse
Golshifteh Farahani : Irâne
Edouard Baer : Azraël
Eric Caravaca : Abdi, le frère
Chiara Mastroianni : Lili adulte
Rona Hartner : Soudabeh
Jamel Debbouze : le mendiant et Houshang
Isabella Rossellini : Parvine

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