L’EXERCICE DE L’ETAT : Exercice périlleux

lexercicedeletatafficheDécidément, la dernière semaine fut celle des films politiques avec d’un côté les Marches du Pouvoir de George Clooney et de l’autre l’Exercice de l’Etat de Pierre Schoeller. L’occasion de voir comme un même sujet peut être traité de manière différente d’un côté et de l’autre de l’Atlantique. Mais si les formes diffèrent quelque peu, la conclusion reste la même. Et elle n’est guère rassurante.

Bertrand Saint-Jean est une star montante de la politique française. Ministre des transports, il doit son ascension à son seul talent, sans implantation locale et sans réseau très développé. Il reste un homme tenace attaché à ses convictions. Mais alors que la prochaine élection approche, les grandes manœuvres politiques commencent au sein du gouvernement et vont vite le placer devant des choix impossibles.

Si les Marches du Pouvoirs se basait sur une intrigue solide pour nous dépeindre un milieu et des personnages, l’Exercice de l’Etat se focalise avant tous sur les hommes, leurs sentiments, leurs relations. Cependant, il s’appuie sur un fil rouge narratif tout ce qu’il y a de plus consistant et si le côté polar n’est pas vraiment présent, on se demande bien comment tout cela va finir. La conclusion surviendra après plusieurs rebondissements et beaucoup de péripéties.

L’Exercice de l’Etat nous parle donc dont fonctionnent les élites politiques. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’en dresse pas un portrait très glorieux, même si s’il ne s’agit absolument pas ici d’un pamphlet. Simplement, il nous montre sans détours comment le pouvoir et la volonté de le conserver peuvent influencer les comportements. Après, il reste des hommes, avec leurs faiblesses et leurs contradictions. Pierre Schoeler ne cherche pas à juger, simplement à mieux nous faire comprendre comment tout cela fonctionne et à quel point il est difficile de survivre en dehors du système.

L’Exercice de l’Etat a ceci de passionnant qu’il ne nous emmène pas du tout là où on s’y attendait. De ce point de vue là, il est beaucoup moins prévisible que les Marches du Pouvoir. Car en se focalisant sur l’humain, il se focalise sur le maillon le plus imprévisible du système. Après tout, on sait à peu près tous comment cela fonctionne, consacrer tout le film à le décrire n’aurait pas apporter grand chose. Par contre, nous montrer comment les uns et les autres vivent cette obligation inexorable de s’y plier a offert à ce film un sujet beaucoup plus original et intéressant. Il n’y a pas ici de bons ou de méchants, simplement des hommes qui essayent de faire de leur mieux entre leurs idéaux et la nécessité d’être au pouvoir pour agir.

lexercicedeletatL’Exercice de l’Etat jouit d’une réalisation sobre, mais sûrement pas sans talent. Pierre Schoeler possède un vrai sens de la mise en scène. Ce film est tout sauf statique et même si les intrigues sont de couloir, le montage est assez nerveux pour créer une vraie tension. Tout est feutré, dans le non-dit dans ce milieu et on ressent ici parfaitement comment tout est en fait en ébullition permanente, jamais très loin de l’explosion.

L’Exercice de l’Etat offre sans doute un de ses plus grands rôles à Olivier Gourmet. Comme quoi, il fallait sûrement un acteur belge pour personnaliser les arcanes du pouvoir français. A moins que ça soit la crise politique en Belgique qui l’ait inspiré. Enfin, il n’empêche qu’il est en tout point excellent. A ses côtés, Michel Blanc confirme qu’il est loin le temps de Jean-Paul Dusse… enfin si on oublie les Bronzés 3… En tout cas, on le préfèrera dans ce rôle-ci ! Enfin, c’est toujours un plaisir de voir à l’écran Zabou Breitman, actrice que j’aime personnellement beaucoup.

L’Exercice de l’Etat confirme la bonne santé actuelle du cinéma français. Un film riche, remarquablement construit, qui à défaut d’apporter un œil vraiment neuf sur la politique, peut nous permettre de mieux comprendre ceux qui la font.

  

Fiche technique :
Production : Archipel 35, Les Films du Fleuve, Belgacom, France 3 Cinéma, RTBF
Réalisation : Pierre Schoeller
Scénario : Pierre Schoeller
Montage : Laurence Briaud
Photo : Julien Hirsch
Décors : Jean-Marc Tran Tan Ba
Distribution : Diaphana Distribution
Son : Olivier Hespel
Musique : Philippe Schoeller
Maquillage : Michelle Constantinides
Durée : 112 mn

 

Casting :
Olivier Gourmet : Bertrand Saint-Jean
Michel Blanc : Gilles
Zabou Breitman : Pauline
Sylvain Deblé : Martin Kuypers
Jacques Boudet : Le sénateur Juillet
Didier Bezace : Woessner
Laurent Stocker : Yan
Arly Jover : Séverine

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