HUGO CABRET : Un magnifique cadeau de Noël offert par Martin Scorcese

hugocabretafficheOn peut inventer quelque chose destiné à connaître un succès mondial et sombrer soi-même dans l’oubli. La gloire ne va pas à ceux qui inventent, mais ceux qui savent se vendre. Steve Jobs en est la meilleure preuve. George Méliès en est une autre. A l’aube du 20ème siècle, il fut un des tous premiers cinéastes de l’histoire, le premier à créer des effets visuels pour faire vivre son imaginaire. Si aujourd’hui, on connaît avant tout son Voyage dans la Lune et la fameuse fusée plantée dans l’œil de notre satellite, l’homme a aussi connu de longues périodes d’oubli total, y compris de son vivant. Il ne pourra plus en être ainsi, grâce à ce merveilleux cadeau de Noël que nous offre Martin Scorcese avec son dernier film, Hugo Cabret.

Hugo Cabret est un orphelin qui vit caché dans les combles d’une gare parisienne dont il remonte les pendules. Le reste du temps, il essaye de réparer un automate que lui a laissé son père, à partir du carnet de notes de ce dernier. Le document tombe un jour dans les mains d’un vieil homme qui vend des jouets dans l’enceinte de la gare et qui est bouleversé par cette découverte. Il refuse d’expliquer pourquoi et de rendre le carnet au jeune garçon. Quels peuvent être les liens entre tous ces éléments ? Hugo va se mettre en quête des réponses qui pourront peut-être l’aider à comprendre les raisons de la mort de son père.

Hugo Cabret rend hommage à George Méliès, sans que ce dernier en soit le personnage principal. Ce n’est donc pas un biopic, mais une histoire où son œuvre joue un rôle important. D’ailleurs, le film prend un certain nombre de libertés avec la véracité historique, mais cela n’a guère d’importance. Surtout qu’il nous offre au final une formidable déclaration d’amour au cinéma en général, à la manière dont il donne vie à l’imaginaire et aux rêves les plus fous. Il nous ramène à l’émerveillement enfantin que provoque le cinéma, parfois enfoui sous une intellectualisation d’adulte, mais qui est la source de toute passion pour le cinéma.

Certains n’y verront que sentiments puérils, d’autres sauront y voir la trace d’une émotion éternelle, intemporelle, sans âge et surtout ô combien précieuse. George Méliès est le premier à l’avoir ressenti et le premier à l’avoir partagé, bien avant que la notion même de marketing ne soit inventé. Ce film m’a fait le même effet que « la Dernière Séance », la chanson d’Eddy Mitchell. Ces deux œuvres, qui n’ont rien à voir a priori, peuvent peuvent paraître lisses à beaucoup, mais fera vibrer le cœur de ceux qui partagent cet amour inconditionnel du 7ème art.

Cependant, Hugo Cabret pourra séduire un public beaucoup plus large. Car il est aussi, et avant tout quelque part, un film d’aventures un peu enfantines. Un divertissement familial, idéal pour les fêtes de Noël, mais qui n’est en rien synonyme de médiocrité. Martin Scorcese est derrière la caméra et ça se sent, avec un sens de la narration et de la mise en scène qui portent la marque des plus grands. Mais il est vrai que ceux qui ne resteront insensibles à ce que j’évoquais plus haut pourront reprocher à ce film de manquer quelque peu d’ambition et d’être au mieux très sympathique. De l’humour, du rythme, des rebondissements, mais pas de grands sentiments, de thèmes profonds et de grand souffle épique.

hugocabretHugo Cabret nous offre également un beau casting. Ben Kingsley et Sacha Baron Cohen sont les têtes d’affiche. Ils nous offrent deux très belles prestations. De toute façon, quand on est de si bons acteurs et qu’on est dirigé par un tel maître du 7ème art, il est difficile d’être mauvais. Mais les vrais stars sont les deux enfants. Le jeune Asa Butterfield est très convaincant et je ne veux même pas imaginer l’effet que feront ses yeux bleus sur la gente féminine une fois qu’il aura atteint l’adolescence. Enfin, le meilleur pour la fin, la fantastique Chloe Moretz illumine une nouvelle fois l’écran, après l’avoir crever dans 300 Jours Ensemble et surtout Kick-Ass. Rarement une actrice de son âge n’aura autant impressionné avec une telle constance.

Hugo Cabret est donc un joli film dans la hôte du Père Noël. Un film qui peut être vu avec des regards très différents. De 7 à 177 ans, on sera séduit par ces aventures divertissantes. Et les amoureux du 7ème art se rappelleront pourquoi cette passion brûle en eux. Et cela ça n’a pas de prix, alors merci Monsieur Scorcese.

 
Fiche technique :
Production : GK Films, Infinitum Nihil, Paramount Pictures
Distribution : Metropolitan FilmExport
Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : John Logan, d’après le roman de Brian Selznick
Montage : Thelma Schoonmaker
Photo : Robert Richardson
Décors : Dante Ferretti
Musique : Howard Shore
Durée : 128 mn
 
Casting :
Asa Butterfield : Hugo Cabret
Ben Kingsley : Papa Georges, Georges Méliès
Chloë Grace Moretz : Isabelle
Sacha Baron Cohen : Le chef de gare
Ray Winstone : Oncle Claude
Jude Law : Le père d’Hugo
Emily Mortimer : Lisette
Helen McCrory : Maman Jeanne
Christopher Lee : Monsieur Labisse

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