17 FILLES : Bien traité, à défaut d’être convaincant

17fillesafficheLes films sur l’adolescence sont généralement de très mauvais films. Le plus souvent les personnages ne ressemblent strictement à rien, en tout cas pas à un jeune de la vraie vie vraie… même si l’ado de la vraie vie vraie ne ressemble effectivement généralement à rien, mais c’est un autre débat. A chaque nouvelle production de ce genre, on peut donc s’attendre au pire. 17 filles en est un nouvel exemple, mais se démarque par des protagonistes enfin réalistes… à défaut que l’ensemble soit réellement convaincant.

La jeune Camille, jeune lycéenne, tombe accidentellement enceinte. Elle est terrifiée, mais décide tout de même de garder le bébé. Mais pour finir de conjurer son angoisse, elle arrive à convaincre plusieurs de ses camarades de faire comme elle pour qu’elles élèvent leurs enfants toutes ensemble.

17 filles est inspiré de faits réels. La manière dont les sœurs Coulin ont insisté sur ce point que ce soit lors de la promotion et avec la mention au début du film montre bien qu’elles n’ont qu’une peur : qu’on ne croit pas du tout à cette histoire. Le problème est que quand on regarde les choses de plus près, on s’aperçoit que la transposition entre la réalité et la fiction a pris quelques libertés. En effet, les faits en question se sont déroulés aux Etats-Unis, alors que le film se déroule à Lorient. On peut donc facilement imaginer que le contexte n’est pas tout à fait le même, avec un thème social sous-jacent, celui de la perte de dynamisme économique de la ville, qui s’applique à un contexte très franco-français.

Pris individuellement, tous les personnages d’adolescentes sont assez convaincants, réalistes et provoquent un certain attachement de la part du spectateur. Pour le coup, ça change vraiment des productions habituelles où ce genre de rôle provoque plutôt une aversion complète, comme par exemple pour Les Beaux Gosses, où les deux protagonistes principaux étaient absolument insupportables et antipathiques. Cette sympathie est vraiment ce qui sauve 17 Filles, qui fait que l’on s’intéresse malgré tout à ces jeunes filles et à leur choix quelque peu surprenant.

Malheureusement, ce n’est pas parce qu’on s’y intéresse, que l’on y croit vraiment. Déjà, il y a quelque chose d’extrêmement choquant, c’est l’absence total de personnage masculin. Certes, le propos est centré sur les jeunes filles, mais les deux sœurs Coulin auraient pu s’intéresser au moins un minimum à la réaction des garçons. Surtout que l’on évoque largement la réaction des professeurs et des parents. Ces adolescents savent quand même avec qui ils ont couché et ne doivent quand même être totalement indifférents à voir leurs conquêtes porter leur bébé. Cela appauvrit terriblement le propos et lui faire perdre une large part de sa crédibilité.

17fillesOn appréciera tout de même la sensibilité avec laquelle les sœurs Coulin ont traité le propos dans 17 filles. Elle s’attachent vraiment à nous faire ressentir toutes les émotions typiques de l’adolescence. En cela, le film est une vraie réussite. Le contexte est certes exceptionnel, mais au fond, on ne nous fait partager que des sentiments que beaucoup de nous ont ressenti à un moment ou à un autre entre 13 et 18 ans. L’ordinaire et l’extraordinaire se mêlent donc dans ce film qui, s’il laisse parfois perplexe, maintient l’intérêt du spectateur de bout en bout. On peut être, comme moi, absolument pas convaincu, mais sans pour autant s’être ennuyé.

Réunir un casting adolescent n’est pas toujours chose facile, car, à cet âge, on a souvent perdu la spontanéité qui fait des jeunes enfants souvent des acteurs naturels. Mais 17 filles nous offre une jolie brochette de jeunes actrices prometteuses. Louise Grinberg tient le rôle principal ce qu’elle assume parfaitement, peut-être grâce à son expérience accuse par sa prestation dans Entre les Murs. On saluera également la très jolie performance de Yara Pilartz qui fait de son personnage un des plus marquants du casting.

17 Filles propose donc une histoire quelque peu inattendue et bien traitée, mais à laquelle il est parfois difficile d’y croire. Comme quoi la réalité dépasse parfois la fiction.

Fiche technique :
Production : Archipel 35
Réalisation : Muriel Coulin, Delphine Coulin
Scénario : Muriel Coulin, Delphine Coulin
Montage : Julien Bourdeau
Photo : Jean-Louis Vialard
Décors : Benoît Pfauwadel
Distribution : Diaphana Films
Son : Olivier Mauvezin
Maquillage : Sylvie Aid-Denisot
Durée : 87 mn

Casting :
Noémie Lvovsky : L infirmière scolaire
Esther Garrel : Flavie
Roxane Duran : Florence
Juliette Darche : Julia
Louise Grinberg : Camille
Florence Thomassin : la mère de Camille

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