LA DELICATESSE : Le cul entre deux chaises

ladelicatesseafficheLa comédie romantique a longtemps été un genre totalement ignoré par le cinéma français. Pas assez profond, pas assez intellectuel très certainement. Puis les choses ont commencé à changer avec des films sympathiques comme L’Amour c’est Mieux à Deux ou la Chance de ma Vie et surtout un chef d’œuvre, l’Arnacoeur. La Délicatesse aurait pu être un nouvel bel exemple, mais en choisissant un ton plus sérieux, alors que le film n’a rien à dire, il gâche sérieusement le plaisir.

François et Nathalie ont tout pour être heureux. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont heureux. Mais la mort viendra frapper le jeune homme. Son épouse se plongera alors dans le travail et ne laissera plus d’homme entrer de près ou de loin dans sa vie pendant trois ans. Jusqu’au jour où, sans presque s’en rendre compte, elle embrasse un de ces collègues, alors que ce dernier n’a rien d’un apollon.

La Délicatesse commence sur un ton plutôt dramatique. Celui qui ignorerait tout du synopsis peut alors avoir des raisons de s’inquiéter, car ce n’est pas la mine de chien battu d’Audrey Tautou qui vous porte un film à elle toute seule. Puis enfin apparaît François Damiens. Et là tout s’éclaire. Son potentiel comique est immense et sa seule présence constitue une bonne raisons de se réjouir.

Commence alors une bonne heure de romance improbable, auquel, il faut bien l’admettre, on se prend à croire. On passe du rire à l’émotion, sans que ni l’un, ni l’autre n’atteigne jamais des sommets. La Délicatesse reste un peu le cul entre deux chaises, mais fonctionne quand même plutôt bien. On passe un bon moment et on rentre dans cette histoire. On est a pays des Bisounours, mais cela fait du bien et on a très envie de voir cet homme un peu pataud et pas très séduisant arriver à conquérir complètement cette femme qu’il trouverait inaccessible dans d’autres circonstances.

Et puis, soudainement, à une petite demi-heure de la fin, la Délicatesse arrête d’être drôle pour prendre un ton beaucoup plus sérieux, pour ne pas dire pédant. On a l’impression que les frères Foenkinos nous disent « bon assez rigoler, maintenant on va vous donner de la profondeur ». Sauf qu’expliquer que les mecs gentils et délicats, même s’ils ne sont pas très beaux, peuvent eux aussi séduire les plus belles femmes, ce n’est pas être profond, c’est nous livrer un cliché cinématographique des plus éculés. Du coup, le ton devient complètement inapproprié au propos et le film devient strictement sans intérêt.

ladelicatesseEn fait, la Délicatesse en ne choisissant pas pleinement le ton de la comédie met lui-même en lumière ses propres limites. François Damiens est largement sous-exploité et Audrey Tautou est incapable d’être au même niveau sur ce plan là. Au final, on assiste donc à un film bancal qui fait plus rire que sourire et qui ne convainc pas par ailleurs. On en ressort avec un léger sentiment de gâchis. Les frères Foekinos ont sûrement cherché à être fidèles à l’œuvre de David, mais ils ont du coup légèrement oublié d’en faire vraiment un film.

Le duo François Damiens – Audrey Tautou fonctionne donc très bien sur le plan des sentiments. Sur le potentiel comique, l’acteur belge écrase évidemment sa partenaire, même si on a vraiment le sentiment qu’il est sérieusement bridé par les choix de réalisations. Le reste du casting est sympathique, mais sans plus. Enfin, il y a Audrey Fleurot… Ah Audrey…

La Délicatesse nous prouve qu’en cette année faste pour lui, le cinéma français est encore capable de tomber dans ses pires travers en se prenant parfois beaucoup trop au sérieux.

 
Fiche technique :
Production : 2,4,7 Films, StudioCanal, France 2 cinéma
Distribution : StudioCanal
Réalisation : David Foenkinos, Stéphane Foenkinos
Scénario : David Foenkinos, d’après son propre roman
Montage : Virginie Bruant
Photo : Rémy Chevrin
Décors : Maamar Ech-Cheikh
Musique : Emilie Simon
Costumes : Emmanuelle Youchnovski
Durée : 108 mn

Fiche technique :
Audrey Tautou : Nathalie
François Damiens : Markus
Bruno Todeschini : Charles
Mélanie Bernier : Chloé
Joséphine de Meaux : Sophie
Pio Marmai : François
Ariane Acaride : la mère de Nathalie
Christophe Malavoy : le père de Nathalie
Monique Chaumette : la grand-mère de Nathalie

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