VOCABULAIRE ET DISCOURS VAINS

lesfrancaisLa polémique entre Marine Le Pen et François Bayrou sur l’utilisation par ce dernier d’éléments de langage que la première considère lui appartenir est des plus risibles. Le faute du Béarnais ? Avoir parlé du peuple. Or le peuple semble être une expression déposée par le FN, si on en croit la leader frontiste. On attend la réaction imminente de Jean-Luc Mélanchon…

Par contre, il y a quelque chose qui n’apparaît jamais dans ce genre de débat stérile. Quelle est la définition du peuple ? Je me pose d’autant la question qu’en tant que cadre, élu local, je ne suis pas sûr de répondre aux critères. Mais d’un autre côté, je paye un loyer exorbitant et je ne suis qu’un simple salarié… On sent bien dans les discours que ce terme s’utilise par opposition à un autre groupe d’individus, appelés élites, privilégiés ou plein d’autres termes tout aussi floues. Il est d’ailleurs amusant de voir les différences avec l’utilisation du terme « les Français » qui pourrait à première vue être synonyme. Mais ce dernier est employé dans une volonté de rassemblement, d’englobement de l’ensemble de la population, non de division… Enfin sauf dans certains discours aux relents douteux dont il n’est pas question ici.

De manière plus générale, je suis toujours atterré par tous les discours qui emploient ce genre de termes : les Français, les jeunes, les actifs, les seniors, les hommes, les femmes, les agriculteurs, les chômeurs, les patrons, les ouvriers, les pauvres, les riches,… Autant de termes censés désigner une catégorie bien précise de la population mais qui recouvrent en fait des réalités très diverses. Qui y’a-t-il de commun entre un viticulteur du Bordelais et un éleveur des Vosges ? entre un patron de PME et le PDG d’une multinationale ? entre l’enfant de deux ingénieurs pour qui il est naturel de marcher sur le même chemin et un enfant dont les parents parlent à peine le français ?

Bâtir un discours sur de tels termes est le signe d’une vacuité intellectuelle désespérante. Le règne du lieu commun, le triomphe de la médiocrité. Mais si seulement tout cela restait confiné aux discours… Des politiques entières sont basées sur ce genre de simplification et du coup ne peuvent qu’être largement inefficaces. Après, il ne peut évidemment pas y avoir autant de lois qu’il y a de cas particuliers. Mais il y’en aura de toute façon toujours beaucoup moins que de discours creux…

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