FRONTIERE OBJECTIVEMENT SUBJECTIVE… OU L’INVERSE ?

frontieresParmi les nouvelles anecdotiques mais qui se font une place dans les journaux, il y a eu aujourd’hui l’histoire de ce maire renvoyé en correctionnelle après avoir giflé un adolescent qui l’avait insulté. On a beaucoup débattu, beaucoup discuté pour savoir si, vraiment, la justice avait besoin de se mêler de cette histoire finalement assez anodine. Après tout une bonne paire de claques n’a jamais tué personne, surtout pas les petits cons. Cette histoire m’a pourtant amené à une réflexion plus large.

Une loi est une loi. Un coup est un coup. Or, donner des coups est puni par la loi. Je crois que personne ne voudrait que ce principe assez simple soit remis en cause. Simplement, nous sommes dans le cas d’un « oui, mais… » ou ce qui suit le mais est tellement long qu’il s’apparente à un nom à un non. Simplement, on n’écrit pas les lois de cette façon. Elles doivent tracer des lignes blanches dont le franchissement constitue une infraction. Après qu’on la franchisse un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie, cela ne remet pas en cause la réalité de l’infraction.

En fait, cela pose le problème des frontières. Non, je ne veux pas parler d’immigration. Simplement de toutes les situations où l’on doit fixer une limite, une barrière, un seuil, un maximum, un minimum, appelons ça comme l’on veut. Et dans tous les cas, se pose la question du statut des éléments qui se situent juste à proximité, mais du mauvais côté, de cette ligne imaginaire.

Prenons deux exemples. Personnellement, je travaille sur des problèmes d’aménagement du territoire ou de développement territorial. Si les territoires administratifs ont des frontières bien définies, les « territoires de projet » n’en ont pas de facto, il faut les définir. Je travaille notamment sur un programme qui pousse à recycler localement les déchets. Il a fallu faire un bilan chiffré des entrées et des sorties du territoire que l’on avait défini, le but étant, à terme, de diminuer leur importance. Cela peut paraître un critère simple et objectif pour juger les priorités. Cependant, si on y réfléchit, il n’est peut-être pas plus urgent de traiter le problème relatif à 500 tonnes d’un déchet qui part à 10km de la frontière arbitraire que l’on s’est fixé que 50 t qui partent à l’autre bout du monde. Une solution simple pourrait être de reculer la frontière que l’on s’est fixé de 10km… sauf que l’on retrouvera exactement les mêmes problèmes à la nouvelle frontière. De proche en proche, on finirait par englober le monde entier et on perdrait totalement la notion du local qui présidait le projet de départ.

L’autre exemple concerne tous les automobilistes qui en recevant leur PV se plaignent de payer une amende, alors qu’ils n’ont dépassé la vitesse autorisée que d’un seul kilomètre/heure. Cependant, si on considère, par exemple, que, pour une limitation à 50km/h, on ne sanctionne pas jusqu’à 55km/h (on ne tient pas compte ici des tolérances dues à l’imprécision des mesures), la vitesse maximum autorisée devient de fait 55km/h, et non plus 50 km/h. Et donc, l’automobiliste sanctionné à 56km/h se plaindra à son tour et tout recommencera.

Les frontières imposées par toute règle objective constituent-elles donc une difficulté insurmontable ? Non bien sûr. Pour y arriver, il faut tout simplement un peu de bon sens, de souplesse, de jugement et de discernement. Autant de notions qui semblent extrêmement positives. Sauf qu’elles impliquent forcément une forme d’arbitraire… Bref pour que l’objectivité fonctionne totalement, il faut un peu de subjectivité…

Joli paradoxe…

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