LES DERNIERES CARTES

nicolassarkozy2La mascarade va bientôt cesser. Nicolas Sarkozy n’attendra pas début mars, comme initialement prévu, mais devrait se déclarer candidat dès la semaine prochaine. A la fois, s’il y a une seule personne qui a encore un doute sur sa candidature, soit c’est un génie visionnaire, soit il devrait consulter. Bref, son premier tract de campagne vient de sortir. Il s’appelle Figaro Magazine.

Depuis plusieurs mois, le Président et son équipe ont tout essayé pour remonter dans l’opinion, mais rien n’y fait. François Hollande continue d’être donné gagnant à 60% et si rien ne change dans les trois semaines qui viennent, ce score risque fort d’être définitif. Il faut donc réagir, même si les vacances qui commencent ne vont pas lui faciliter la tâche. En effet, quand on regarde le calendrier de près, le temps est de plus en plus compté. Cette accélération du planning est donc tout à fait compréhensible.

Mais ce temps limité fait aussi que le candidat Sarkozy n’aura pas beaucoup de cartes à jouer. Il ne faudra donc pas se tromper et frapper juste et rapidement. Cependant, un discours très polarisé constitue une vraie prise de risque. C’est tout ou rien. Certes, le flou n’est pas une tactique très efficace, mais tomber à côté signifie perdre toute chance au moment du sprint final.

L’interview dans le Figaro donne le ton. Faute de pouvoir convaincre par des propositions concrètes, sa dernière intervention télévisée le prouve, il va donc tenter d’amener la campagne sur le terrain des « valeurs ». Travail, famille,… bon on n’ose plus dire patrie, mais le discours ressemble un peu à ça. Il se rapproche surtout d’une frange de la droite qui ne tire pas vraiment vers le centre, c’est le moins que l’on puisse dire. Conjuguée à la dernière sortie de Claude Guéant, on voit bien comment l’UMP essaye de se concentrer sur des thèmes qui vont plaire à son électorat et sur lesquels la gauche ne pourra les suivre (et c’est tant mieux!).

Cependant, le problème pour Nicolas Sarkozy est qu’on ne gagne pas une élection présidentielle avec son seul électorat. Il l’a parfaitement compris en 2007 et c’est d’ailleurs une des raisons de sa victoire, quand son adversaire dépensait une énergie folle à convaincre son propre camp. Plus pragmatiquement, l’UMP semble tout miser sur le premier tour. Faire le score le plus proche possible de celui de François Hollande, voire même le dépasser, en mobilisant au maximum son électorat, semble constituer sa seule chance. Il compte en effet sur l’avantage de celui qui est en tête et qui a tendance à attirer les voix des vrais indécis. Cependant, si l’écart au premier tour est moins abyssal dans les sondages, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. A moins que Marine le Pen ne puisse se présenter… On peut vraiment soupçonner l’UMP de vraiment chercher cette fois-ci que le FN soit absent, malgré tous les beaux discours sur la démocratie.

Cette tactique est extrêmement risquée car elle pourrait figer définitivement la campagne dans un affrontement entre deux visions radicalement opposées. Or, le rapport de force actuel n’est absolument pas en faveur de Nicolas Sarkozy. La proposition d’organiser des référendums, au-delà de leur caractère ridicule et irréalisable (les sujets évoqués ne peuvent pas être raisonnablement tranchés par un simple oui ou non), montre bien comment il cherche avant tout à convaincre ses propres électeurs. Qui a envie d’un référendum sur l’indemnisation des chômeurs à part ceux qui veulent la restreindre ?

On est donc face à un candidat qui ne peut plus que miser sur un coup de poker. Mais vu le jeu qu’il a en main, il ne pourra compter que sur le bluff pour l’emporter. Un tactique qui permet peut-être de remporter quelques parties. Mais un titre prestigieux, c’est moins sûr…

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