TUCKER ET DALE FIGHTENT LE MAL : Quand George Feydeau rencontre Sam Raimi

tuckeretdalefightentlemalafficheMélanger des genres peut donner des résultats assez inattendus. Parfois pour le pire, mais souvent pour le meilleur. Rien que par son titre, on sent bien que Tucker et Dale Fightent le Mal est une parodie de « slash movie ». C’est un genre qui a le vent en poupe depuis Scream et il est vrai que l’on supporte de moins en moins quand ce genre de film se prend trop au sérieux. Mais ce nouveau mélange d’horreur-comédie brille par une originalité particulière.

Une groupe de jeunes étudiants partent camper au fin fond de l’Amérique profonde, peuplée, on le sait depuis Délivrance, de dégénérés, ayant tendance à se muer en tueurs en série. C’est exactement ce qu’ils pensent de Tucker et Dale, qu’ils croisent à une station service. Or, ces derniers ne sont en fait que deux braves types, tout heureux d’avoir enfin pu acheter une petite maison au bord d’un lac pour pouvoir y passer leurs vacances à pêcher et boire des bières. Mais quand ils sauvent une des étudiantes de la noyade et la mettent au chaud, ses camarades sont persuadés qu’ils vont la tuer, ou même bien pire, et se décident à la sauver.

Tucker et Dale Fightent le Mal est tout simplement un vaudeville. Bon, il n’y a pas d’amant dans le placard, mais on retrouve exactement la même mécanique comique, à base de quiproquos et de mauvaises interprétations dues à de mauvais timings. Un ressort classique au théâtre, un rien ringardisé au cinéma, mais qui retrouve ici une seconde jeunesse. Cela ne ressemble surtout à rien de connu et renouvelle vraiment un genre qui se basait jusqu’à présent toujours un peu sur les mêmes idées.

La première qualité de Tucker et Dale Fightent le Mal est donc d’être très drôle. Un humour très premier degré certes, mais terriblement efficace. Cela ne tombe surtout jamais dans le vulgaire ou l’utra-lourdingue, alors que ce n’était pas gagné au départ. Certes, on retrouve les clichés du genre, comme les étudiantes aux formes généreuses assez peu habillées, mais sans qu’il n’y est pour autant de blagues en dessous de la ceinture. Pas de pipi-caca non plus. Bref, le plus grand mérite de Eli Craig est d’avoir constamment renoncé à la facilité, de s’être tenu à sa très bonne idée de départ, sans perdre son sang froid et sans en faire trop. Il y a donc une vraie maîtrise qui fait de ce film un peu plus qu’une série B.

D’un autre côté, la plus grande limite de Tucker et Dale Fightent le Mal, c’est de n’être que drôle. C’est là la grande différence avec Scream qui fasait rire, mais qui faisait aussi peur. Rien de cela ici. Le film commence comme un film d’horreur classique, mais une fois que l’on a compris que la mécanique était tout autre, il n’essaye plus de reprendre les codes du genre, à part les morts qui s’accumulent et l’hémoglobine qui coule. Ces derniers sont au service de l’humour, pas pour effrayer les âmes sensible. Le scénario se concentre uniquement sur l’idée de départ et l’exploite jusqu’au bout. C’est peut-être tant mieux, mais cela condamne ce film à rester dans le sympathique, sans entrer dans le génial.

tuckeretdalefightentlemalTucker et Dale Fightent le Mal fonctionne à la perfection aussi grâce aux petits à côté. Mine de rien, ce film apporte une petite dose de réflexion sur les préjugés et la confiance en soi. Pas de la philosophie hyper profonde, mais le tout est traité avec assez d’intelligence pour apporter un vrai plus et surtout nous permettre de nous attacher terriblement aux personnages. Cela confirme vraiment la qualité d’écriture d’un scénario dont le titre ne nous le laissait pas présager.

Tucker et Dale Fightent le Mal nous livre un quatuor d’acteurs plutôt sympathiques. Le seul qu’on a déjà eu l’occasion d’apercevoir est Alan Tudyk, dans l’excellent Chevalier notamment. Mais lui, comme ses compagnons ont pour l’instant plutôt joué dans des troisièmes rôles et le plus souvent dans des séries. Mais on peut remercier comme il se doit Tyler Labine, Katrina Bowden et Jesse Moss pour le très bon moment qu’ils nous font passer en leur compagnie.

Tucker et Dale Fightent le Mal est donc un film plutôt surprenant, remarquablement bien écrit pour une comédie premier degré, mais qui fait vraiment rire.

Fiche technique :
Réalisation : Eli Craig
Scénario : Morgan Jurgenson et Eli Craig
Décors : Sean Blackie, Amber Humphries et Thomas Walker
Costumes : Mary Hyde-Kerr
Pays d’origine : Canada
Genre : Horreur, comédie
Durée : 88 minutes
Dates de sortie française : 1er fevrier 2012 (en salles)
Producteur : Thomas Augsberger
Musique : Natasha Duprey et Andrew Kaiser

Casting :
Tyler Labine : Dale
Alan Tudyk : Tucker
Katrina Bowden : Allison (Ally)
Jesse Moss : Chad
Philip Granger : Sheriff
Brandon Jay McLaren : Jason
Christie Laing : Naomi
Chelan Simmons : Chloe
Travis Nelson : Chuck
Alex Arsenault : Todd
Adam Beauchesne : Mitch
Joseph Allan Sutherland : Mike
Karen Reigh : Cheryl
Tye Evans : Le père de Chad

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