EL CHINO : Humour argentin sauce aigre-douce

elchinoafficheDepuis le triomphe mondial de Dans Ses Yeux, récompensé par un Oscar du meilleur film étranger, le cinéma argentin à droit de cité sur nos écrans. Après les Acacias, une très jolie histoire d’amour, voici El Chino, deuxième film venu de Bueno Aires sorti en 2012 en France. On y retrouve la grande star nationale, Ricardo Darin, qui prouve ici sa polyvalence puisqu’il quitte le monde du polar pour la pure comédie.

Roberto est un vieux garçon, à la vie réglée comme du papier à musique, à la fois quincailler et misanthrope. Bref, l’archétype du grognon au grand cœur, même s’il n’admettra jamais cette dernière qualité. Il la met pourtant en œuvre, le jour où il croise Jun, un Chinois ne parlant pas un mot d’Espagnol, perdu et qui recherche son oncle. Mais en attendant que l’ambassade fasse le nécessaire pour retrouver ce dernier, il se retrouve obligé d’héberger ce compagnon avec lequel il n’est guère possible de communiquer.

El Chino est une comédie drôle. J’aurais presque envie d’arrêter ma critique ici, tant cette qualité est suffisante pour un film de ce type. L’humour est ici purement situationnel et repose sur le ressort archi-classique du solitaire qui voit ses habitudes bousculées par un tiers avec lequel il est obligé de cohabiter. Un principe déjà mille fois mis en œuvre. Mais quand cela fonctionne, et c’est le cas ici, on continue d’en rire volontiers de bon cœur.

Si El Chino se démarque par une certaine originalité, c’est grâce à ces personnages. Non qu’ils soient vraiment révolutionnaires, mais ont assez de personnalité pour être marquants. Celui de Roberto est à la fois un archétype et quelqu’un auquel on s’attache immédiatement. Jun est lui plus inattendu, mais il joue quand même essentiellement un rôle de faire-valoir, ou du moins d’élément perturbateur. Vous rajoutez au milieu une femme essayant désespérément d’attirer l’attention de ce vieux garçon et vous obtenez un cocktail qui fonctionne vraiment bien.

El Chino est un film qui exploite pleinement une bonne idée de départ, sans chercher à se dissiper. Cependant, du coup, le scénario tourne quand même un tout petit peu en rond. Il n’y a guère de surprises entre le début et le dénouement. Certes, il y a des péripéties, mais rien qui ne remette en cause le concept initial. C’est sans doute là la plus grande limite de ce film, mais que cela ne soit réellement problématique.

elchinoComme tous les films basé sur un solitaire obligé de renoncer à sa solitude, El Chino véhicule un message humaniste. Vous vous doutez bien que tout cela ne se termine pas sans que le personnage central ne soit quelque peu sorti de sa misanthropie. Il est délivré avec beaucoup d’intelligence et n’alourdit en rien le film. Il fait même partie intégrale du charme que dégage cette production argentine. Là encore, certains éléments sont plutôt inattendus, à défaut d’être totalement inoubliables.

El Chino repose beaucoup, pour ne pas dire essentiellement, sur le formidable charisme de Ricardo Darin. Il est clair que sans lui, le cinéma argentin serait toujours dans un total anonymat cinéphile. Il nous livre là une nouvelle très grande performance. Il s’amuse visiblement à interpréter ce personnage qui tient plus de l’ours que de l’humain. Et cet enthousiasme est tout à fait communicatif. A ses côtés, Muriel Santa Ana et Ignacio Huang se montrent à la hauteur, contribuant eux-aussi incontestablement au charme de ce film.

Au-delà d’un certain dépaysement, El Chino est une très bonne comédie, sans prétention, mais avec quelques qualités rares, insufflées par son merveilleux interprète principal.

Fiche technique :
Production : Pampa films, Tornasol Films, Telefe
Distribution : Eurozoom
Réalisation : Sebastián Borensztein
Scénario : Sebastián Borensztein
Montage : Pablo Barbieri Carrera
Photo : Rodrigo Pulpeiro
Son : Eduardo Esquide
Musique : Lucio Godoy
Directeur artistique : Valéria Ambrosio, Laura Musso
Durée : 100 mn

Casting :
Ricardo Darin : Roberto
Muriel Santa Ana : Mari
Ignacio Huang : Jun
Enric Cambray : Roberto jeune
Ivan Romanelli : Leonel

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