BLESSURES ETERNELLES

houllierginolaIl y a des blessures qui ne se referment jamais tout à fait. La plupart sont causées par des femmes, créatures cruelles par nature… Et d’autres par des hommes… enfin un homme… bulgare… et dénommé Emil Kostadinov. Le 13 novembre 1993, il a plongé toute une nation dans le désarroi, provoquant une déception bien sûr désormais lointaine, mais qui fut si brutale que personne ne l’a oubliée.

L’objet de ce billet n’est pas de tomber dans une nostalgie masochiste. Si ce match est revenu dans l’actualité 19 ans plus tard, c’est à cause du procès qui va s’ouvrir entre David Ginola et Gérard Houllier. Le premier reproche au second de l’avoir traité de salaud, ce qui constitue en fait la dernière d’une longue série d’invectives de l’ancien sélectionneur envers l’ancienne star du PSG. Que tout cela se finisse en justice démontre bien que ce match n’a pas été qu’une simple défaite pour beaucoup des acteurs, mais une honte nationale difficile à assumer.

Pourtant, les deux hommes ont beaucoup de choses à se reprocher. Pourtant, ni l’un, ni l’autre ne reconnaît ses torts. Ils assument une part de responsabilité, mais tombent tous deux à côté de ce qui constitue leur vraie faute. Déjà, l’obsession de Gérard Houllier envers David Ginola et son fameux coup-franc est le signe d’une nécessité inconsciente de décharger son écrasante culpabilité sur quelqu’un. Il était sélectionneur, c’était lui le patron, celui qui choisissait les joueurs et la tactique. Bref, cet échec a été avant tout le sien. Mais décevoir tout un pays n’est pas une responsabilité facile à assumer. Surtout que, 15 ans plus tard, il a prouvé, en niant son immense responsabilité dans le maintien de Domenech à la tête de l’Equipe de France après l’Euro 2008, qu’assumer n’était pas son fort.

De son côté, David Ginola est surtout connu pour avoir tiré ce fameux coup-franc qui a fait perdre la balle et permis le contre bulgare meurtrier. Mais ce fait de jeu a eu lieu à plus de 100m du tir de Kostadinov, qui se situe en diagonale à l’exacte opposée sur le terrain. Le lien entre les deux est donc ténu et ne mérite pas d’être entré ainsi dans la légende. Par contre, ses déclarations à la une de l’Equipe quelques jours plus tôt étaient impardonnables. Gérard Houllier dit regretter de ne pas l’avoir exclu à ce moment-là. Voici un des rares moments de lucidité de la part de l’ancien sélectionneur. En se comportant ainsi, David Ginola avait justifié la haine que lui a toujours voué une partie du public français. Trop beau gosse, trop parisien sans doute. Mais pour le coup, il a eu tout simplement un comportement indigne d’un joueur international. Et les incroyables tensions qui existaient alors au sein des Bleus entre Marseillais et Parisiens ne peut l’excuser.

Si ces deux-là avaient assumé la totalité de leurs responsabilités dès le début, ils ne se retrouveraient pas aujourd’hui devant un tribunal. Procès qui frôle le ridicule et paraît bien futile. Mais si objectivement tout cela n’a guère d’importance, le poids médiatique de ces évènements leur donne une ampleur qui pèse sur une existence.

Mais bon, delà à les plaindre…

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