LES INFIDELES : L’inégalité des sketches

lesinfidelesafficheLes Infidèles est un film dont on a beaucoup parlé. Il a fait le buzz comme l’on dit. Entre les affiches censurées et l’Oscar de Jean Dujardin (un petit cocorico au passage), il est vrai qu’il a eu le droit d’occuper l’actualité, même en dehors des pages cinéma de vos magazines et journaux préférés. Mais était-ce vraiment relatif à la valeur artistique de ce film à sketches, forcément victime des limites du genre ? Soyons clair, la réponse est plutôt non.

L’infidélité chez les hommes s’apparente quelques fois (souvent ?) à une maladie chronique et incurable. Elles les poussent à recourir au mensonge, à la ruse et à des stratagèmes divers et variés. Qu’ils tombent amoureux d’une lolita, qu’ils changent de partenaire tous les soirs, qu’ils essayent de draguer leurs collègues de travail, qu’ils le gardent comme un lourd secret, les hommes ne reculent parfois devant rien pour arriver à leur fin.

Par son principe même, le film à sketchs tend à être inégal. Confier un même thème à plusieurs réalisateurs conduit forcément à un résultat hétérogène. C’est bien sûr là que réside tout l’intérêt et l’originalité du genre, mais, forcément, il y en a toujours des cinéastes plus inspirés que d’autres. Les Infidèles n’échappe donc pas à la règle. Pourtant, le programme était alléchant. Un thème universel, intemporel et surtout inépuisable et surtout du beau monde derrière la caméra. Tout d’abord, Michel « j’ai un Oscar » Hazanavicius, mais aussi Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Eric Lartigau, Alexandre Courtès et même Jean Dujardin et Gilles Lelouche themselves !

Le problème avec Les Infidèles, c’est que les passages moins réussis sont carrément sans intérêt. Et les moments beaucoup plus sympathiques le sont sans pour autant vous plonger dans un enthousiasme démentiel. La plus grosse déception vient du sketch de Michel Hazanavicius qui va vite se rendre compte que, désormais, on en attendra toujours beaucoup. Eric Lartigau nous propose également une revisite du mythe de la lolita qui laisse passablement de marbre.

Heureusement, deux réalisateurs ont tout de même parfaitement accompli leur mission. Tout d’abord, Alexandre Courtes, le moins expérimenté de la bande, mais qui nous arrache les plus gros éclats de rire. Ensuite, Emmanuelle Bercot qui nous livre le passage le plus intelligent, le plus subtil, le plus sensible… et le seul à être réalisé par une femme… Peut-être y a-t-il un lien de cause à effet… S’ils sont le plus réussis, c’est avant tout parce que ce sont les deux sketchs dont le ton est clairement choisi et exploité à fond. Le reste est beaucoup plus hésitant entre rire et réflexion et ne réussit totalement ni l’un, ni l’autre.

lesinfidelesAu final, Les Infidèles est donc plutôt frustrant. On ne s’y ennuie pas, puisqu’au moins sa forme l’empêche de s’enferme dans d’interminables longueurs. Le thème aurait vraiment pu donner un contenu plus riche et surtout plus inattendu. On pourra peut-être regretter la suppression du sketch réalisé par Jan Kounen, qui, paraît-il, était trop fantaisiste par rapport aux autres. Enfin, ce n’est pas non plus comme si Jan Kounen avait du talent… (désolé, je ne lui pardonnerai jamais ce qu’il a osé faire du mythe de Blueberry! – Jean paix à ton âme !)

Tout comme les sketchs, Jean Dujardin et Gilles Lelouche nous livrent des prestations de niveau varié. Ils n’arrivent pas à vraiment tirer vers le haut les passages le plus faibles. En fait, les deux moments où les Infidèles atteint quelques hauteurs, c’est avant tout grâce à ses seconds rôles. La vraie révélation de ce film est Alexandra Lamy, que l’on connaît déjà bien, mais pas à ce niveau-là de justesse et de subtilité. On prend également à voir Guillaume Canet s’amuser comme un petit fou dans son personnage et surtout Sandrine Kiberlain se lâche quelque peu… ce qui ne fait pas pourtant partie de ses habitudes. 

Les Infidèles est donc nettement moins marquant que le buzz qui l’a accompagne. Restent quelques passages très réussis, malheureusement noyés dans un ensemble beaucoup plus anodin.

Fiche technique :
Production : JD Prod, Black Dynamite Films
Distribution : Mars distribution
Réalisation : Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Michel Hazanavicius, Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Eric Lartigau, Alexandre Courtès
Scénario : Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Nicolas Bedos, Stéphane Joly, Philippe Carerivière
Montage : Anny Danché
Photo : Guillaume Schiffman
Décors : Maamar Ech-Cheikh
Musique : Evgueni Galperine
Costumes : Carine Sarfati
Durée : 109 mn

Casting :
Jean Dujardin : Fred, Olivier, François, Laurent, James
Gilles Lellouche : Greg, Nicolas, Bernard, Antoine, Eric
Alexandra Lamy : Lisa
Géraldine Nakache : Stéphanie
Guillaume Canet : Thibault
Sandrine Kiberlain : Marie-Christine
Manu Payet : Simon
Isabelle Nanty : Christine
Mathilda May : Ariane

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