HASTA LA VISTA : Vive la Belgique, deux fois !

hastalavistaafficheBon, l’autre jour, à l’occasion de ma critique de Bullhead, lorsque j’ai parlé du cinéma belge très peu présent sur nos écrans, il est vrai que j’avais oublié les frères Dardenne. Bon c’est peut-être parce que je ne suis pas dépressif, ni suicidaire. Enfin, j’aurais donc du parler du cinéma flamand. Où s’était-il donc caché depuis tout ce temps, lui qui vient d’envoyer un film aux Oscars (Bullhead justement) et qui nous offre un nouveau pur chef d’œuvre intitulé Hasta la Vista ?

Philip, Lars et Jozef sont trois jeunes gens qui regardent les filles avec envie et désir. Le problème est qu’ils ont peu de chance de les séduire. L’un est tétraplégique, l’autre hémiplégique et le dernier mal voyant. Mais ils aiment la vie, le bon vin et n’ont aucunement l’intention de finir puceaux. Ils décident alors de partir en voyage jusqu’au sud de l’Espagne où se trouve un bordel spécialisé dans l’accueil des handicapés.

Des handicapés, beaucoup de bonne humeur et d’humour, mais c’est Intouchables ! Evidemment, la comparaison est inévitable. Pourtant, elle n’est guère pertinente, alors évacuons là tout de suite. Certes, une partie du sujet est similaire. Mais sur bien des aspects, ces deux œuvres n’ont rien à voir. Hasta la Vista n’est pas une pure comédie, même si on rit beaucoup. C’est un roadmovie, où l’humour est au service de l’histoire et non l’inverse. Le regard porté est lui aussi différent, puisque ce film est plus sur la vision qu’on les handicapés d’eux-mêmes que sur le regard que le reste de la société a sur eux.

Bon, concentrons-nous donc sur Hasta la Vista. Si on n’éclate pas de rire du début à la fin, on traverse le film avec un sourire jusqu’aux oreilles. Bon, il y a des passages plus tristes, plus difficiles, car la réalité n’est forcément pas toute rose. Je ne peux pas vous promettre que vous ne fondrez pas en larme à un moment ou à un autre. Mais le rire n’est ici jamais loin des larmes et il se dégage de ce film une énergie et un optimisme qui vous donnent un incroyable pêche. Le film n’est jamais moralisateur et évite tout apitoiement. Certains passages pourraient s’intituler « les handicapés sont des pauvres types comme les autres » et c’est particulièrement salutaire.

On peut peut-être reprocher à Hasta la Vista un excès de bons sentiments. Ou du moins une certaine simplicité dans le message. C’est vrai qu’il n’y a que peu d’ambiguïté dans les personnages. Mais une histoire simple n’en est pas forcément moins forte. Celle-ci fonctionne parfaitement, frappe droit au cœur, tout en nous faisant passer un très bon moment. Elle ne veut pas forcément faire réfléchir à tout prix, mais n’oublie pas aussi de divertir. On se laisse totalement emporter et on en ressort joyeux et bouleversé, heureux et ému.

hastalavistaHasta la Vista fonctionne si bien grâce à son trio de personnages. On devrait même dire son quatuor, en n’oubliant pas l’infirmière qui les accompagne pendant leur voyage. L’attachement est immédiat et ne va jamais se relâcher, même quand certains deviennent odieux. On n’a pas pitié d’eux. Au mieux on est admiratif. En fait, on les trouve juste sympathique avec leur humour, leur énergie et leur envie de connaître les mêmes joies. Ils aiment le vins et les jolies filles. Ca tombe bien, moi aussi !

Les quatre acteurs sont eux aussi formidables. J’en mettrai deux plus particulièrement en avant. Tout d’abord, Robrecht Vanden Thoren qui incarne le garçon tétraplégique et qui est le véritable instigateur du voyage. Au-delà, de la difficulté « technique » d’un tel rôle, il est vraiment l’âme du film, surtout que son personnage est aussi le plus complexe. Je saluerai également Isabelle De Herthogh qui joue l’infirmière. Un rôle plus « facile » mais qu’elle interprète avec une justesse formidable.

Hasta la Vista est donc un vrai coup de cœur cinématographique. Une petite merveille dont on ressort avec le plein d’émotions, après avoir passé un très bon moment de joie et d’humour.

Fiche technique :
Production : Fobic Films, K2
Distribution : Les Films 13
Réalisation : Geoffrey Enthoven
Scénario : Pierre De Clercq
Montage : Philippe Ravoet
Photo : Gerd Schelfhout
Décors : Kurt Rigolle
Son : Geert Vlegels
Durée : 113 mn

Casting :
Robrecht Vanden Thoren : Philip
Gilles De Schrijver : Lars
Tom Audenaert : Jozef
Isabelle De Hertogh : Claude
Kimke Desart : Yoni

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