POSSESSIONS : Ligne trop droite

possessionsafficheBeaucoup de films tirent leur intérêt du suspense quant au dénouement de l’intrigue. Mais comment cela va-t-il finir ? se demande alors le spectateur, qui, du coup, reste intéressé jusqu’au bout. Et puis, il y a ceux qu’on appelle… en fait, non ceux que j’appelle, puisque c’est une expression que je crois avoir plus ou moins inventé… les films de processus. On sait à peu près d’où on part, on sait immédiatement ou très vite où on va arriver. Tout l’intérêt réside dans la manière dont le chemin entre les deux se déroule. Possessions fait partie de cette catégorie puisqu’il est basé sur un fait divers connu. Malheureusement, le chemin est bien trop droit pour être vraiment intéressant.

 Marilyne et Bruno Caron s’apprêtent à changer de vie. Ils quittent le Nord et une vie très grise pour venir s’installer à la montagne. Mais surprise, quand ils arrivent sur place, leurs propriétaires, les Castang, vont leur annoncer que leur chalet n’est pas fini. C’est cependant presque une bonne nouvelle pour eux puisqu’ils sont installés dans un chalet plus grand. Cette solution s’avère vite temporaire et ils vont être obligés de changer de logement plusieurs fois, transformant le rêve en cauchemar. Et la sympathie en haine.

Si je devais résumer ce que je reproche à Possessions en une seule phrase, je dirais simplement que ce film n’a aucun intérêt. Tout simplement, parce qu’il nous présente un processus totalement linéaire. Pas de rebondissements, pas de surprises, juste une ligne droite entre un point A et un point B. Donc, on assiste exactement à ce à quoi on pouvait s’attendre. On a donc bien du mal à se passionner pour cette histoire, qui, de plus, mets face à face des personnages tout ce qu’il y a de plus antipathiques.

Mais ce qu’il m’a le plus gêné, c’est sans doute la caricature sociale. Possessions repose sur le contraste entre un couple en bas et l’autre en haut de l’échelle de la réussite, du pouvoir de l’achat et du patrimoine. Les uns sont plutôt élégants, les autres franchement beaufs et amoureux du tuning. Le portrait de ces derniers prête souvent à sourire tant il emprunte des lieux communs. Par exemple, quand il rentre chez lui, Bruno se met sur le canapé et il ouvre sa braguette… Bah oui, il est pauvre et n’a pas d’éducation, donc il déboutonne sa braguette. Logique… Bon, c’est un détail parmi tant d’autres, mais Eric Guirado use et abuse de ces facilités qui décrédibilisent son propos. Sûrement parce que, à l’image d’Etienne Chatillez dans la Vie est un Long Fleuve Tranquille, il décrit un milieu qui lui est étranger.

 

possessionsPossessions reste tout de même avant tout une réflexion sur la jalousie, la frustration sociale qui peut mener à la violence. Comment face à un ascenseur qui ne fonctionne pas, on est tenté de brûler tout l’immeuble… C’est beau ce que je dis… Sauf que trop d’imperfections viennent parasiter le fond du sujet. De plus, on est là face à une histoire très particulière, qui n’est pas vraiment symptomatique de quoique ce soit. On n’est pas là face à un film social, même si on y retrouve une forme de lutte des classes. Bref, tout concourt pour que ce film reste tout simplement purement anecdotique.

Le couple Jérémie Renier – Julie Depardieu n’a pas grand chose à se reprocher. Le premier n’est guère convaincant, mais c’est avant tout son personnage qui ne l’est pas. A l’impossible nul n’est tenu. Par contre, la seconde est presque surprenante dans un rôle plus dur que d’habitude. Elle sort un peu de ses habituels rôles de femme fragile et s’en sort vraiment bien. Un mot enfin sur Alexandra Lamy qui confirme, après Infidèles, qu’elle peut être utilisée à bon escient ailleurs que dans des comédies.

Possessions est un film dont on aurait pu saluer la forme, si le fond ne le rendait totalement inintéressant.

Fiche technique :
Production : Incognita Films
Distribution : UGC Distribution
Réalisation : Eric Guirado
Scénario : Isabelle Claris, Eric Guirado
Montage : Laure Gardette
Photo : Thierry Godefroy
Décors : Valérie Faynot
Son : Philippe Mouisset
Musique : Maidi Roth
Durée : 98 mn
 
Casting :
Jérémie Renier : Bruno Caron
Julien Depardieu : Maryline Caron
Lucien Jean-Baptiste : Patrick Castang
Alexandra Lamy : Gladys Castang
Benoît Giros : Christophe
Ludmila Ruoso : Sabrina

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