LES ADIEUX A LA REINE : La petite et la grande histoire

lesadieuxalareineafficheLes Adieux à la Reine est la deuxième grosse production française de cette année 2012, après les Infidèles qui a divisé, pour ne pas dire déçu. Cette fois-ci, la critique est unanime pour saluer la réussite de ce film historique qui mêle grand et petite histoire. Un film plus intelligent qu’ambitieux, mais qui brille par le fond et la forme.

Sidonie Laborde est la jeune lectrice de la Reine Marie-Antoinette, à laquelle elle est entièrement dévouée. Elle ne s’imagine pas ailleurs qu’à ses côtés, à la servir. Mais nous sommes le 14 juillet 1789 et le petit monde versaillais va bientôt être bouleversé par une tempête aussi violente qu’inattendue. Une tempête qui va changer le cours de histoire de France et le cours du destin de la jeune femme.

Soyons honnête, j’ai eu un peu de mal à entrer totalement dans les Adieux à la Reine. La première demi-heure donne l’impression d’un film en costume pas très dynamique, guère intéressant et surtout aux dialogues absolument pas crédibles. Puis, quand tout ce petit beau monde commence à être secouer par un tremblement de terre venu de la Bastille, le film prend véritablement son envol pour devenir un mélange passionnant entre des destins individuels et celui d’une nation tout entière.

Le premier grand intérêt de les Adieux à la Reine est de nous montrer l’envers du décor de la cour de Louis XVI. La vie des domestiques, mais aussi celles des courtisans et des nobles de seconde zone quasiment logés à la même enseigne. Et puis, les film nous raconte surtout comment toute cette belle mécanique s’est totalement enrayée pour finir dans une débâcle assez pathétique. Ou comment l’instinct de survie finit par prendre le pas sur les conventions sociales. Le film casse un peu un certain nombre d’images d’Epinal, nées dans nos livres d’histoire. Ou plutôt les enrichit en nous montrant ce qu’il se passait derrière les belles tapisseries.

Ensuite, les Adieux à la Reine est avant tout le récit d’un destin, celui d’une jeune femme, simple domestique, mais qui côtoie un monde qui lui semble devoir durer éternellement. Un monde qui lui est à la fois totalement étranger et complètement familier. Ce personnage, plutôt effacé au début du film, prend de l’épaisseur à mesure que se déroule l’intrigue. On apprend à l’aimer pour finalement épouser ses espoirs et ses craintes. Il y a un final une grande intelligence dans ce scénario qui arrive à nous surprendre jusqu’au bout, malgré un contexte historique que l’on pouvait penser déjà archi-connu.

lesadieuxalareineEnfin, les Adieux à la Reine reste un magnifique film en costumes. Evidemment, étant un familier du Château de Versailles, cela me fait particulièrement plaisir de le voir revivre le temps d’un film tel qu’il était quand il occupait encore la fonction pour laquelle il a été conçu. Je n’ai rien contre les touristes, mais disons que je doute que Louis XIV n’ait jamais imaginé qu’ils pourraient un jour envahir quotidiennement le symbole de son pouvoir absolu. Mais on l’a vu, heureusement, ce film ne s’arrête pas à la beauté des décors et des costumes. Il serait cependant injuste de ne pas souligner la qualité du travail réalisé. Les moyens ont été mis et jamais une seule seconde, le film n’apparaît kitch ou cheap (désolé pour les anglicismes).

Les Adieux à la Reine confirme la montée en puissance de Lea Seydoux qui tient là son rôle le plus marquant dans un film français. Tout comme son personnage, son jeu gagne en épaisseur à mesure que le film progresse. Le film repose en grande partie sur ses seules épaules et on ne peut par souligner la réussite qu’il représente sans lui en attribuer une large part. A ses côtés, Diane Kruger nous livre une très belle interprétation de Marie-Antoinette, même si elle confirme aussi les limites de ton talent. Quant à Virginie Ledoyen, son rôle quasi-muet permet de se rendre compte que sa seule présence à l’écran suffit pour faire parler son charisme.

Les Adieux à la Reine constitue donc le premier film français vraiment marquant de 2012. Cependant, la cuvée 2011 fut tellement exceptionnelle qu’on en deviendrait presque trop exigeant.

Fiche technique :
Production : Morena Films, Les films du lendemain, France 3 Cinéma, GMT Productions
Distribution : Ad Vitam
Réalisation : Benoît Jacquot
Scénario : Benoît Jacquot, Gilles Taurand
Montage : Luc Barnier
Photo : Romain Winding
Décors : Katia Wyszkop
Musique : Bruno Coulais
Durée : 100 mn

Casting :
Léa Seydoux : Sidonie Laborde
Diane Kruger : Marie-Antoinette
Virginie Ledoyen : Gabrielle de Polignac
Xavier Beauvois : Louis XVI
Noémie Lvovsky : Mme Campam
Julie-Marie Parmentier : Honorine
Lolita Chammah : Louison
Grégory Gadebois : Le comte de Provence
Michel Robin : Jacob Nicolas Moreau

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