CLOCLO : SI j’avais un Cloclo !

clocloafficheQue celui qui n’a pas ramener les bras le long de son corps en poussant un râle sur Alexandrie Alexandra se dénonce ? Personne ? Evidemment, tout le monde l’a fait au moins une fois dans sa vie. Voici, tout le paradoxe de Claude François. Un chanteur, considéré pour beaucoup comme la négation de l’art et l’avènement de la sous-culture, mais qui continue à traverser les époques, comme si sa musique était finalement indémodable par sa simplicité. Et puis, n’est-il pas l’auteur de la chanson la plus reprise de l’histoire de l’humanité ? Bref, sa vie, son œuvre valait bien un film. C’est chose faite avec l’excellent Cloclo.

Le jeune Claude François est obligé de quitter Suez lorsque l’Egypte décide de nationaliser le Canal. Ce départ va traumatiser sa famille et surtout briser son père, qui ne s’en remettra jamais. Ce dernier est un homme dur et fier, qui coupe les ponts avec son fils quand il décide de se lancer dans la musique. Début alors une des plus extraordinaires carrières de l’histoire du show-business.

Le premier point fort de Cloclo est d’avoir dépeint Claude François tel qu’il était… soit un sale con. Je sais, je suis peut-être un peu sévère, mais il n’aurait pas été un tel artiste, tous ses défauts le classeraient immédiatement dans la catégorie psychopathe infréquentable. Ce film n’est donc absolument pas une hagiographie. Et ceci, même si ses deux fils en sont les producteurs. Au moins, ces deux là ont su prendre du recul face à la légende paternelle.

Ceci dit, cette vision réaliste du personnage est paradoxalement la plus grande limite du film. Cloclo est long, peut-être un peu trop, car il est totalement linéaire. Bien sûr, on déroule les anecdotes qui ont marqué sa carrière, mais le personnage en tant que tel n’évolue. Sale con un jour, sale con toujours. C’est sans doute là que le film rate vraiment le coche pour être inoubliable. On reste au stade de la biographie factuelle. Cela ne signifie pas que le film soit totalement dénué d’émotion, mais Florent Emilio Siri a choisi de ne prendre aucun risque dans le propos, de ne proposer aucun point de vue subjectif.

Cependant, le film fonctionne tout de même très bien. Il ne s’agit pas d’une comédie musicale, mais la musique y joue naturellement un grand rôle. On retrouve évidemment la plupart des grands succès de Claude François, joué en partie ou quasiment intégralement. Evidemment, il vaut mieux apprécier à la base, mais ce n’est pas comme écouter Si J’Avais un Marteau sur son autoradio. Les chansons participent à l’histoire, elles sont remises dans leur contexte et prennent du coup un autre sens, pour ne pas dire une autre dimension. Donc, pas forcément besoin d’être fan pour apprécier.

clocloComme tous les biopics, Cloclo, c’est aussi l’occasion de traverser les époques, de revivre l’évolution des modes, des codes vestimentaires, des mœurs, des coiffures… Bon, Claude François est mort un an avant ma naissance, je ne vois pas ça avec nostalgie, mais on prend toujours du plaisir lors de ce genre de voyage dans le temps. Celui est d’autant plus agréable que le chanteur a fait partie de ces gens qui faisaient les modes. C’était d’ailleurs la plus grande force de cet artiste, savoir humer l’air du temps pour durer et toujours se réinventer.

Cloclo constitue le plus grand rôle de la carrière de Jérémie Rénier. Un rôle à César assurément. La plus grande qualité de cette interprétation est n’avoir pas cherché à pousser le mimétisme à l’extrême. Les deux hommes ont déjà un air de ressemblance à la base. Il était nettement suffisant. L’acteur a donc pu se concentrer sur son jeu au sens strict et l’expression des émotions. Il en ressort une performance vraiment convaincante et qui participe pleinement à la réussite de ce film.

Cloclo est donc un biopic réussi, malgré une certaine longueur. On y découvre aussi bien la face claire que la face sombre de Claude François. Et on ressort avec un air de magnolias dans la tête.

Fiche technique :
Production : LGM productions, StudioCanal, TF1 Films, Flèche productions, 24C Prod, Rockworld, JRW Entertainment, uFilm, Emilio Films
Distribution : StudioCanal
Réalisation : Florent Emilio Siri
Scénario : Julien Rappeneau
Montage : Olivier Gajan
Photo : Giovanni Fiore Coltellacci
Décors : Philippe Chiffre
Musique : Alexandre Desplat
Durée : 148 mn

Fiche technique :
Jérémie Renier : Claude François
Benoît Magimel : Paul Lederman
Monica Scattini : Chouffa François
Sabrina Seyvecou : Josette François
Ana Girardot : Isabelle Forêt
Joséphine Japy : France Gall
Marc Barbé : Aimé François
Maud Jurez : Janet Woolacot
Edouard Giard : Ticky Holgado

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